Violences faites aux femmes Le viol, arme de guerre

Depuis plus de quinze ans, le Congo est en guerre et plus de 200 000 femmes ont subi des viols, un crime de guerre. Louis Guinamard, journaliste, a recueilli les témoignages de nombreuses victimes qu’il publie dans Survivantes, femmes violées dans la guerre en République du Congo.

« Sommes-nous capables de faire reculer la barbarie qui nous défigure ? » En posant cette question, Louis Guinamard s’interroge sur une pratique aujourd’hui avérée et condamnée au Congo, mais utilisée depuis longtemps et en tous lieux, celle du viol comme arme de guerre.

Louis Guinamard, journaliste, a recueilli les témoignages de nombreuses femmes congolaises qu’il a publiés dans son livre paru en octobre aux éditions de l’Atelier. Ses « survivantes » victimes de viols souvent d’une extrême violence, parlent de ce qu’elles ont vécu et des conséquences. Doublement victimes, elles se retrouvent souvent chassées par leurs maris, mises à l’index de leur communauté, obligées de faire des kilomètres pour trouver assistance et soin, souvent enceintes, parfois atteintes du virus du VIH-sida. Car si le viol est considéré comme une véritable arme de guerre, c’est bien parce qu’il est instrumentalisé au service d’une armée ou d’un groupe. « Chaque fois que des groupes veulent paralyser l’effort de résistance, ils s’attaquent aux femmes », constate Louis Guinamard. En violant les femmes, on porte aussi atteinte à leurs maris, incapables de leur venir en aide. On introduit dans les communautés ces « enfants serpents » issus des viols et stigmatisés pour leurs origines, on diffuse des maladies.

Ce livre de témoignages a une vertu thérapeutique pour ces femmes courageuses qui ont accepté de raconter leur histoire. « Quand la victime se remet à parler, c’est qu’elle commence à surmonter », écrit Louis Guinamard. C’est aussi un plaidoyer pour lutter contre ces crimes. En effet, pour ces femmes qui disent vouloir « aider les gens à changer de mentalités », leur drame est devenu l’objet d’un combat.
Accompagnées par de nombreuses associations, elles tentent désormais de se reconstruire. Une étape qui ne pourra se vivre pleinement que si leurs bourreaux sont reconnus coupables et justement condamnés. Mais comme le rappelle Louis Guinamard, si les cas de condamnations d’auteurs de viols, parfois de militaires gradés, sont de plus en plus nombreux au Congo, la justice est encore difficile à obtenir dans un pays désorganisé et souvent corrompu.  L’impunité des coupables reste pourtant la pire façon de nier les souffrances des victimes.

Le 23 novembre à Paris, un colloque revenait sur ces violences constatées notamment en Bosnie, en Colombie, en Birmanie et bien sûr en République démocratique du Congo où elles font l’actualité. L’objectif ? Alerter l’opinion publique sur la réalité de ce phénomène et les dangers qu’il représente ainsi que trouver des pistes d’action concrètes pour que les choses changent.

Geneviève ROY – ÉGALITÉ

Louis Guinamard, Survivantes, femmes violées dans la guerre en République du Congo, éditions de l’Atelier, octobre 2010, 17€

print