Articles récents \ Monde Aux États-Unis, les femmes meurent toujours en prison.

Cet été, après les violences policières contre les femmes et hommes de couleur, les suicides et autres morts suspectes ont continué dans les prisons régionales des États-Unis. Le 13 Juillet, Sandra Bland était retrouvée sans vie dans une prison Texane après trois jours d’incarcération. Le 14 juillet, c’était Kindra Chapman qui se pendait dans sa cellule. Sandra Bland était une activiste noire qui dénonçait la brutalité policière et qui faisait partie du mouvement #Blacklivesmatter. Elle avait été arrêtée pour un clignotant oublié.

 

Rexdale Henry, un indien choctaw a lui aussi été retrouvé mort dans sa cellule le même jour, lui aussi arrêté pour une infraction mineure.

La vidéo d’un passant montre Sandra Bland hurler «vous venez de projeter ma tête sur le sol» (« you just slammed my head into the ground »). Quoiqu’il en soit, le motif officiel de son arrestation fut «agression sur un fonctionnaire de l’État». Sa mort a soulevé un tollé, surtout du fait du mouvement #BlackLivesMatter (« Les vies noires comptent », lien en anglais). De toute façon, les circonstances de sa mort restent mystérieuses, suicide disent les policiers, pas si vite disent ses ami-e-s et sa famille. Il semblerait qu’elle ait été blessée et ait subi d’autres violences une fois en prison. Les mêmes interrogations existent quant aux circonstances de la mort de Rexdale Henry, lui aussi un activiste

Des homicides maquillés en suicides ?

Patrisse Cullors, une des cofondatrices du mouvement #BlackLivesMatter explique qu’il n’est pas rare de voir des homicides perpétrés par les gardes maquillés en suicides par ces mêmes gardes dans les prisons régionales, où la raison du plus fort subsiste.

Mourir pour avoir oublié son clignotant semble dérisoire et pourtant cela s’inscrit dans une acceptation des décès violents aux mains de la police. Comme le souligne Dan Moshenberg directeur de Women In and Beyond the Global, ceci représente le lot quotidien de violences dans les prisons avec toutes sortes de mauvais traitements comme le viol, qui touchent particulièrement les femmes de couleur.

La liste des victimes s’est alourdie peu de temps après avec la mort de Kindra Chapman et cette liste est déjà longue.

Face aux violences policières, des indignations publiques variables

Mais toutes ces morts n’ont pas retenu la même attention des médias et de l’opinion. Par exemple, Rekya Boyd a été tuée par un policier alors qu’elle téléphonait, le policier a été acquitté et pourtant il y a eu peu de manifestations publiques.

Devant ces disparités et devant l’ignorance des violences quotidiennes infligées aux femmes de couleur, le mouvement #BlackLivesMatter a donné naissance à #SayHerName (« dites son nom ») pour redonner une dignité humaine à ces femmes.

usa

Pour achever le tableau, les statistiques fédérales montrent qu’entre 2010 et 2014, le nombre de femmes incarcérées a augmenté de 18,1% alors que la population masculine dans les prisons régionales a diminué de 3,2%. La première cause de mortalité dans les prisons régionales est le suicide.

De plus, les Amérindiens et Amérindiennes ne représentent que 0.8% de la population mais 1.9% des personnes tuées par la police ce qui en fait une population particulièrement exposée (lien en anglais) et peu médiatisée.

En 2012, 122 femmes sont mortes en prison et 124 en 2013. Chaque année ce chiffre croît. Entre 2000 et 2013, 1630 femmes sont mortes en prison dont 347 qui se sont suicidées. Il faut noter que la grande majorité des personnes incarcérées dans les prisons régionales ne seront pas condamnées.

ImageProxy.mvc

Tous les rapports officiels sont là pour montrer l’accroissement des violences policières et des violences au sein des prisons où il n’y a plus personne pour filmer avec un téléphone portable. Rien ne change vraiment à part la détermination des mouvements comme #BlackLivesMatter, mais celui-ci devrait être élargi à d’autres groupes et plus spécifiques car les femmes sont particulièrement vulnérables face à ces violences étatiques.

Brigitte Marti , 50-50 Magazine USA

Photo de Une : Sandra Bland (extrait de Women In and Beyond the Global)

 

print