Économie Le genre s’impose dans le débat sur les changements climatiques

Terre craquelée

Le premier séminaire francophone (*) sur le genre et les changements climatiques s’est tenu à Paris les 27 et 28 janvier dernier à initiative de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Le débat sur le changement climatique évolue et prend de nouvelles dimensions. Après s’être développé sur les aspects scientifiques et physiques, le débat a pris en compte les aspects humains et sociaux. Il manquait encore une approche, celle du genre, qui commence tout juste à être débattue en France.

De nombreuses études et données récentes ont montré que les catastrophes naturelles ne touchent pas de la même façon les femmes et les hommes et qu’elles ont tendance à exacerber les inégalités économiques, sociales et entre les hommes et les femmes.

Une étude réalisée en 2006 par la London School of Economics portant sur 141 catastrophes climatiques démontre que lorsque les femmes n’ont pas les mêmes droits économiques et sociaux que les hommes, elles ont beaucoup plus de risques de mourir que les hommes. L’Alliance globale pour le genre et le climat précise, dans un manuel rédigé en 2009, que les femmes ont 14 fois plus de risques de mourir lors d’une catastrophe naturelle.

Des femmes victimes mais aussi forces de proposition

La représentante de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à ce séminaire donnait l’exemple de cette femme hondurienne qui avait entendu à la radio qu’un vent de 260 km/h approchait. N’ayant jamais reçu aucune éducation, elle n’a pas su ce que cela signifiait, elle a fuit en embarquant ses deux enfants, morts noyés tous les deux. Réfugiée, plus tard dans une camp, elle a été violée.
Il est démontré que certaines femmes courent plus de risques en cas d’inondations, car elles sont recluses chez elles et n’ont pas appris à nager.

L’approche de genre permet aussi de comprendre la vulnérabilité des garçons et des hommes face aux catastrophes climatiques : forte prise de risque, stress aggravés par leur rôle traditionnel…

Les femmes sont aussi force de propositions. Dans de nombreux pays du Sud, elles accomplissent de nombreuses tâches liés à l’eau, l’agriculture, la santé, l’énergie et mettent en place nombre d’initiatives innovantes. La prise en compte du genre dans les politiques, stratégies et initiatives de lutte contre les changements climatiques dans les pays francophones est l’objectif principal de l’OIF, qui pour cela vient de créer le premier réseau d’experts francophones sur le genre et le changement climatique.
La première mission de ce réseau sera de renforcer la position des pays francophones sur l’égalité des genres lors des prochaines négociations internationales sur le climat qui se tiendront à Durban, en Afrique du Sud, fin 2011.

Le WEF (Human in Europe for a Common Future) est un réseau créé en France il y a deux ans. Intervenant à ce séminaire, elle est une des rares organisations en France à s’intéresser à cette problématique.
On peut regretter qu’aucun-e représentent-e d’Europe Ecologie-les Verts n’y participait.

Caroline Flepp – ÉGALITÉ

(*) Séminaire organisé en partenariat avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l’Organisation pour l’environnement et le développement des femmes (Women’s Environment and Development Organization-WEDO), membres fondateurs de l’Alliance globale pour le genre et le climat (GGCA), ainsi que le ministère français des Affaires étrangères.

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