Articles récents \ France \ Économie Les Féministes vent debout contre la loi Macron

La loi actuellement débattue au Parlement et défendue par le ministre de l’Economie n’en finit pas de susciter des levées de bouclier. Le look de gendre idéal du jeune énarque ne l’aura pas protégé de l’opposition des féministes, inquiet-e-s des effets de plusieurs mesures phares de sa loi sur les conditions de vie des femmes.

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Pétition contre la loi Macron

 

En décembre dernier, Le Haut Conseil à l’Egalité (HCEfh), instance rattachée au premier ministre chargée d’évaluer l’impact des politiques du gouvernement sur l’égalité entre les femmes et les hommes, s’inquiétait des conséquences d’un possible développement du travail du dimanche sur les femmes. 56% des travailleurs du dimanche sont en effet des travailleuses.

Déjà, le HCEfh démontrait dans le cadre de son rapport EGALiTER sorti le 19 juin 2014, la forte précarité des femmes dans les quartiers politique de la ville et en zones rurales.

Le travail du dimanche augmente significativement dans les zones urbaines sensibles, selon une étude de l’INSEE de mars 2014, alors que ce n’est pas le cas dans les autres territoires. En outre, le secteur du commerce qui est principalement visé par les dispositions de la loi embauche très majoritairement des femmes : dans plus de trois quart des cas, par exemple, le caissier est une caissière ! De plus, le temps partiel est un phénomène concernant, à 83%, les femmes.

La loi va donc fragiliser encore un peu plus les femmes précaires vivant dans les quartiers les plus pauvres. On voit mal dans ces conditions comment le travail du dimanche ou de nuit pourrait être négocié sur la base du «volontariat» avec l’employeur-e comme le prévoit théoriquement le texte de loi. C’est la triple peine pour celles qui subissent déjà des temps de transports plus longs, une précarité et un taux de chômage plus élevé, et le risque est élevé que ces femmes souvent isolées connaissent des difficultés accrues pour concilier vie familiale et professionnelle.

L’opposition frontale des associations féministes 

Osez Le Féminisme ! ne mâche pas ses mots dénonçant «une augmentation de la violence économique contre les femmes» pour qualifier un projet de loi officiellement présenté «pour la croissance et l’activité». La réduction des visites médicales et la possibilité de contourner la médecine du travail, mesures prévues dans la loi, sont aussi l’objet de critiques, alors que cette médecine est «l’une des dernières garanties d’accès à la santé pour les femmes plus précaires» affirme OLF ! L’association défend le principe des protections sociales que la loi considère comme des freins à l’emploi, puisqu’elle prévoit la modification du Code du travail, une réforme des Prud’hommes et de l’inspection du travail !

Les eFRONTé-e-s dénoncent, quant à elles, une «régression civilisationnelle», incompréhensible de la part d’un gouvernement supposément de gauche. Les eFRONT-é-e-s avec Femmes Égalité, le Collectif National des Droits des Femmes (CNDF), la Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception (CADAC) et la Marche Mondiale des Femmes, avaient manifesté en janvier dernier contre la loi Macron, initiant une pétition.

Pas sûr que cela soit suffisant pour que le président s’oppose à l’élan néolibéral de son ministre de l’Economie.

Guillaume Hubert  50-50 magazine

 

 

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