Articles récents \ Europe Interdiction de l'avortement en Pologne : les réactions des féministes

Alors que la Pologne avait une des lois les plus restrictives d’Europe en termes d’avortement, un projet de loi anti-avortement a été adopté en première lecture à la Diète. La loi polonaise autorisait jusqu’ici l’IVG dans trois situations : lorsque la vie de la mère est en danger, en cas de grossesse due à un viol ou à un inceste, si l’embryon présente une pathologie incurable. Le nouveau projet de loi balaie ces trois conditions, tourne le dos aux Droits Humains en toute impunité. Les féministes manifestent leur indignation et leur volonté de continuer résolument le combat.

 Le HCE appelle à une réaction forte des dirigeant.e.s et autorités Européennes contre l’interdiction totale du droit à l’avortement en Pologne

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes s’inquiète de voir le Parlement polonais en passe d’adopter une loi interdisant totalement l’avortement – même en cas de viol ou d’inceste – qui exposerait les femmes et adolescentes, comme les médecins et personnels soignants, à une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement.
Le HCE condamne avec la plus grande fermeté cette proposition de loi liberticide et réactionnaire, contraire aux droits humains et, au premier chef, aux droits des femmes, qui aurait pour effet de priver les femmes polonaises du droit à disposer librement de leur corps et à décider de leur propre vie, à commencer par le choix du nombre de leurs enfants et de l’espacement de leurs naissances. L’autonomie des femmes repose sur la maîtrise individuelle de leur fécondité.
Les lois interdisant l’avortement pour enfermer les femmes dans un rôle de reproductrices, répondant aux injonctions des autorités, des églises ou de la domination masculine, renvoient à des périodes autoritaires et sombres en Europe. Décidément, les droits des femmes sont les premiers droits humains bafoués, le sort qui leur est réservé constituant un véritable baromètre de la démocratie.
Cette violation de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes polonaises contreviendrait aux obligations internationales librement consenties par la République de Pologne, et notamment :

  • La Convention sur l’Élimination de toutes les formes de Discrimination à l’encontre des Femmes de 1979
  • La déclaration et le Programme d’Action de la Conférence de Pékin de 1995 qui met en évidence « la nécessité d’éviter les avortements non sécurisés et leurs complications pour les femmes »
  • La Convention européenne des Droits humains : la Cour de Strasbourg a déjà sanctionné la violation par la Pologne de l’article 3 sur le Droit à la vie et de l’article 8 sur le Droit au respect de la vie privée et familiale.

Cette régression des droits des femmes dans l’un des Etats-membres de l’Union européenne est inacceptable. Le HCE appelle les Etats-membres de l’Union européenne, comme les Présidents du Conseil, de la Commission et du Parlement européens à réagir avec la plus grande fermeté. Parce qu’il doit être garanti par les institutions européennes pour toutes les femmes, le droit à l’avortement doit être inscrit dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
Haut Conseil à l’Egalité F/H
 

En Pologne et ailleurs, le droit à l’IVG est un droit fondamental

Ce matin,  le Parlement polonais a rejeté le projet de loi libéralisant l’avortement et poursuit ses travaux concernant une autre proposition de loi qui prévoit l’interdiction quasi-totale de la pratique de l’IVG. Cette loi fera de la Pologne le pays européens à la législation la plus restrictive en matière d’avortement.
Pourtant, la mobilisation importante des féministes polonaises au printemps dernier pour dénoncer ce projet de loi inique avait eu un large écho.  Les cintres brandis par les manifestantes lors de la manifestation du 10 avril à Paris entendaient rappeler les ravages physiques et psychologiques qu’entrainerait un retour à des pratiques, que l’on espérait à jamais révolues, d’avortements clandestins.
Sans  même parler d’assouplissement des législations les plus contraignantes en matière de droits sexuels et reproductifs des femmes, dont il n’est pas fortuit qu’ils soient sous influence d’une religion d’état ou d’un clergé aussi puissant que rétrograde, c’est à une offensive de régressions que l’on a assisté ces dernières années, y compris dans des pays voisins.
Tout récemment, le parlement irlandais a rejeté un projet de loi tendant à assouplir, de façon pourtant timide, les conditions de recours à l’IVG. En 2014, ce n’est  que devant l’ampleur d’une mobilisation féministe nationale et internationale que le gouvernement espagnol, qui voulait supprimer le droit à l’avortement, avait été contraint de reculer.
Dès lors que les droits sexuels et reproductifs ne sont pas inscrits dans la Charte européenne des droits fondamentaux, ils dépendent des législations de chaque pays et sont soumis à toutes sortes d’attaques et de dérives populistes. Par ailleurs les lobbies anti avortement s’attachent à tenir les leviers des initiatives citoyennes et à investir les instances européennes. Plusieurs rapports progressistes ont ainsi été rejetés, tels ceux d’Edite Estrela et de Cristina Zuber.
Fidèle à son appel international lancé lors de la 60ème CSW à New York, en mars dernier, la CLEF continue de revendiquer que toutes les femmes disposent librement de leurs corps et  vivent dans la dignité, le respect de leur intégrité physique et à l’abri des violences dans tous les pays du monde.
La CLEF demande la dépénalisation universelle de l’avortement et son inscription dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF)
 

