Articles récents \ France \ Politique \ Monde 25 novembre : une journée internationale pour lutter contre les violences faites aux femmes

Dans le monde, une femme sur trois a déjà été victime de violences de la part d’un homme, souvent proche. En France, près d’un meurtre sur cinq est du à des violences conjugales. En 2014, 134 femmes en sont mortes. C’est en leur hommage et afin de mettre fin à ces féminicides et à tous les types de violences, qu’a lieu le 25 novembre la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

« Ces violences, comme l’écrit le Haut Conseil à l’Egalité Femmes/Hommes, génèrent et maintiennent des inégalités entre les femmes et les hommes dans tous les domaines. » Dans le cadre de son 4e Plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes, le gouvernement a décidé de mettre l’accent sur la promotion de la plate-forme d’écoute au 3919.

3919. La Fédération Nationale Solidarité Femmes rappelle que près de 40 000 appels ont été traités en 2014, qui provenaient de femmes dans 98% des cas, exposées à des situations de violences conjugales, sexuelles, de harcèlement au travail, de mariage forcé ou encore de mutilations sexuelles. En 2014? il y a eu  + 52% d’appels entrants  en plus et 2 fois plus d’appels traités. En appelant, ces personnes sont orientées vers un organisme qui saura répondre à leurs questionnements et leurs problèmes. Parce que de nombreuses femmes handicapées souffrent de violences, un autre numéro existe, celui de l’association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir au 01 40 47 06 06.

Hébergement. Les associations réunies il y a quelques jours lors d’une réunion au Ministère des Droits des femmes ont fait part de leur crainte concernant le manque de lieux d’accueil dédiés. En hôtel, cela pose le problème de la mixité. « Les femmes ne se sentent pas en sécurité et finissent par rentrer chez elles où elles ne sont pas sécurité... » c’est le constat dressé par la Secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes Pascale Boistard. Deuxième enjeu : savoir comment gérer l’après. « Il existe une vie après l’hébergement, mais pour cela il faut un accompagnement » a précisé  Pascal Boistard. Le gouvernement prévoit plus de 1650 nouvelles places d’ici 2017.

Enfants. 35 enfants sont décédés dans le cadre de violences conjugales l’année passée. Plus de 90% des enfants vivant au domicile où celles-ci s’exercent y sont exposés et 21,5% sont maltraités directement. L’insuffisance des actions de prévention à l’école a été pointée du doigt par Pascale Boistard.  Chaque année, trois séances  de prévention sur le thème des violences sexuelles et à caractère sexiste sont prévues dans les établissements scolaires (article L 312-16 du Code de l’éducation) mais «on est encore loin du compte» a rappelé la Secrétaire d’Etat .

Le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes a donc chargé le HCE f/h de rédiger un état des lieux des campagnes de prévention par l’éducation en cours dans les écoles. Améliorer la prise en compte de l’impact sur les enfants des violences dans le couple est l’une des cinq priorités du gouvernement pour 2016. On retrouve également dans les priorités,  la lutte contre les violences sexistes dans les transports déjà en oeuvre depuis le lancement de la campagne « Stop – ça suffit » lancée le 9 novembre. Le Ministère prévoit aussi de renforcer les mesures prises contre les violences sexuelles, de former de manière plus étendue les professionnel-le-s qui entrent en jeu dans les cas de violences, de même que l’amélioration de la prise en charge des victimes dans le système de santé.

Médias. A l’occasion de cette journée, plusieurs associations (Les Chiennes de garde, La CLEF, Femmes Solidaires et Osez le Féminisme !) ont tenu à mettre en garde les médias contre 10 expressions clés à bannir lorsqu’ils abordent les violences machistes. Non au « drames passionnels » car le « scénario proposé insinue que les victimes seraient actrice de leur destinée au même titre que leur bourreau » indique les associations. Elles rappellent également que l’on dit aujourd’hui les Droits humains et non plus les Droits de l’Homme parce que « la langue n’est pas neutre.» Bannir la sémantique sexiste est un devoir de vigilance constant pour les médias car on ne le répétera jamais assez : le 8 mars c’est toute l’année… et le 25 novembre également.

Lucie Faguais  50-50 Magazine

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Convention d’Istanbul

A l’échelle européenne aussi les luttes contre les violences font partie des priorités. La Convention d’Istanbul a été ratifiée par la France le 4 août 2014. Elle est autrement nommée la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Le 25 novembre doit être l’occasion de faire connaître au plus grand nombre ce véritable outil de politique internationale de lutte qui, comme le souligne la Ligue des Droits de l’Homme, montre que « les violences sont à la fois une cause et une conséquence des inégalités. »

La convention stipule que les Etats collaborent entre eux afin de créer « un cadre global de lutte contre les violences », que « tous les acteurs soient impliqués (gouvernements, parlements et autorités nationales, régionales et locales, organisations des droits de l’Homme et de la société civile) ». Elle rappelle également que « ni la culture, la coutume, la religion, la tradition ou le prétendu « honneur » ne peuvent être invoqués » pour affliger des sentences violentes à une femme. Sans oublier l’article 17 obligeant les Etats à mettre en place des « campagnes et programmes de sensibilisation ou actions d’éducation dans les structures scolaires, sportives, culturelles et de loisirs, sans oublier les médias » .

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