Contributions Violences scolaires en Afrique subsaharienne francophone : il faut agir

Les institutions éducatives sont reconnues comme des lieux d’apprentissage, de développement et d’autonomisation. Or, loin d’être des lieux sûrs d’apprentissage, les écoles sont souvent des espaces de discrimination et de violence, notamment auprès des filles.

La violence en milieu scolaire n’est pas un problème strictement confiné aux écoles, il s’agit plutôt d’un problème social complexe et multiforme. Les écoles sont des espaces sociaux qui reproduisent les relations de pouvoir ainsi que les pratiques de domination et de discrimination. Les questions de cultures et de pouvoir associées aux identités masculines et féminines régissent les rapports en son sein, entre élèves de sexes opposés et entre élèves et personnel scolaire.

Les filles victimes des élèves masculins et des personnels enseignants

Les violences scolaires frappent de nombreux enfants partout dans le monde, notamment sur le continent africain. En 2006, le rapport du secrétaire général des Nations unies sur la violence à l’encontre des enfants a fait état de nombreuses violences subies dans le cadre scolaire, tels que les châtiments corporels, les brimades, les mauvais traitements et les violences sexuelles. Selon le rapport de l’Unicef sur la situation des enfants dans le monde, « la violence sexuelle, physique et psychologique perpétrée par des enseignants à l’égard des filles est courante ». Les enquêtes de terrain menées dans les écoles d’Afrique subsaharienne francophone indiquent que les violences de genre sont répandues, quotidiennes et frappent en tout premier lieu les jeunes filles.

Les violences de genre en milieu scolaire mettent en jeu des dimensions multiples : économique (cas du sexe transactionnel), socioculturelle (tabou sur la sexualité, absence d’éducation à la sexualité, relations de genre asymétriques) et sanitaire. De type sexuel, psychologique et physique, elles revêtent des formes spécifiques diverses et interviennent dans et autour de l’école, tant de la part des élèves masculins que des personnels enseignants. Elles ont une influence directe sur la scolarisation des filles, provoquent souvent leur retrait de l’école, et apparaissent dès lors comme un des obstacles majeurs à leur éducation.

Aussi, elles restent moins renseignées que les phénomènes de violences en général, et une sorte de banalisation semble même les accompagner. Les violences sexuelles sont particulièrement taboues, ce qui rend difficile leur identification et leur reconnaissance.

Une faible mobilisation politique

La prévalence, la fréquence et l’intensité de la violence dans les écoles n’ont pas encore fait l’objet d’une étude approfondie et systématique en Afrique occidentale et centrale. Il n’existe dans la région aucun système global de signalement des actes de violence qui ont pour cadre le milieu scolaire, rendant l’évaluation du phénomène particulièrement difficile.

La production de données connaît néanmoins quelques avancées. Les études disponibles sur ce thème révèlent qu’il est nécessaire d’améliorer la situation dans de nombreuses écoles de la région, si l’on veut qu’elles deviennent des environnements sûrs et protecteurs pour les enfants.

Même si de nombreux instruments juridiques internationaux et régionaux de protection des enfants existent, elles font l’objet d’une faible mobilisation politique. Leur reconnaissance comme facteur de déscolarisation est souvent insuffisante et peu prise en compte dans les politiques et les programmes d’Éducation pour tous.

Les organisations internationales, les agences de coopération et les ONG, en partenariat avec des acteurs locaux, tentent néanmoins de susciter le débat et d’agir sur le terrain. De nombreuses initiatives, à l’échelle mondiale, sous régionale et nationale peuvent ainsi être relevées.

Pour faire de l’égalité des sexes une réalité, il convient de s’attaquer à la violence contre les filles qui perpétuent leur non-scolarisation et la non-réalisation de leurs aspirations éducatives. Et cet objectif ne saurait être réalisé sans volontarisme politique, indispensable à tout changement de société.

Halim Benabdallah, consultant

Introduction du rapport « Les violences de genre comme facteur de déscolarisation des filles en Afrique subsaharienne francophone ».

Ce rapport s’inscrit dans le cadre des travaux menés par le groupe de travail sur les « violences de genre en milieu scolaire comme facteur de déscolarisation des filles », lancé par le ministère des Affaires étrangères et européennes et l’association Genre en action. Ce dossier se focalise sur les violences de genre exercées au sein de l’école et autour de l’école dans vingt pays d’Afrique francophone.

Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger le rapport.

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