Tribunes Monsieur le Président, je fais partie des gens qui se lèvent tôt et je croule sous les dettes !

Monsieur le Président, j’ai suivi vos discours depuis votre arrivée. Vous avez parlé de la France qui se lève tôt, celle qui travaille plus pour gagner plus.

J’ai suivi aussi vos discours sur l’assistanat qui rapporterait plus que le travail.

J’ai constaté lors de votre mandat que vous n’avez pas hésité, sous couvert de sauver les banques de la crise dans laquelle elles ont plongé la terre entière, à leur donner quelques milliards.

Pendant ce temps, monsieur le Président, vous avez fermé des hôpitaux, déremboursé nos médicaments, donné la permission aux médecins de pratiquer des dépassements d’honoraires, vous avez fermé des classes, supprimé des postes d’enseignants, refusé de remplacer les fonctionnaires partis à la retraite…

Vous êtes resté impassible face aux suicides des salariés de France Télécom qui n’en pouvaient plus de souffrir au travail, impassible face à la délocalisation, à l’augmentation du nombre des chercheurs d’emploi.

La liste est encore longue, mais je tiens à vous répondre sur deux ou trois points. Je suis au chômage depuis plus d’un an, mes indemnités sont calculées sur la base de 51% de mon ancien salaire, vous voyez je ne gagne pas plus. Les charges, quant à elles, n’ont pas diminué…

J’ai donc abandonné les soins dentaires au risque de perdre mes dents, je ne fais plus de radios ni d’échographies et je ne vais plus voir les spécialistes.

Les agences immobilières ont refusé de me loger, j’ai heureusement trouvé un logement social.

Je croule sous les dettes.

Et pourtant, je me réveille à 6 h du matin ! Et quand je fais la grasse matinée, c’est à 8 h que je quitte mon lit.

Je m’implique dans la vie de la cité auprès d’associations. Des associations que vous avez étouffées en diminuant leurs subventions. J’essaie d’aider des jeunes femmes en détresse, des mineures, des femmes mûres, qui se sont retrouvées enceintes sans le désirer, mais vous avez fermé des centres d’IVG !

Je recherche activement du travail, je vous l’assure, on trouve la plupart du temps mon CV très intéressant. Mais, comme vous avez bradé le travail, je ne trouve, avec un bac + 3 , que des contrats aidés, à temps partiel et payés au Smic !

Mes enfants sont brillants à l’école et j’aimerais pouvoir les aider pour leur études. Je vous pose donc cette question : vais-je pouvoir les accompagner pour qu’ils aient l’avenir qu’ils méritent ?

Je vous propose d’envoyer mon CV à l’Elysée et de vous déléguer ma recherche d’emploi.

Et pour terminer, monsieur le Président, ce n’est pas mon voisin de couleur qui m’a volé mon emploi. Il me semble que ce sont les banquiers qui m’ont noyée.

Sérénade Chafik, citoyenne de la Courneuve (93), divorcée, quatre enfants

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