Politique Osez le féminisme lance une campagne pour la parité

Visuel de la campagne «Faisons de la parité une réalité», d'Osez le féminisme.

Visuel de la campagne «Faisons de la parité une réalité», d'Osez le féminisme.

Visuel de la campagne.

En 25 ans, en France, 413 circonscriptions sur 577 n’ont pas élu de femmes à l’Assemblée nationale. C’est le chiffre choc que révèle l’association Osez le féminisme (OLF) à l’occasion du lancement de sa campagne « Faisons de la parité une réalité », hier, quelques jours avant les législatives.

« Ce chiffre témoigne de ce que la plupart des femmes investies candidates par leur parti politique le sont dans les circonscriptions les plus difficilement gagnables, et ce quels que soient les époques ou les territoires. Il confirme l’existence d’une « prime aux sortants », phénomène clé de la persistance d’une Assemblée nationale majoritairement masculine. »

La carte interactive publiée sur parite2012.fr, le site dédié de la campagne, permet de visualiser, par circonscription et par région, les plus mauvais élèves dans ce domaine, comme l’Auvergne, la Corse ou encore la Martinique, qui n’ont élu aucune députée depuis 1988.

Alors que la France connaît pour la première fois un gouvernement paritaire, les femmes restent très peu représentées dans les institutions politiques – Sénat, cabinets ministériels et à l’Assemblée nationale, où 81,5% des député-e-s sont des hommes. La faible proportion de femmes parlementaires place la France au 69e rang mondial.

Pour OLF :

« En 2000, la France était le premier pays au monde à ériger en principe la parité, c’est-à-dire l’égalité stricte (50/50) entre les femmes et les hommes dans l’accès aux mandats électifs. Mais depuis douze ans, la France a fait moins bien que ses voisins. Elle se classe ainsi au 48e rang du classement mondial de la parité, établi chaque année par le Forum économique mondial. »

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Une situation jugée inacceptable par les féministes, qui s’insurgent contre des idées préconçues sur les femmes en politique telle que leur aptitude à gérer plutôt des portefeuilles en lien avec la culture, le social et la famille. Il est vrai que si François Hollande a honoré sa promesse de respecter la parité au sein du gouvernement, les ministères régaliens ont été principalement confiés à des hommes (*). Et OLF y voit la persistance « d’un schéma consistant à confier aux femmes toujours le même type de portefeuilles ».

Par le biais de sa campagne, l’association veut montrer que dans le domaine de la politique, de grands progrès restent à faire puisque les chiffres révèlent le manque de femmes notamment dans les hémicycles. Pour les élections législatives de juin 2012, seules 40% de femmes seront candidates, contre 41,6% en 2007. Le parti socialiste présente 45,3% de femmes, soit 0,2 point de moins qu’en 2007, l’UMP, bon dernier, 25,7%, le Front de gauche et les partis d’extrême-gauche s’approchent des 48%, EELV présente 49,6 % et le FN 48,9 %.

Hier, Osez le féminisme et le réseau féministe Ruptures publiaient également la tribune Liberté, égalité, parité, toujours !, sur le site de Médiapart. Plus de 200 personnalités dont 120 candidat-e-s aux législatives l’ont déjà signée pour affirmer « leur volonté de participer à une nouvelle ère de la parité ».

Les deux associations revendiquent notamment la suppression des aides publiques aux partis qui ne respectent pas la parité des candidatures aux législatives ainsi que la limitation du cumul des mandats simultanément et dans le temps.

Les mesures sanctionnant actuellement le non respect de la parité sont aujourd’hui insuffisantes voire inefficaces puisqu’en 2008, l’UMP a préféré payer 4 millions d’euros et le PS 500 000 euros, plutôt que de respecter la parité aux investitures législatives. Dans ses 40 engagements pour l’égalité, le candidat à la présidentielle François Hollande prévoyait de supprimer les « dotations de l’Etat aux partis politiques qui ne présenteront pas autant de femmes et que d’hommes aux élections législatives ». Le fera-t-il ?

M C – EGALITE

(*) Christiane Taubira, ministre de la Justice, est la seule femme du gouvernement à avoir hérité d’un ministère régalien.

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