Société « Ouvrons les portes ! »

Ouvrons les portes ! est un collectif d’associations qui milite contre les difficultés d’accès à un logement public étudiant en raison du sexe et, plus particulièrement, sur le manque d’accès aux internats des classes préparatoires pour les filles. Leïla Périé, de l’association « Paris Montagne » et membre  du collectif, a répondu à nos questions.

Pourquoi avoir créé le collectif « ouvrons les portes » ? Quels sont vos objectifs ?

Notre collectif est composé de quatre associations : Paris-Montagne, Femmes et Sciences, Femmes et Mathématiques et Femmes ingénieurs . Notre association Paris-Montagne cherche à valoriser les sciences auprès des jeunes issus de milieux défavorisés.  Nous incitons  ces jeunes à s’engager dans des voix scientifiques. Grâce à cela, un certain nombre d’entre eux  s’orientent vers des classes préparatoires aux Grandes Ecoles. Or nous nous sommes rendu compte qu’une part importante de filles arrêtaient leur prépa en cours de route. Nous nous sommes donc demandées pourquoi et avons constaté que l’une des principales raisons était le problème du  logement.  Les filles n’avaient en effet que peu accès aux internats ; or, être dans un internat améliore les chances de réussite en prépa.

A la suite de ce constat de discrimination des filles par rapport aux garçons dans l’accès aux internats, nous nous sommes retrouvés au sein du collectif Ouvrons les portes !

Combien de lycées sont concernés par cette disparité ?

Il est assez difficile de disposer de chiffres, mais ce que l’on peut dire, c’est que les lycées parisiens sont les plus concernés. Quatorze lycées en France réservent leur internat aux garçons et notamment cinq des lycées parisiens les plus réputés, les lycées J. B.  Say, Chaptal, Jeanson de Sailly, Dorian et Stanislas. De plus, les lycées mixtes ont en règle générale un nombre de places d’internat pour les filles bien inférieur à celui des garçons. Il n’existe à contrario que cinq lycées dans toute la France où les places d’internat sont réservées aux filles. Le lycée Henri IV vient juste de mettre en place un internat filles pour la rentrée de septembre 2010 ; néanmoins,  on est encore loin de la parité avec  vingt et une filles internes sur cent trente-cinq places.

Comment expliquez-vous qu’en 2010 une telle disparité existe encore ?

Il y a d’abord une raison historique : les classes préparatoires ont été pendant longtemps réservées aux garçons. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mais nous avons pu constater que les chefs d’établissement ne font pas d’efforts pour sortir de cette situation et instrumentalisent la question des filles afin d’avoir des budgets supérieurs. Ils prétextent que la vétusté de leurs locaux ne conviendraient pas à des filles et, lorsqu’on leur propose de rendre leur internat mixte, avancent des arguments conservateurs sur la non-mixité.

De plus, cette discrimination a clairement été intériorisée par les filles, qui ne remettent pas en question cette injustice. Elle ne leur apparaît pas comme anormale.

Votre campagne a-t-elle permis une avancée significative ?

La Halde, auprès de qui nous avions déposé un recours, a fait une enquête mais aucune suite n’a été donnée. C’est du côté des politiques que la réponse est venue. Début 2010, nous avons lancé un appel aux candidat-e-s à la présidence du Conseil régional d’Ile de France. Suite à notre recours à la Halde, Valérie Pécresse a été la première à aborder le sujet. Jean-Paul Huchon a entendu cet appel et mis cette question dans  son programme.  Une fois élu, il a tenu sa promesse. Certaines actions ont déjà été mises en oeuvre dans la région Ile-de-France par la voix de sa vice-présidente Henriette Zoughebi. Elle a notamment fait la demande que tous les internats encore non-mixtes s’ouvrent  aux filles dès la rentrée de septembre 2010. Bien que la parité ne soit pas encore atteinte,  les choses évoluent. Cette avancée a eu lieu en région parisienne ; il est donc nécessaire d’établir des liens avec les autres régions de France pour parvenir à un résultat sur tout le territoire français.

Propos recueillis par Valentine Guillard – ÉGALITÉ

http://www.ouvronslesportes.org/

association Paris Montagne

association Femmes et Sciences

association Femmes et mathématiques

association Femmes Ingénieurs

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