Société L’abandon des poursuites pénales a-t-il blanchi DSK ?

Sans surprise, le juge Michael Obus a abandonné hier les poursuites pénales à l’encontre de Dominique Strauss-Khan. Les contradictions dans les témoignages de Nafissatou Diallo, qui portait plainte contre lui, et ses mensonges notamment sur un viol collectif qu’elle aurait subi avaient poussé le procureur de Manhattan Cyrus Vance à demander l’abandon des charges qui pesait sur l’ancien patron du FMI. D’après lui, les preuves n’auraient pu convaincre un jury. Rue89 a traduit les 25 pages de l’acte du bureau du procureur.

Invité du 20h de France 2 hier, Manuel Valls, candidat à la primaire socialiste affirmait : « Dominique Strauss-Khan sort innocent de cette affaire. »

Sur France Inter ce matin, Jean-Marie Le Guen, député de Paris, n’exclut pas non plus un retour de DSK sur la scène politique française : « Son innocence est reconnue. […] Je pense qu’il sera présent dans les mois qui viennent dans les débats politiques français et international, c’est un atout considérable pour la gauche et pour la France. »

DSK serait-il donc complètement innocenté ?

D’après le procureur Cyrus Vance, il y a bien eu une « relation sexuelle précipitée », mais rien dans les témoignages de Nafissatou Diallo ne pourrait convaincre un jury que cette relation ait été contrainte.

Pour Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, interrogé ce matin sur Europe 1, « on a l’impression qu’on n’a pas tranché sur des faits mais sur la crédibilité de cette femme. Il me semble que ce sont les faits qui comptent, quand bien même ce serait la pire menteuse du monde, elle ne mériterait pas d’être violée ».

Sur leur blog Great America, les deux correspondant-e-s de Libération Lorraine Millot, à Washington, et Fabrice Rousselot, à NewYork, s’interrogent : « Ce non-lieu pose une question béante : si ce n’était pas un viol, comment Dominique Strauss-Kahn a-t-il pu convaincre Nafissatou Diallo d’avoir cette « relation sexuelle précipitée », en 7 ou 9 minutes tout compris, décrite par le procureur ? »

Le titre d’un article de Médiapart (abonnés) interpelle directement DSK : M. Strauss-Kahn, que s’est-il passé chambre 2806 ?
Et la journaliste Jade Lindgaard prend parti. « Comme une ultime provocation, Benjamin Brafman, l’avocat [de DSK], déclarait mardi, après la confirmation de l’abandon des poursuites pénales contre son client : « Vous pouvez peut-être avoir un comportement déplacé, mais c’est très différent d’un crime. Cette affaire a été traitée comme un crime alors que ce n’en était pas un. » Ce « comportement déplacé » sonne comme un aveu euphémisé d’un acte manifestement jugé répréhensible (« inappropriate », dit-il en anglais) par la défense elle-même de l’accusé. On en revient au « troussage de domestique » décrit par Jean-François Kahn. Pas bien, mais pas très grave. En pleines eaux troubles. »

Après l’audience d’hier, DSK, qui ne s’était pas exprimé depuis trois mois a déclaré : « C’est la fin d’une épreuve terrible et injuste. […] J’ai hâte de rentrer dans mon pays. »

Pays où l’attendent deux plaintes. Celle de Tristane Banon pour tentative de viol, et une plainte plus récente déposée par les avocats français de Nafissatou Diallo pour subornation de témoins.

D’après lemonde.fr, la défense de Nafissatou Diallon veut reprendre la main. « Les avocats [de Nafissatou Diallo] ont confirmé avoir déposé plainte pour subornation de témoin en France contre un adjoint du maire de Sarcelles, François Pupponi. Cette plainte concernerait une jeune femme de Sarcelles, ville dont DSK a été maire, dont le témoignage « abondait pleinement » dans le sens de celui de Nafissatou Diallo. Après avoir été entendu par un avocat américain, « un proche de cette femme a été contacté par un adjoint du maire de Sarcelles » qui lui aurait demandé « combien fallait-il pour qu’elle se taise »

Deux plaintes en France et le procès au civil aux Etats-Unis toujours d’actualité, il semble que Dominique Strauss-Khan ne soit pas au bout de ses peines.

EGALITE

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