Chroniques LE DERNIER MOT D'ANNIE Deux affaires sans le moindre rapport : celle de la Gare de Cologne et celle du 36 Quai des Orfèvres ?

Dans la première affaire, des centaines de femmes ont été victimes de violences sexuelles, voire même de viols, dans la gare de Cologne.

Les réfugiés syriens sont pointés du doigt. Du coup, voilà que l’on plonge dans le débat politique. La droite et la gauche s’enflamment, pour des raisons diamétralement opposées. Traduisez pour la droite: «ils» ne sont pas civilisés et pour la gauche «n’en parlons pas, ça va provoquer du racisme.»

Rien à voir naturellement avec les «viols ordinaires» qui sont un véritable fléau social dans tous les pays y compris en France où l’on estime le nombre de viols à 75.000 par an soit 1 femmes violée toutes les 40 minutes. Ceux-là sont classés systématiquement dans la rubrique «fait divers», alors que les informations sur la gare de Cologne basculent dans la rubrique «fait politique.» Personnellement je n’excuse ni les uns ni les autres. Et la lutte antiraciste ne me ferai jamais taire la lutte antisexiste.

L’autre affaire, c’est celle du 36 Quai des Orfèvres, qui met en cause des policiers pour présomption de viol sur une jeune canadienne en avril 2014 dans leurs propres locaux.

Pain béni pour ces policiers, le rapport d’expertise réalisé sur la jeune canadienne a fuité dans les médias. Selon les deux experts qui ont examiné la victime, celle-ci, qui était ivre au moment des faits, se serait montrée «over friendly.» Mot parait-il intraduisible en français, mais qui selon le journaliste qui commentait l’info, signifierait «excessivement aguichante.» De plus, toujours d’après les experts, la jeune fille aurait tendance à en rajouter, elle leur aurait en effet confié «ce soir-là, ils auraient pu me tuer !»

En conclusion il est conseillé à la juge d’instruction de se fier davantage aux faits qu’aux dires de la victime ! Décidément les clichés ont la vie dure. Elle n’avait qu’à pas boire, elle n’avait qu’à pas être aguicheuse. Elle n’avait qu’à pas avoir peur de mourir, un viol c’est pas la mort tout de même !

Pourquoi ce matin ai-je fait le rapprochement entre ces deux affaires ? Sans doute d’abord parce que je les ai entendues toutes les deux, presqu’en même temps, en me réveillant. Et puis parce que j’ai envie de crier ma haine pour tous ceux qui violent, quelle que soit leur couleur de peau, leur religion, leur origine, leur uniforme, les raisons qu’ils avancent pour justifier leur acte ignoble. Misère sexuelle ou non. Jeunes femmes aguichantes ou non, je me sens solidaire tout autant des Allemandes qui ont été violées à la gare de Cologne que des Allemandes violées par un petit ami, ou des réfugiées syriennes qui l’ont été par un passeur ou un compagnon de voyage. Ou d’une jeune canadienne qui pensait que Paris au mois d’avril ce n’est que beauté.

Annie Sugier 50-50 magazine

print