Articles récents \ Matrimoine Journées du Matrimoine: l’héritage culturel des femmes à l’honneur

Les journées du Matrimoine, première édition, c’était le 19 et 20 septembre. Plusieurs associations s’étaient associées au collectif Midi-Minuit du Matrimoine: chants, lecture, poésie, théâtres… des artivistes ont rendu visibles les créatrices oubliées de l’histoire de la culture. Rencontre avec Blandine Pélissier, metteuse en scène, comédienne, traductrice, co-fondatrice du Mouvement H/F culture et Simon Hatab, dramaturge et membre de H/F.

B. Pélissier © ERIC DIDYM

Photo Eric Didym

Pouvez-vous revenir sur les origines du collectif Midi Minuit du Matrimoine ?

C’est un collectif qui s’est monté spécialement pour lancer cette action Midi Minuit du Matrimoine. Nous sommes un collectif totalement informel qui rassemble des femmes et des hommes issu-e-s ou non de plusieurs associations féministes. Le collectif s’est monté avant l’été, c’est donc notre première action, organisée dans l’urgence.

Nous voulions quand même voir ce que cela pouvait donner, car il est important pour nous de parler du Matrimoine. Le Patrimoine est quand même à 95% masculin. On considère donc qu’il manque une moitié de ce Patrimoine. Pour arriver à un héritage global, il faudrait additionner le Patrimoine et le Matrimoine. «Héritage», c’est le mot que nous cherchons à réhabiliter pour remplacer le mot de Patrimoine.

Nous avons donc fait un appel à «artivisme» sur les réseaux sociaux : c’est une manifestation revendicative. Toute la journée, nous avons programmé en continu des slammeuses, des conteuses, des performeuses, des phrases de femmes écrites en blanc sur le sol, les Voix Rebelles qui chantent. Il y a des actions d’association comme Genre et Ville. Le Midi Minuit du Matrimoine est soutenu par plusieurs associations dont des associations espagnoles.

Nous espérons faire un événement beaucoup plus important et plus international l’année prochaine.

 

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Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans le mouvement HF Culture ?

Quand j’ai commencé à travailler dans le milieu de la culture et du théâtre, une des premières choses que j’ai découvert, c’est le rapport Reine Prat sur l’égalité hommes/femmes qui dressait un constat assez dramatique de la situation, avec l’idée que quand on est une femme, on a statistiquement plus de chances de réussir dans le domaine militaire que dans le domaine artistique. Il y avait quelque chose qui m’avait beaucoup interrogé dans ce rapport, c’était l’idée qu’un art qui se repliait sur lui-même, qui serait essentiellement dédié à la création masculine ou à une certaine classe sociale, est un art qui s’appauvrit et qui est moins créatif qu’un art ouvert. C’est cette idée qui a été à l’origine de mon engagement.

Comment cet engagement peut-il influencer votre travail ?

En tant que dramaturge, quand je travaille avec des metteur-e-s en scène, je vais être sensible à ces questions d’égalité, en particulier sur la distribution des rôles. Au théâtre, pour certain-e-s metteuses/metteurs en scène, ce n’est pas du tout un problème de travailler avec des distributions paritaires. Beaucoup d’autrices/ auteurs et de metteuses/metteurs en scène font des spectacles qui sont toujours aussi géniaux en mettant autant d’hommes que de femmes en scène. Je suis assez sensible aux programmateur-e-s qui programment des autrices.

Le théâtre a beaucoup évolué dans la deuxième partie du XXème siècle. Il y a eu le théâtre post-dramatique, le théâtre par collage, par fragments, et tout est vraiment fait pour que la metteuse/ metteur en scène ait une liberté absolue pour choisir les moyens de réaliser le drame sur scène. Ces contraintes liées au sexe des actrices et des acteurs ne devraient surtout pas être des entraves quand on monte une pièce de répertoire mais plutôt susciter des interrogations et être gages de créativité. De toutes façons, cette conscientisation ne peut qu’enrichir mon travail.

Propos recueillis par Guillaume Hubert et Joachim Caraschi 50-50 magazine

 

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Photos Marie-Hélène le Ny 50-50 magazine

 

 

 

 

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