Politique Najat Vallaud-Belkacem reçoit Waris Dirie, la « Fleur du désert »


© Benjamin Géminel – Ministère des Droits des femmes

 

L’histoire de Waris Dirie est celle de millions de femmes qui subissent des mutilations sexuelles génitales, plus de 130 millions dans le monde. Elle revenait juste de Beyrouth où elle a parlé de son histoire dans le cadre d’un talk-show très suivi dans le monde arabe.

Elle était à Paris pour une seule journée, vendredi dernier, l’occasion pour la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem de l’inviter à déjeuner.

Waris Dirie a écrit en 1997, un livre « Fleur du désert » tiré à 11 millions d’exemplaires qui a inspiré un film sorti en 2010. La ministre a vu le film qui avoue-t-elle à son invitée l’a «ému jusqu’aux larmes».

Waris Dirie est une jeune femme somalienne de 47 ans étonnante, très belle, très nature. Elle marche pieds nus dans les salons dorés du ministère, éclate de rire facilement, pose une série de questions sur le nouveau président français et s’étonne du jeune âge de la ministre.

Les deux femmes, la ministre et la militante échangent sur leur famille. Najat Vallaud-Belkacem lui parle de ses jumeaux de quatre ans. Waris Dirie, elle a 4 enfants de 3 à 14 ans dont 2 adoptés. Toute sa famille est dispersée dans le monde. Elle-même vit en Pologne, qu’elle décrit comme « un pays pas facile pour les femmes ».

Après avoir été excisée à 5 ans, Waris Dirie s’est enfuie à travers le désert à l’âge de 13 ans pour éviter un mariage forcé avec un homme de 60 ans. Elle exerce toutes sortes de métier puis, beauté remarquée, devient top model connue dans le monde entier. Mais depuis de nombreuses années, elle consacre l’essentiel de son temps à lutter contre une pratique qu’elle qualifie de « rituel obscurantiste ». Elle sera ambassadrice de l’ONU contre les mutilations sexuelles féminines.

Faire sortir l’excision de l’ombre et du déni

Aujourd’hui Waries Dirie se consacre à la fondation qu’elle a créée en 2002. Son objectif premier est d’éduquer, informer, poser le débat sur le devant de la scène. En 2006, elle a voulu faire connaître, sensibiliser à l’excision les communautés africaines en Europe. Filmant en caméras cachées, interviewant des femmes excisées vivant en Europe, la Fondation a commencé à faire sortir les mutilations de l’ombre et du déni. En 2006 elle propose aux femmes victimes de mutilations de témoigner sur son site, depuis elle a reçu plus 120 000 mails révélant que de très nombreuses femmes ont subi ces violences et ne savent pas où trouver de l’aide.

Venant d’un pays où seule 7% des filles vont à l’école et où la pratique de l’excision est profondément ancrée dans la société, Warie Daries insiste sur l’éducation comme levier fondamental dans la lutte contre ce fléau. Sensibiliser les parents à l’importance de l’éducation des filles qui une fois éduquées auront ainsi des outils pour refuser d’être mutilées est son combat.

Linda Weil-Curiel, avocate, une des responsables de la CAMS http://www.cams-fgm.net/  (1) est ce jour-là à ses côtés. Les deux femmes travaillent ensemble depuis 2004. Le travail de la CAMS a permis à la France de devenir un pays « modèle » en termes de prévention et de sensibilisation contre les mutilations sexuelles génitales, mais il reste un énorme travail à faire pour communiquer sur cette violence faite aux femmes avoue-t-elle.

En conclusion de la rencontre, Najat Vallaud-Belkacem évoque la possibilité d’une initiative le 6 février prochain, date de la journée mondiale contre les mutilations sexuelles féminines.

Caroline Flepp – EGALITE

(1) La Commission pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles (CAMS) a été créée en 1982 par Awa Thiam, universitaire sénégalaise célèbre pour avoir publié en 1978 un livre intitulé « La parole aux Négresses ».
La CAMS mène le combat contre l’excision en France sur le terrain judiciaire en se portant partie civile.

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