Violences faites aux femmes « Une grande cause nationale devrait être davantage portée par l État »

Annie Guilberteau, directrice générale du Centre national d’informations des femmes et des familles a répondu aux questions d’Égalité sur la lutte contre les violences faites aux femmes, grande cause cause nationale 2010 et le collectif qui l’a porté.

Comment s’est constitué le collectif Grande cause nationale ?

Les associations ont commencé un travail dès 2009 pour obtenir le label Grande cause nationale pour l’année 2010. Un travail important a été accompli, beaucoup de bénévoles y ont participé, 25 associations se sont mobilisées depuis 2 ans.
Parmi ces dernières, beaucoup travaillent en direct avec les femmes, d’autres ont des actions plus généralistes sur les droits des femmes.
L’association Femmes pour le dire, Femmes pour agir a été la dernière à se joindre au collectif.
Ce collectif, qui se veut le porte-parole des femmes victimes, a constitué un réel élan associatif citoyen.

Quels ont été les messages de cette campagne ?

Nous avons axé cette grande cause nationale sur le continuum des violences sexistes. Nous avons voulu montrer que les violences faites aux femmes ne se limitent pas aux violences au sein du couple. Il y a d’autres formes de violences qui atteignent profondément les femmes: les viols, les mutilations sexuelles, les mariages forcés, le harcèlement sexuel au travail, et la prostitution.

Nous avons voulu rappeler que les violences faites aux femmes trouvent essentiellement leur source dans un système social de domination des hommes sur les femmes. Lors de la conférence de presse de présentation de la grande cause, le 25 novembre 2009, Patric Jean, le réalisateur du documentaire La Domination masculine était présent à nos cotés.

Comment avez-vous communiqué ?

Le collectif a essentiellement voulu communiquer auprès du grand public.
L’accent été mis sur l’indifférence de la société à l’égard des violences que subissent les femmes chaque jour, dans tous les milieux et sous différentes formes. Tous les supports de communication sont allés dans ce sens (spots télés, spots radios, site Internet, affiches).

Nous avons disposé d’espaces gratuits sur les médias publics. Dès janvier 2010, des spots ont été diffusés à la télévision. Le spot créé pour la télévision a aussi été diffusé dans des salles de cinémas, dans toute la France. Les radios associatives ont multiplié les interviews sur leurs ondes.

Le spot de la campagne contre les violences faites aux femmes :

Avez-vous eu les moyens financiers pour mener à bien la campagne que vous souhaitiez mettre en place ?

Une grande cause nationale est portée à la fois par l’État et par des associations. Le collectif a bénéficié de financements, mais insuffisants pour marteler son message tout au long de l’année comme nous le souhaitions.

Une affiche a été diffusée dans la presse écrite mais nous n’avons pas eu les moyens de l’imprimer. Nous étions en négociation avec la RATP et Decaux mais, faute de crédits, nous avons dû renoncer à nos ambitions d’effectuer un affichage massif.

Est-il possible de faire un premier bilan de la campagne en cette fin d’année 2010 ?

Il est un peu tôt pour faire un bilan du travail du collectif. Toutefois, cette grande cause, à en croire les pics d’appels auprès du 3919 [Fédération nationale solidarité femmes, ndlr] et de nos associations, a permis à des femmes victimes de sortir du silence. C’est un pas de plus dans la dénonciation de cette grave problématique. Mais, en dehors de la grande cause, des moyens financiers doivent être garantis aux associations intervenant auprès des femmes victimes. Par ailleurs, l’année grande cause a probablement accéléré l’adoption de la loi du 9 juillet 2010 dont les procédures d’évaluation se mettent en place.

Propos recueillis par Caroline Flepp – Égalité

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