Articles récents \ Culture \ Arts Diane Grenier et ses Sexes-Machines : «l’art est par essence politique»

Quel est le fantasme de mon grille-pain ? Et si la voix de mon GPS était érotique ? Si vous réfléchissez à ces questions, alors vous pourrez (tenter de) comprendre Diane Grenier. Cette artiste et hackeuse féministe a créé, spécialement pour le festival d’arts numériques Bouillants, une installation intitulée Sexes-Machines qui détourne les machines de notre quotidien pour questionner le genre, la sensualité et les fantasmes que nous projetons sur nos technologies.

 

Diplômée depuis 5 ans d’un master en Arts et technologies numériques et des Beaux-Arts, Diane Grenier est une jeune artiste rennaise qui réalise des installations interactives, des vidéos et des sculptures. Son objectif ? Questionner les limites du corps et du réel.

Quand nous la rencontrons à Vern-sur-Seiche, dans la laiterie des Bouillants (lire notre article) où elle est en résidence depuis trois semaines, son installation est en cours de finalisation. On l’a questionnée sur son parcours, sa démarche artistique et son rapport au féminisme, et ça nous a juste donné encore plus envie de voir ces machines à l’œuvre.

Extrait audio 1 : Casser la binarité du genre par les machines

Diane Grenier parle de son intention de briser la dualité masculin/féminin en interrogeant les fantasmes que nous projetons sur nos machines, visible dans la figure par excellence du stéréotype : la figure du cyborg humanoïde, longuement étudiée par la féministe américaine Donna Haraway qui a une grande influence dans la création de Sexes-Machines.

 

Extrait audio 2 : le cyborg ou le stéréotype de l’union humains/machines

Les cyborgs sont des archétypes de féminité ou de masculinité idéalisée, que l’on songe à l’homme qu’est Terminator, et les femmes sont hypersexualisées comme dans le cas de la représentation des personnages féminins dans les jeux vidéos (lire notre article)

Comment Diane Grenier remet-elle en cause ces figures stéréotypées ? En déplaçant cette image sur la technologie que nous utilisons au quotidien pour questionner la norme hétérosexuelle binaire.

 

Extrait audio 3 : Sexe, grille-pain et GPS. Diane Grenier nous parle de son œuvre.

Comment sexualiser un grille-pain ou un GPS au sein d’une installation interactive? En rendant le spectateur voyeur et en jouant sur nos interprétations d’humains. Cette sexualité inter-machines mise en scène est justement ce qui va différencier l’humain de la machine : nous sommes capables de projeter des fantasmes sur des machines habituellement hors du genre et de la sexualité mais nous en sommes exclu-e-s. En dépassant la dichotomie masculin/féminin, on distingue l’humain de la machine.

 

Extrait audio 4 : le féminisme, une réalité quotidienne – Les femmes dans l’art numérique et l’art contemporain

 L’artiste vit son féminisme comme une évidence, tout comme son intérêt pour les technologies dans lesquelles «elle baigne depuis toujours ». Le dossier de presse la présente comme hackeuse. Selon Diane, être hackeuse, ce n’est pas être un pirate informatique, mais simplement aimer regarder ce qu’il y a sous le capot des machines.

 

Extrait audio 5 : Définition du hacker

Être artiste, c’est donc un peu aussi être un-e hackeuse/hackeur. Certain-e-s hackeuses/hackeurs voient d’ailleurs leur activité de détournement des machines comme une forme d’art avec une part de créativité. Le « milieu » des hackeuses et des hackers est souvent fantasmé, mais il est traversé par des débats. C’est un milieu plus ouvert qu’on ne le pense, même si il demeure très masculin, comme peut l’être celui de l’art contemporain. Selon Diane Grenier, le milieu de l’art numérique serait par contre un peu plus ouvert aux femmes.

 

Extrait 6 : Art numérique, éthique et technologie

Très tôt, l’artiste a lié son intérêt pour les technologies à une éthique. Elle voit sa démarche comme politique « par essence » et plaide pour la nécessité de s’intéresser aux technologies avec lesquelles nous vivons comme quelque chose d’aussi évident que son féminisme.

 

Toutes ces histoires de machines qui copulent vous ont interpellé-e-s et vous voulez voir ça de vos yeux ? Le programme du Festival Bouillants est sur cette page.

Guillaume Hubert, 50-50 Magazine

Image à la Une : portrait de Diane Grenier

50-50 magazine est partenaire du Festival Bouillants.

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