Articles récents \ France \ Politique Rose de la Fuente : les moyens manquent pour faire émerger les femmes politiquement

Rose de la Fuente est depuis longtemps impliquée dans la défense de l’environnement à travers la vie associative d’abord, elle est présidente d’une association de défense du patrimoine et de l’environnement, et puis aussi dans un engagement politique qu’elle considère citoyen. Elle a mené aux dernières élections municipales  une liste sans étiquette, «ensemble valorisons notre village» qui est arrivée très proche de la victoire. Elle s’est engagée dans la lutte contre l’exploitation du gaz de schiste qui menaçait sa région de Seine et Marne. Elle est aujourd’hui candidate, en troisième place, sur la liste de « rassemblement écologiste et citoyen » aux élections régionales en Seine et Marne.

Comment voyez-vous l’évolution de la représentation des femmes dans les instances locales avec, en toile de fond, les lois sur la parité?

Cela reste encore très difficile sur le terrain pour les femmes, parce que même si les listes sont paritaires il n’y a pas d’obligation à respecter l’ordonnancement après l’élection ce qui constitue un déni démocratique. C’est à dire que l’ordre des candidat-e-s est obligatoire à la présentation des listes mais n’est pas respecté après l’élection donc les hommes s’autoproclament aux postes.

Pour exemple, dans ma commune, après les dernières élections municipales,  la numéro deux femme qui aurait dû être première adjointe s’est effacée après le vote et le numéro trois homme s’est autoproclamé premier adjoint à sa place. Au final, c’est un duo homme dans la gouvernance de la commune.

Et dans la communauté de commune, nous avons trois femmes maires sur vingt-deux. Pour moi c’est un échec de la loi sur la parité, car les moyens manquent pour faire émerger les femmes politiquement. Mon observation est que les femmes sont découragées. Lors des dernières élections municipales, dans la liste d’opposition où j’étais tête de liste, il y a eu cinq élu-e-s, trois femmes et deux hommes. Les deux femmes élues de ma liste ont été intimidées et ont rejoint la majorité ne supportant plus d’être en opposition frontale avec le maire et son adjoint particulièrement arrogants et offensifs.

 

Le constat semble décourageant, pouvez-nous nous parler de la répartition des taches dans les instances locales.

Je suis conseillère communautaire en Seine et Marne, et le constat est que dans certaines commissions ne sont présents que des hommes. En particulier,  il n’y a aucune femme qui siège à l’aménagement du territoire ou  à la mutualisation des moyens de transport. On retrouve là les clivages de la société. Ce constat m’amène à penser que seuls les hommes parviennent à libérer du temps le soir.

Dernièrement, j’étais la seule femme élue présente à une réunion sur les transports scolaires.

De même, lors d’une réunion sur la mutualisation des moyens (engins de déneigement) j’ai fait le constat de la masculinisation du débat,  j’étais de nouveau la seule femme. Ma position était très difficile face à une vingtaine d’hommes, heureusement mes études en génie civil m’ont aidé à faire entendre ma voix, mais cela restait très difficile.

 

Maintenant vous êtes en campagne pour les élections régionales, comment voyez-vous l’évolution de la représentation des femmes ?

En ce qui concerne notre liste rassemblement citoyen et écologiste, j’observe que les femmes sont présentes et audibles et notre tête de liste est l’incarnation d’une femme de conviction qui défend la place des femmes dans notre société. Je fais aussi le constat qu’une femme députée-maire d’une autre tendance politique est venue me serrer la main chaleureusement lors de la campagne. Je prends cela comme un signe positif et d’encouragement du combat des femmes en politique.

Le chemin reste long et semé d’embuches pour que les femmes soient reconnues porteuses d’un renouvellement sociétal nécessaire.

Au cours de ma campagne, j’ai pu rencontrer des femmes exceptionnelles, notamment une cheffe d’exploitation agricole bio, qui se bat pour défendre la biodiversité des légumes, pour transmettre aux générations futures les espèces anciennes malgré une législation aberrante et contraignante sur les semences.

Je constate que les femmes sont très actives dans les domaines qui touchent l’environnement.

De plus, dans notre liste deux femmes de sensibilité politique différente ont su rassembler pour être une force de propositions dans notre région.

Maintenant, le scrutin nous dira si ce rassemblement a pu convaincre et toucher la population.

Brigitte Marti 50-50 magazine

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