Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes Genre et politique française étrangère : des ambitions mais les moyens suivront-ils ?

La troisième stratégie du gouvernement en matière d’intégration du genre à l’action extérieure de la France vient d’être dévoilée par Jean-Yves le Drian. Coordination SUD, tout en saluant les efforts du texte et la volonté de porter officiellement une diplomatie féministe, regrette le flou des annonces en matière de financement.
La nouvelle stratégie française de promotion du genre du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a été présentée à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. Le ministère réaffirme ainsi l’engagement de la France en matière de promotion de l’égalité femme-homme, décrétée grande cause du quinquennat.
L’adoption de ce nouveau document d’orientation stratégique avait été annoncée le 8 février par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement. Le texte s’inscrit dans la continuité des deux précédentes stratégies de 2007 et 2013.
Coordination SUD salue les efforts de cette nouvelle stratégie étendue au-delà des questions de développement à l’ensemble du champ d’action du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Des évolutions bienvenues par rapport au précédent document, notamment la volonté affichée du Ministre d’adopter la terminologie des « droits Humains » à la place de celle des « droits de l’Homme ».
Pour Nicolas Rainaud, chef de file de la commission Genre et développement de Coordination SUD « les recommandations menées par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, nourries par l’expertise des organisations de la société civile ont été globalement prises en compte. »
Coordination SUD reste cependant dubitative, sinon déçue par le recyclage de l’objectif de 50 % d’aide publique au développement sensible au genre, cible de la précédente stratégie qui n’a pas été atteinte. Pour Vincent Pradier, secrétaire général de Coordination SUD et délégué général d’Etudiants et développement, « 50 %, c’était déjà l’objectif de la précédente stratégie, et il n’a pas été atteint. C’est un objectif à minima, et on pouvait s’attendre à une ambition plus forte pour cette nouvelle stratégie, notamment sur les projets genre ».
Coordination SUD et ses membres resteront vigilants à ce que cette stratégie soit assortie de moyens et soit dotée d’un budget pluriannuel.
« Il est important de garder à l’esprit que la question des moyens n’est pas uniquement technique. Il est impératif de préciser les modalités et canaux de financement, ainsi que les mécanismes de suivi des engagements pris» insiste Philippe Jahshan, président de Coordination SUD.
 

Réaction de Coordination SUD au discours de Marlène Shiappa à la CSW 

 
Moins d’une semaine après le lancement de la stratégie de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes le 8 mars, le discours de la ministre Marlène Schippa, à l’occasion de la 62e Commission de la condition de la femme des Nations unies ( CSW ) à l’ONU, fait bouger les lignes : des termes tels que « droits humains », « diplomatie féministe » ou encore « droit à l’avortement » ont été prononcés sur la scène internationale. Ce discours volontariste est essentiel et courageux : il porte des combats importants et dénonce l’attitude de certains pays conservateurs. La France a également profité de ce discours pour annoncer une contribution de 10 millions d’euros en faveur de l’initiative She Decides. Coordination SUD se réjouit de ces financements ainsi que de l’effort fait par le gouvernement de comptabiliser précisément ce qui relève des droits et santé sexuels et reproductifs.
 
Coordination SUD
 
 
 

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