Chroniques Le blog de Patric Jean : Rufo et la pédophilie

La défense des privilèges chez les hommes passe souvent par des chemins escarpés. Je peux en témoigner personnellement.

Du déni à la revendication, en passant par la moquerie, la dérision ou le mépris, toute une batterie d’outils est à notre disposition pour protéger notre place forte masculine.

La télévision publique française (France 5 en l’occurrence) vient une fois de plus d’en faire la preuve par la voix de son médiatique animateur psychologue à distance, Rufo. Celui-ci vient en effet de réaliser en direct une glissade qui éclaire l’idéologie sous-tendue par sa pratique et celles de certains de ses collègues.

Une mère l’appelle au téléphone en direct. Elle témoigne du fait que sa fille de 28 ans est adicte aux antalgiques et fait l’objet d’un internement en hôpital psychiatrique. Or celle-ci vient de révéler qu’elle a été victime de viol vers l’âge de 3 ou 4 ans. Elle indique le nom de son violeur à sa mère qui, dépourvue, s’en remet au psy de la télé…

Et celui-ci de lui répondre: (voir la vidéo)

« L’immense majorité des enfants « abusés » vont bien ! … à distance après le sévice… ils ont bien sûr des craintes un peu précises, mais elles vont bien dans leur vie amoureuse, sexuelle, personnelle, professionnelle… donc, en quelques sorte, un abus ne peut pas entrainer un tel dégât sauf si la vulnérabilité et la fragilité du sujet vient faire que l’abus renforce cette pathologie d’organisation. Là, dans ce que vous décrivez, c’est complètement fantasmatique. dans son organisation ça fait plus partie d’une reconstruction délirante du monde où un ennemi,  un agresseur existe, fondu comme ça dans son histoire.» 

Passons sur les questions de déontologie qui mériteraient que Rufo soit rappelé à l’ordre par ses pairs. On peut se demander où se trouve l’origine de cette information sur les violences sexuelles que Rufo nous présente. Ses propos sont à comparer avec ceux des théoriciens du masculinisme. Pour rappel, il s’agit des mouvements très conservateurs, parfois violents, qui réaffirment la suprématie de l’homme sur la femme, la défense du patriarcat, en utilisant la négation des violences faites aux femmes.

L’auteur favori des masculinistes, Yvon Dallaire, lui-même aussi psychologue, qui a pris pour habitude de justifier la violence conjugale par le tempérament naturel des hommes et l’incapacité à la comprendre dont font preuve certaines femmes, ne tient pas un autre discours quand il relativise les conséquences de la pédocriminalité.

Ainsi dans « Homme et fier de l’être » Dallaire écrit: (pp99-100)

« La majorité des enfants a vécu des abus activités sexuelles, la plupart avec des enfants de leur âge, parfois avec des enfants plus âgés de quelques années, plus rarement (mais c’est déjà trop) avec des adultes et, études et témoignages à l’appui, sans aucun préjudice sur leur développement sexuel ou affectif. »

Vous avez bien lu. Dallaire met certaines formes pour ne pas tomber sous le coup de la loi et semble condamner ces actes mais il nous explique qu’une relation sexuelle entre un enfant et un adulte peut se faire « sans aucun préjudice pour l’enfant« .

Quelle idée se cache mal derrière ces phrases?

Plus grave encore, page 100, il écrit « Encore un fois, la perception de la réalité, la fausse croyance en la vilenie des hommes et l’interprétation catastrophique des abus peuvent provoquer des réactions pires que la réalité de ces abus. »

Autrement dit, si cela arrive, il ne faut pas en faire tout un plat car pour le coup, on provoquerait des dommages chez l’enfant. Gardons le silence…

Il faut savoir que ces idées sont dans la droite ligne des discours de l’Américain Gardner qui défendait ouvertement la pédophilie. Elles font actuellement leur chemin en Europe ainsi que le dénonce le Collectif féministe contre le viol en France depuis des années. Rufo en est maintenant le porte-parole avec la complicité de France télévisions.

Pour celles et ceux qui en douteraient encore, la Haute autorité de la santé, a rendu des recommandations à la demande du Ministère de la santé. Celle-ci décrit ainsi les conséquences du phénomène:

Un phénomène occulté par la société

L’inceste sur mineur serait gravement sous-déclaré. 90% des incestes ne seraient pas signalés à la justice. La gravité des séquelles sur la santé physique (troubles du comportement alimentaire, addictions…), sur le développement psychique (dépression, pulsions suicidaires…) et sur la vie sociale des victimes (peur des autres…) fait de l’inceste un enjeu sanitaire et sociétal majeur. 

Dans cette vidéo, le Dr Gilbert Vila, pédopsychiatre, responsable du Centre de victimologie des mineurs de l’Hôpital Trousseau, président du Groupe de Travail HAS, décrit les signes des conséquences de violences sexuelles sur les enfants: tentatives de suicide, trouble de l’alimentation, trouble du comportement, anorexie mentale, boulimie, violence, bagarres à répétition…

Mais tout cela n’est pas très grave puisque ces enfants vont bien, c’est le psy de la télé qui le dit.

Pour en savoir plus, je vous invite à voir ces vidéos où figure Dallaire. Vous pourrez découvrir d’autres idées saugrenues du psychologue (lui-même considéré comme expert dans un webdocumentaire de France télévisions, décidément…) La vidéo sur l’éjaculation précoce est une pièce d’anthologie.

Voir aussi la pétition: Président de la République: Stop à la désinformation sur les violences sexuelles faites aux enfants !

 

Patric Jean

print