Politique Les partis préfèrent les pénalités à la parité

« Assemblée nationale » © Catherine Beaunez

Les élections cantonales viennent tout juste de se terminer que tout le monde a déjà en tête les échéances de 2012. C’est passer un peu vite sur les résultats, notamment en matière de parité.

Peut-être par routine ou par désintérêt, on ne s’émeut guère du peu de femmes candidates, puis d’élues.

Lors des élections cantonales de 1958, les femmes représentaient 0,7% des conseillères générales, 53 ans plus tard, le pourcentage dépasse à peine 10%. Pas de quoi rassurer quant à l’avenir de la parité lors des prochaines élections territoriales programmées pour 2014.

La réforme des collectivités territoriales aggrave les disparités

En 2011 comme en 2008, puisque la loi de 2007 impose que le suppléant soit du sexe opposé au candidat, les femmes sont surtout des suppléantes (76,8%).

S’il y a peu de candidates, il y a forcément peu d’élues. En 2008, elles étaient 13,4% de femmes à être élues conseillères générales, en 2011, elles sont 13,8% !

Comme en 2008, trois départements n’ont pas de conseillère générale : la Haute-Corse, les Deux-Sèvres et le Tarn-et-Garonne.

Et comme en 2008, elles ne sont que cinq femmes à avoir été élues présidentes d’un conseil général, toutes socialistes ou divers gauche.

A l’issue de ces dernières élections, les conseils généraux sont composés de 14% de femmes contre 48% de femmes pour les conseils régionaux. Au vu des chiffres mis en ligne par l’Observatoire de la parité, la réforme des collectivités territoriales laisse définitivement un goût amer.

Une retenue de 20 millions d’euros pour l’UMP

La loi adoptée à l’automne dernier repose en effet sur le même mode de scrutin que les élections cantonales : le scrutin uninominal à deux tours. Pour « atténuer » l’effet sur la parité, il a été prévu, sur le modèle des élections législatives, une « pénalité » pour non présentation de candidatures paritaires.

Au regard des résultats de ces mêmes pénalités sur le pourcentage de femmes à l’Assemblée nationale (18,5%), par exemple, les partis politiques ne seront-ils pas encore tentés de se priver d’une partie de la dotation publique plutôt que d’investir des femmes ? Pour l’UMP, pour l’ensemble de la treizième législature (2007-2012), cette retenue va s’élever à plus de 20 millions d’euros.

La volonté affichée des partis politiques en 2012 donnera le ton pour les élections suivantes. Mais doit-on se réjouir ou s’attrister que les motivations réelles des partis seront plutôt d’atténuer les effets de la loi du 31 janvier 2007, qui prévoit une augmentation de la retenue sur la dotation publique s’il n’y a pas autant de candidates que de candidats ?

Lina Costerros – EGALITE

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