Monde Villes et nouvelles technologies : des atouts pour les filles… et des risques

Illustration du rapport de Plan

Pour l’association Plan la discrimination à l’encontre des filles et des femmes constitue l’une des causes de la pauvreté des enfants dans le monde. En effet, si les filles et les garçons ont en théorie les mêmes droits, ils sont souvent confrontés à des défis différents pour y accéder. Les filles quittent l’école plus tôt, sont moins bien nourries, ont moins souvent accès aux soins. Elles connaissent également plus les violence et le harcèlement sexuel.

Pour dénoncer ces injustices, Plan mène chaque année la campagne « Because I am a Girl » (parce que je suis une fille), qui aboutit depuis 2005 à la publication d’un rapport. L’association se veut l’intermédiaire entre les enfants et les « décideurs », en allant à la rencontre de petites filles et de leurs familles puis en menant une action de plaidoyer auprès des pays du Sud pour les sensibiliser aux situations vécues par les filles et auprès des pays du Nord afin qu’ils soutiennent des actions de développement.

Le rapport de cette année examine la vie des adolescentes dans deux des domaines qui connaissent actuellement les changements les plus rapides : l’environnement urbain et le monde numérique. Tous deux représentent pour les femmes et les filles de nouvelles opportunités mais aussi de nouveaux dangers peu contrôlés et peu étudiés. Ces risques sont particulièrement graves à l’adolescence quand la sexualité des filles se développe et qu’elles n’ont pas encore acquis les connaissances nécessaires pour se protéger.

Une vie meilleure en ville, mais plus d’insécurité

Pour la première fois dans l’histoire du monde, plus de personnes vivent en villes que dans les zones rurales. Dans les pays en développement, chaque mois 5 millions de personnes s’installent en ville et on estime à 1,5 milliard le nombre de filles qui vivront dans des zones urbaines en 2030.

Quand elles arrivent en villes, les filles rêvent de voir leur vie s’améliorer. Et les statistiques leur donnent raison.
En effet, une fille a beaucoup plus de chances d’aller à l’école si elle habite en ville – la fréquentation scolaire des filles de 10 à 14 ans est de 18% plus élevée dans les zones urbaines que dans les zones rurales des pays en développement. Elles ont accès à de meilleurs services notamment en matière de santé y compris des services liés à la sexualité et à la reproduction – 87% des filles et des femmes urbaines déclarent avoir déjà utilisé un préservatif contre 57% dans les zones rurales.

Enfin, en ville, les jeunes filles risquent moins les mariages précoces. En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, 50% des jeunes femmes des zones rurales sont déjà mariées à 18 ans contre 25% dans les villes.

Pourtant, si la vie en ville offre de nombreuses opportunités pour les filles, elle n’est pas non plus sans danger. Pauvreté et surpeuplement, mauvaises conditions sanitaires, logements précaires, rues mal éclairées contribuent à un sentiment d’insécurité.
Un sentiment qui, semble-t-il, n’est pas seulement partagé par les filles des pays en développement. D’après le rapport de Plan, 40% des filles de 11-18 ans et 63% des 17-18 ans disent ne pas se sentir en sécurité le soir dans les rues des villes au Pays-Bas.

La vidéo de la campagne 2010 de Plan (2’55) :

Savoir utiliser les NTIC, et savoir s’en protéger

La perspective d’un accès plus facile aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ainsi qu’une meilleure formation sur ces questions est un des avantages de la vie citadine. Or, l’accès à ces nouvelles technologies peut avoir un impact énorme sur la vie des jeunes femmes en leur permettant d’avoir accès à des idées, des cultures nouvelles et de nouveaux modes de pensée. Mais là encore, les risques peuvent aussi les guetter.

Les recherches menées par Plan identifient plusieurs facteurs qui empêchent les filles de tirer profit de ces technologies. Les filles sont considérées comme citoyens de seconde zone et ne peuvent avoir accès aux ordinateurs qu’après les garçons. Parce qu’elles quittent l’école plus tôt, elles sont moins sûres d’elles et ne pensent pas avoir les compétences nécessaires pour prétendre aux emplois informatiques. L’anglais est souvent requis et c’est un obstacle supplémentaire pour des filles qui parfois maîtrisent déjà mal leur langue maternelle. Les tâches ménagères auxquelles elles sont soumises dès leur plus jeune âge leur laissent moins de temps qu’aux garçons pour explorer les nouvelles technologies. En outre, les garçons obtiennent plus facilement l’autorisation de se rendre dans des cybercafés que leurs sœurs.

Savoir utiliser les NTIC, c’est aussi savoir s’en protéger. Le rapport de Plan souligne les dangers liés aux images dégradantes, à la violence et à l’exploitation des femmes véhiculés par Internet. Les adolescentes sont devenues des cibles de choix pour les méthodes modernes d’abus y compris la traite par Internet ou téléphone mobile.

Plusieurs propositions sont faites pour améliorer les législations aujourd’hui encore en retard par rapport aux avancées rapides des technologies nouvelles. Entre autres notons les suggestions suivantes : investir dans l’éducation et la formation professionnelles des filles, améliorer les mécanismes de protection des filles sur Internet, mettre un terme à la violence en ligne envers les filles et leur enseigner comment se protéger.

Geneviève Roy – EGALITE

Télécharger le rapport de Plan

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