Pologne. L’interdiction de l’avortement constituerait un dangereux retour en arrière

Des militants et militantes d’Amnesty International participent dimanche 18 septembre à des manifestations à Varsovie, à Londres et dans d’autres villes pour protester contre le projet de modification de la loi sur l’avortement en Pologne.
Il est prévu que ces modifications soient débattues au Parlement entre le 21 et le 23 septembre. Si elles sont adoptées, ces modifications entraîneront une interdiction quasi totale de l’avortement.
« Les femmes et jeunes filles qui auront cherché à avorter ou qui auront avorté seront susceptibles d’être poursuivies en justice et la peine d’emprisonnement maximale pour quiconque aura aidé ou encouragé une personne à avorter sera portée de trois à cinq ans », a déclaré Gauri van Gulik, directrice adjointe du programme Europe à Amnesty International.
« La loi polonaise sur l’avortement est déjà l’une des plus restrictives d’Europe. Ces modifications mettraient les femmes et les jeunes filles en danger et placeraient les médecins dans des situations impossibles. Comme le montre la situation dans d’autres pays, ce sont les femmes qui subissent les conséquences de ces lois draconiennes, au péril de leur santé et parfois de leur vie. »
« Une femme qui a besoin d’un avortement n’est pas une criminelle et les décisions concernant son corps et sa santé ne devraient jamais être confiées à la classe politique. »
Amnesty International
 

Avortement en Pologne : Solidarité !

Dimanche 2 octobre, des dizaines de milliers de personnes sont attendues à Lotz pour une grande manifestation contre l’interdiction totale de l’avortement par le Parlement Polonais, par une loi encore plus restrictive que celle de 1993 déjà très dure.
Mettre fin à une grossesse deviendra un acte criminel, complètement interdit et puni, même en cas de viol, même en cas d’inceste, même en cas de danger pour la vie de la femme enceinte, même en cas de graves malformations ! Plus aucune dérogation, la femme est coupable, elle doit payer !
Les forces conservatrices anti-avortement sont très puissantes en Pologne et reviennent sans arrêt à la charge, tentant d’épuiser celles et ceux qui défendent la liberté des femmes d’avoir ou pas un enfant.
Partout en Europe, les acquis des femmes, gagnés après de longues et rudes luttes, sont continuellement menacés :

  • Nous ne pouvons pas tolérer  que les politiques et/ou  les religieux décident de notre vie, de nos choix, à notre place ;
  • Nous ne pouvons pas tolérer que les choix de groupes extrémistes soient imposés à toutes et tous ;
  • Nous voulons que, partout en Europe, l’avortement soit entièrement légalisé.

En solidarité avec les femmes polonaises sont organisés des rassemblements, le dimanche 2  octobre, devant l’ambassade et les Consulats de Pologne en France.
Partout où cela est possible, faisons entendre notre solidarité !
Coordination Française Marche Mondiale des Femmes
 

Contre l’interdiction totale de l’avortement en Pologne

Appel de féministes de Pologne.
Vous étiez avec nous en avril pour protester contre le projet de loi interdisant l’avortement en Pologne. La bataille continue, ce projet est actuellement devant l’Assemblée et risque de passer. Nous ne sommes pas d’accord. Aidez-nous à montrer notre soutien aux femmes en Pologne.
Retrouvez nous devant la stèle de Solidarnosc aux Invalides, venez déposer les avis d’obsèques des droits des femmes en Pologne.
On vous attend le dimanche 2 octobre à 15h devant l’Ambassade de Pologne,1 rue de Talleyrand 75007 Paris.
Collectif National pour les Droits des Femmes 
 
50/50 Magazine
Article réactualisé le 29/09/16
Lire notre article Pologne : guerre contre les femmes, guerre contre la démocratie

print