Articles récents \ Culture \ Théâtre Artemisia project, des enjeux féministes au croisement de la danse et du théâtre

Nouvelle création de l’Artistique théâtre accueillie par le Théâtre du Soleil, Artemisia project mêle danse et théâtre pour nous emmener dans un univers à la fois réaliste et onirique. Lucile Cocito, metteuse en scène et Shaula Cambazzu, chorégraphe ont choisi l’écriture plateau, la mise en scène et les chorégraphies s’affinant au fil des répétitions, pour un spectacle où la danse des corps dialogue avec les mots des comédien.ne.s. A travers les portraits croisés de femmes d’ici et d’ailleurs se dessinent alors les enjeux d’un féminisme contemporain.

Comédienne dans différentes compagnies, puis assistante à la mise en scène d’Ariane Mouchkine au Théâtre du Soleil, Lucile Cocito retrouve pour cette nouvelle création, Artemisia Project, Shaula Cambazzu, chorégraphe, danseuse et comédienne avec qui elle travaille depuis 2004. Ecrit à quatre mains, ce spectacle est donc le fruit d’une complémentarité des regards, du théâtre à la danse. Le titre de la pièce, Artémisia, fait référence à Artemisia Gentileschi, peintre de la Renaissance et première femme à entrer aux Beaux-arts en Italie. Il témoigne de leur engagement féministe, et de leur intérêt pour la place des femmes dans la société.

Artemisia, une femme d’aujourd’hui

Artémisia est une femme battante. Tiraillée entre sa famille monoparentale (elle élève seule ses deux enfants), son emploi à la radio, ses passions, ses engagements, elle déploie, comme beaucoup de femmes aujourd’hui, une énergie quotidienne pour conjuguer sa vie personnelle et professionnelle. Ses changements de costumes, d’accessoires, de perruques sont autant de symboles de la multiplication des fonctions que remplissent les femmes dans leur vie. Souvent virevoltante, parfois compulsive, de temps en temps épuisée ou découragée, elle incarne la charge mentale qui pèse sur les femmes dans une société où, si elles ont progressivement acquis une place plus importante pour développer des projets personnels ou s’inscrire dans le monde professionnel, elles sont toujours au cœur de l’éducation des enfants et du bon fonctionnement de l’espace domestique.
Artemisia nous fait partager quelques instants de la vie d’une femme, avec énergie, réalisme, et aussi humour.

Des portraits croisés de femmes à travers la danse

A l’énergie d’Artémisia, femme de conviction, répondent des scènes chorégraphiées. Chacune d’entre elles propose un univers différent, des instants de vie de personnages, qui, sans être amenés à croiser Artémisia, offrent un panorama des problématiques auxquelles sont confrontées les femmes, d’où qu’elles viennent. Poétiques et oniriques, décalés, comiques, violents, énergiques, les corps des danseurs dressent des portraits de femmes à travers des bribes de leur vie, comme autant d’échos au personnage d’Artémisia.
Femmes migrantes devenues fantômes, ballottées au gré des flots, femmes artistes réfugiées, femmes enfermées dans leur propre corps ou s’en libérant, la danse fait parler les corps dans une série de tableaux en mouvement.
A travers les faisceaux croisés de toutes ses vies résonnent alors les questions du féminisme contemporain : comment être une femme active dans une société patriarcale ? Quelle place pour le corps féminin ? Qu’est-ce qu’être une femme réfugiée ? Quelle parole l’art peut-il donner aux femmes ?
Si la pièce ne propose pas de réponse, elle nous ouvre des perspectives, et tout en nous faisant rêver et même sourire, offre une réflexion sur ce qu’est être une femme aujourd’hui.
Marion Tilly 50-50 magazine
Spectacle joué au Théâtre du Soleil à la Cartoucherie de Vincennes, jusqu’au 1er avril 2018, du mercredi au dimanche.
 
 
 
 
 
 

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