Articles récents \ France \ Société Cybersexisme : une campagne d’information décalée cible les jeunes

Contrairement aux idées reçues, les espaces numériques ne sont pas (encore) des eldorados de l’égalité entre les femmes et les hommes. En effet, 1 adolescente sur 4 déclare être victime d’humiliations et de harcèlement en ligne. Le Centre Hubertine Auclert a lancé, en partenariat avec la région Île-de-France, une campagne d’information sur le cybersexisme. Leurs outils ? «Stop au cybersexisme», un tumblr pour sensibiliser par le rire, et des brochures plus sérieuses pour les jeunes et les encadrant-e-s.

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«Quand tu te fais insulter sur les réseaux sociaux»

Ce gif représentant Uma Thurman dans Kill Bill est le premier du Tumblr stop au cybersexisme créé par le Centre Hubertine Auclert, le centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes.

Le détournement d’images issues de la pop-culture pour illustrer des situations du quotidien est un procédé classique sur Tumblr, mais il est rare qu’une campagne d’information publique reprenne ces codes. Un bon moyen de se rapprocher du public visé, puisque 9 adolescent-e-s sur 10 utilisent au moins un réseau social et 23% des 13 à 24 ans sont inscrits sur plus de quatre réseaux sociaux. (1)

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«Quand le même boulet vient toujours te parler quand tu te connectes»

Un objectif triple

Mais ces gifs animés ne sont qu’un moyen de capter l’attention des jeunes utilisatrices et utilisateurs pour les amener à comprendre que les espaces en ligne sont soumis aux mêmes lois que In Real Life, et que les actions et messages sexistes en ligne n’ont pour seul fondement que «des croyances que les filles et les garçons n’ont pas les mêmes rôles, comportements, devoirs etc.»  autrement dit, des stéréotypes, comme le rappelle le flyer pédagogique de la campagne.

L’usage des codes des réseaux sociaux est censé amener les destinataires de la campagne vers des considérations plus sérieuses : l’agression, le harcèlement, le voyeurisme et l’usurpation d’identité «sont des délits punis par la loi.»

La campagne adopte une définition simple et compréhensible du cybersexisme : «Ce sont des actes, messages ou commentaires basés sur des préjugés, qui critiquent la manière de s’habiller, l’apparence physique, le comportement amoureux ou sexuel de filles ou de garçons sur internet, les réseaux sociaux ou par sms/mms.» (2)

On parle de cyberviolences pour qualifier les actes d’insultes via internet ou téléphone. Comme dans la vie réelle, les filles sont davantage victimes de cyberviolences : 17% de filles contre 11 % de garçons.

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«Quand on fait des allusions sexuelles sur toi»

Mais l’objectif n’est pas seulement de sensibiliser les jeunes à ne pas reproduire des comportements et propos sexistes en ligne. La campagne les incitent également à agir sur leurs paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux, à protéger leurs données personnelles et «à réfléchir avant de poster ou de partager un contenu sur internet», à «réfléchir avant de liker ou de commenter un contenu.»

Des conseils adressés à des jeunes ados et qui ne seraient pas inutiles pour bon nombre de personnes censées être adultes.

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«Quand ton copain veut géolocaliser ton téléphone»

La campagne d’affichage dans le métro et les gares RER ne dure qu’une semaine, mais le Tumblr événementiel et les matériaux pédagogiques resteront en ligne pour les ados et les adultes qui voudraient traiter de ce sujet à la maison? dans leur classe, dans leur structure… Chapeau bas au travail d’éducation numérique d’Hubertine Auclert, qui remplit son objectif de faire rire et réfléchir.

Si vous vous demandez ce qu’est le slut shaming, que pour vous le happy slapping est une pratique festive ou si vous voulez agir et tout simplement en savoir plus sur le cybersexisme, c’est par là.

Guillaume Hubert, 50-50 Magazine

1 : Données Credoc sur l’usage du numérique. « La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française », 2013

2 : Extrait de la brochure du centre Hubertine Auclert à destination des jeunes.

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