Articles récents \ Monde \ Politique Une convention républicaine qui admet ouvertement le sexisme comme règle politique

A l’occasion de l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, nous republions cet article sur les rapports entre le milliardaire et les femmes. Oui, cette nomination est une très mauvaise nouvelle pour les droits des femmes.

C’est fait, Donald Trump vient d’être couronné par la convention républicaine à Cleveland. Il est maintenant le candidat officiel à la présidence des Etats Unis. Après trois jours d’un grand show clamant haut et fort la défense de la liberté et célébrant la grande Amérique à laquelle il faut restaurer toute sa grandeur, l’investiture est venue en apothéose.   

Dans la salle des signes se sont levés, « Women for Trump » (les femmes pour Trump). En réalité, les femmes de Trump font partie de cette société spectacle à laquelle Trump appartient, la société sexiste, machiste toujours patriarcale, la société faussaire qui supplante tout.
Trump n’a jamais caché sa vision perturbée des femmes ; par exemple il n’a pas hésité à dire que les femmes sont essentiellement des objets esthétiques faits pour le plaisir. Bien évidemment, le pire sort est réservé à celles qui ne rentrent pas dans la catégorie des beaux objets de plaisir.
La candidature de Trump est elle-même un reflet du sexisme politique qui ne fait que grandir avec la montée des extrêmes droites teintées de religiosité. Les aspirations politiques de l’opportuniste et le narcissique Trump ont elles-mêmes évoluées, d’abord démocrate défenseur du droit à l’avortement, il est devenu républicain condamnant ce même droit et les femmes qui ont recours à cette procédure.
Les autres candidats à la primaire républicaine ont rivalisé avec Trump dans leurs propos anti-femmes. Mais Donald Trump les a tous dépassés sur le registre des propos vulgairement sexistes.
La liste est longue, en voici quelques exemples :
En 2006, il s’en est pris à la comédienne lesbienne Rosy O’Donnel, animatrice de show qui avait fait quelques remarques sur le sexisme de Trump ; il avait répondu en disant qu’elle était dégoûtante et aussi peu attractive dedans que dehors. En 2013, il avait avait attaqué son physique et menacé d’envoyer une de ses jolies amies pour lui piquer sa compagne.
En 2011, lors d’une procédure légale immobilière, il avait également traité de « dégoûtante » une avocate qui devait s’interrompre pour allaiter son bébé.
En avril 2015, il s’en est pris a Hillary Clinton, affirmant que si Bill s’était lâché avec Monica Levinsky s’était simplement parce que Hillary ne le « satisfaisait » pas et donc qu’elle ne pourrait donc pas « satisfaire l’Amérique » ( » If Hillary Clinton can’t satisfy her husband what makes her think she can satisfy america « )
Et puis, il a écrit dans son livre The Way of Success que les femmes étaient essentiellement des objets plaisants esthétiquement… de belles constructions.
Quant aux femmes journalistes il leur dit « vous ne devriez pas avoir ce job si vous n’êtes pas belles. » Les femmes journalistes qui ont à faire à lui, ont droit à toutes sortes de remarques. Gail Collins, journaliste/éditorialiste du New York times a écrit sur les mythes développés par Trump pour sa campagne ; par exemple le mythe de l’homme d’affaires à succès ou le mythe de l’homme invincible parce qu’armé jusqu’aux dents. En 2011, elle avait aussi évoqué les rumeurs de faillite de l’entreprise Trump. En guise de réponse, il avait renvoyé son article avec sa photo cerclée et un commentaire, « la figure d’une chienne. »
En 2012, Donald Trump avait insulté Arianna Huffington, la créatrice du Huffington Post, comprenant, pourquoi son mari l’avait quitté. Il a réitéré les insultes en 2015 la traitant de  » femme laide ».
Mais il ne s’est pas limité à insulter les femmes de la presse progressiste. La journaliste Megy Kelly, de Fox Télévision, la chaîne d’extrême droite, était la modératrice du premier débat télévisé de la primaire Républicaine en août 2015. Dans ses questions, elle avait particulièrement insisté sur les accusations de sexisme envers le candidat Trump. Il l’a ensuite traité de « bimbo », déclarant ensuite qu’elle avait du sang qui coulait de ses yeux mais pas que de là…

Une forte opposition aux droits sexuels et reproductifs
Mais voilà, usant de son droit de regard et de décision sur la vie des femmes, lors de la campagne, il a aussi expliqué, en mars 2016, qu’une femme ayant avorté devrait être punie d’une façon ou d’une autre. Apràs des tollés d’indignation, il s’était quelque peu rétracté précisant que finalement ce serait les médecins qui seraient punis.
Il faut savoir qu’il s’était toujours déclaré en faveur de l’avortement jusqu’à ce qu’il annonce ses nouvelles ambitions politiques très conservatrices. Pour lui la décision de la Cours Suprême « Roe versus Wave » qui a permis le droit à l’avortement aux Etats Unis, devrait être renversée et l’avortement interdit avec des exceptions. Il a confirmé son opposition aux droits sexuels et reproductifs pour les femmes en choisissant comme colistier Mike Pence, le gouverneur de l’Indiana, connu pour ses positions réactionnaires et anti femmes. Il représente la droite américaine décomplexée  qui n’a pas peur d’utiliser une politique fallacieuse pour gagner le pouvoir.
Si des propos scandaleusement faux ou offensants sont dénoncés, Mike Pence recommande de ne jamais s’excuser mais au contraire d’en rajouter. Il ne connaît lui-même aucune limite dans l’indécence morale et sociétale. Il a soutenu une loi rendant légales les discriminations contre les LGBT.
Il est littéralement obsédé par sa bataille anti-avortement et anti-femmes/minorités. Il a soutenu une loi d’un juge fédéral qui visait à interdire l’avortement de fœtus mal formés, obligeant aussi les femmes ayant eu un avortement à organiser, donc payer, l’enterrement ou la crémation du fœtus avorté.
De même, il a été leader des attaques contre les « planned parenthood » (planning familial) s’en prenant à leur dotation publique. Dans l’Indiana au moins cinq centres ont déjà fermé. C’est dans son Etat que Purvi Patel a été condamnée à 20 ans de prison, avec la bénédiction de Mike Pence, pour un auto avortement ou une fausse couche, les circonstances étant bien floues car jamais les droits de Purvi Patel à disposer de son corps n’avaient pris le pas sur la punition à lui infliger. Cette condamnation vient d’être infirmée par une cours de justice.
Voici donc l’équipe gagnante de la convention du Parti républicain qui vient de se terminer. Nul doute que les femmes qui défendent leurs droits à être membres de la société à part égale ont de bonnes raisons d’être inquiètes. Mais cette situation, certes extrême, montre à quel point les droits des femmes et donc aussi des minorités sont le reflet de la situation politique des pays. La société spectacle et son show mené par des communicant-e-s n’a que faire de l’égalité femmes/hommes, elle produit des discours sans profondeur condamnant l’étranger, le pauvre, raillant les femmes et les opposant-e-s et permettant toutes sortes de déclarations machistes, va-t-en-guerre.
Donald Trump a lui-même reconnu, dans son discours d’investiture, que l’on ne pouvait plus se permettre d’être politiquement correct, il a oublié de préciser que l’on ne pouvait donc plus se permettre de réfléchir aux réels enjeux d’une société.
Brigitte Marti 50/50 Magazine
Article publié le 26 juillet 2016

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