Société Un projet européen de lutte contre les violences faites aux femmes âgées

Visuel du réseau Alma

Visuel du réseau Alma

En France, 75,5 % des femmes âgées de plus de 65 ans sont victimes de violences. L’augmentation de l’âge triplerait en effet pour une femme le risque d’en être victime. Les femmes âgées, plus dépendantes et plus fragiles, sont plus exposées aux mauvais traitements, négligences, chantage, abandon, insécurité, pressions.

Les chiffres du réseau Alma France (Allô maltraitance des personnes âgées et/ou des personnes handicapées : 3977) constituent un premier recueil de données sur le sujet. En matière de violences faites aux femmes, les enquêtes de référence de l’Enveff ne prend en effet en compte les femmes que jusqu’à 59 ans.

« Les violences pratiquées sur les personnes âgées constituent un tabou culturel et social, explique Anita Tostivint, conseillère technique au Centre national d’information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF). Et à partir d’un certain âge, les femmes sont plus nombreuses que les hommes, et elles sont en majorité plus vulnérables. »

Pour rompre le silence, le réseau Alma France et le CNIDFF ont décidé de participer au projet européen Stop VIEW (Stop Violence Against Elderly Women – Arrêter les violences à l’encontre des femmes âgées), commencé en 2011.

Ce projet réalisé dans le cadre du programme européen de lutte contre les violences faites aux femmes Daphné, est porté par l’Italie et concerne la France, l’Espagne, le Portugal la Bulgarie et la Slovénie. Prévu sur deux ans, il vise à faciliter la compréhension des spécificités de ce type de violences.

La dépendance est la cause principale des mauvais traitements

« En France, après 75 ans, 70 % des personnes pauvres sont des femmes, dit Anita Tostivint. Les raisons qui poussent à maltraiter ces femmes sont les mêmes que celles observées dans les violences familiales. La dépendance en est la cause principale. Les mauvais traitements infligés aux femmes âgées sont d’ailleurs davantage le fait des proches que des institutions. »

Les violences contre les personnes âgées ont les mêmes caractéristiques que les violences familiales et les victimes ont beaucoup de mal à les dénoncer, elles ont honte, elles se sentent comme une charge.

Le premier axe du programme est de faire un état des lieux, des comparaisons transnationales, en s’appuyant sur des réseaux d’associations des pays concernés. Avec pour objectifs d’échanger des bonnes pratiques, de construire et pérenniser un réseau impliquant les organisations, les services, les associations et les aidant-e-s, et d’expérimenter des dispositifs de soutien et d’assistance mutuelle entre les femmes âgées.

Dans un deuxième temps, en 2013, sont prévus la mise en place d’outils de formation pour les personnes travaillant avec les personnes âges et une grande campagne de sensibilisation.

« Nous voulons sensibiliser le grand public sur ces questions, mais aussi les bénévoles, les professionnel-le-s, conclut Anita Tostivint. Lorsque l’on sait qu’en 2050, la population comptera environ 25 % de personnes âgées, il faut sensibiliser au sexisme et à l’âgisme. »

Catherine Capdeville – EGALITE

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