Monde SUÈDE : la prostitution et la traite des femmes en recul

La Suède persiste et signe, bien décidée à poursuivre son action pour faire reculer la prostitution et la traite des femmes.

Un rapport gouvernemental publié en juillet 2010 conclut au succès de la loi de 1999 qui pénalise les « clients » de la prostitution en interdisant tout achat de « service sexuel ». Cette disposition, intégrée à une loi globale de lutte contre les violences faites aux femmes, « Kvinnofrid » (« la paix des femmes »), et votée par un parlement composé à 43 % de femmes, avait à l’époque fait quelques vagues.

Voilà que le pays longtemps connu pour son libéralisme en matière de sexe et de pornographie renversait les schémas traditionnels en s’attaquant aux premiers responsables de la plus vieille exploitation du monde. Fini l’opprobre sur les personnes prostituées, universellement – et commodément – tenues pour coupables. La Suède avait l’audace de braquer les projecteurs sur l’acteur central (et furtif) du système prostitutionnel en le rendant passible d’amendes et même, en théorie, d’une peine de six mois de prison. Deux raisons majeures à cette volonté politique : lutter contre l’ensemble des violences faites aux femmes – et la prostitution est un haut lieu, trop souvent « oublié », de ces violences – et promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ; comment les femmes seraient-elles les égales des hommes si les seconds sont en droit de les considérer comme des objets de loisir et de consommation ?

Le rapport 2010 met donc l’accent sur deux points forts : la diminution de moitié de la prostitution de rue et le recul de la traite des femmes. Il relève un écart spectaculaire avec les pays voisins, Danemark et Norvège qui, en l’absence d’une telle loi, ont du faire face, ces dernières années, à une explosion de la prostitution et de la traite. Selon la police, la loi suédoise fait fonction de barrière contre les trafiquants et les proxénètes. Pour les autorités, elle aurait en outre un effet dissuasif sur les « clients ». Quant à la disparition de la prostitution dans la clandestinité, souvent avancée par les détracteurs de la loi, rien n’indique qu’elle soit plus forte qu’ailleurs à l’heure où Internet a partout transformé la donne prostitutionnelle.

Claudine Legardinier – Égalité

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