Articles récents \ Monde Le G7 2019 sera féministe ou ne sera pas !

A la veille du début de la présidence française du G7 en 2019, ONG et associations investies sur les droits des femmes ont lancé, le 18 octobre dernier, le 1er évènement de mobilisation pour « Ancrer les droits des femmes au cœur du G7 ». Il s’est tenu à l’Assemblée Nationale, en présence de membres de la société civile et associative, de parlementaires, ainsi que de membres du gouvernement. Toutes et tous s’étaient réuni.es pour échanger sur les enjeux de ce futur G7 qui sera féministe ou ne sera pas !

Assurer la relève sur les droits des femmes après le G7 canadien

Le Canada, qui a accueilli le G7 2018 en juin dernier, a permis de poser des premières bases solides sur les enjeux liés aux droits des femmes. Présente à l’Assemblée Nationale, Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada en France et co-présidente du Conseil consultatif sur l’égalité des sexes, a exprimé tout son soutien au renouvellement du Conseil consultatif par la France en 2019. Riche de son expérience, elle a partagé quelques recommandations : s’assurer que la composition du Conseil consultatif soit représentative des pays du G7, et surtout ouverte à d’autres pays, et maintenir le rôle transversal de ce Conseil, afin que l’ensemble des décisions prises par le G7 intègrent les questions d’égalité femmes/hommes.

L’engagement de la France en faveur des droits des femmes ne doit pas s’arrêter à la reconduction du Conseil consultatif : l’égalité femmes/hommes, grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron doit avoir une place prépondérante lors du G7. C’est la demande qui a été portée par Philippe Levêque et Aurélie Gal-Régniez, respectivement directeur général de CARE France et directrice d’Equilibres et populations. Dans un contexte à venir qui s’annonce plutôt hostile aux droits des femmes (au regard notamment de la présidence saoudienne du G20 en 2019 et de la présidence américaine du G7 en 2020), les membres de la société civile investis sur les droits des femmes ont des demandes précises pour la France :

  • la transversalité des questions d’égalité femmes/hommes dans l’ensemble de l’agenda du G7,
  • des engagements financiers clairs en la matière,
  • l’organisation d’une rencontre ministérielle sur les droits des femmes en amont du sommet des leaders du G7,
  • la poursuite de la mission du Conseil consultatif sur l’égalité des sexes, tout en étant plus représentatif de la société civile des pays du Sud,
  • l’organisation d’un événement Women 7 représentatif de l’ensemble des voix des femmes : il s’agit d’un événement crucial qui permettra aux associations féministes françaises et internationales et aux ONG de solidarité internationale de remettre des recommandations précises aux membres du G7 sur les droits des femmes.

Être à l’écoute des réalités du terrain

Afin que les décisions du G7 puissent avoir un réel impact sur la vie de femmes, il ne doit pas être déconnecté du terrain et de la réalité des besoins. C’est ce qu’ont rappelé Alice Ackermann du Planning Familial et Florence Jacques du Centre d’Information sur les Droits des Femmes et de la Famille en abordant notamment les difficultés du quotidien de leurs associations, qui n’ont souvent pas assez de moyens pour répondre aux besoins des femmes au niveau local.

Pour parler de ces enjeux à l’international, Dialikatou Diallo, présidente du mouvement d’action des jeunes de l’association sénégalaise pour le Bien-Être Familial, devait être présente, mais elle n’a pas pu obtenir son visa. Il est nécessaire que le gouvernement français prenne des mesures pour que ce type de contraintes administratives, freinant la mobilisation internationale, soient levées lors de prochains évènements de rassemblement en amont du G7. Cependant, à travers la voix d’une collègue, le message de Dialikatou Diallo a pu être entendu. La jeunesse sénégalaise est confrontée aux problèmes d’accès aux services de santé avec sous-jacent les problèmes d’avortements clandestins avec le viol en toile de fond et le besoin d’un meilleur accès à l’éducation.

 

La parole de la jeune ONG Humanity Diaspo présente le 18 octobre

 » Inutile de rappeler que l’égalité des sexes étant l’objectif 5 des Objectifs de Développement Durable d’ici 2030 et que la France, ne serait-ce que dans l’égalité des salaires, bat encore en retraite. Nous nous devons de suivre cette initiative sur l’égalité des sexes et l’idée que la société civile et les ONG soient considérées comme des parties prenantes à part entière, voire comme les porteuses de cette parole mésestimée, repose comme une noble responsabilité à honorer avec ambition et humilité. Alors, il me semble fondamental que l’on s’en saisisse comme un des moyens de mettre en lumière toutes les carences en la matière en France. Non pas, dans un positionnement de donneur de leçons mais davantage en tant qu’instigateur de cette bonne volonté à mettre en œuvre dans les politiques publiques et dans le quotidien de chaque femme et jeune fille en France, mais pas seulement !

Le G7 invite les leaders du monde entier, alors n’oublions pas celles dont la voix est étouffée dans leurs pays d’origine et celles en situation d’exil et de migration, qui souffrent de violences sexuelles, de viols et de trafic d’êtres humains durant leur parcours migratoire. Incitons les terres d’accueil et de transit, tout comme la France, l’Italie, la Grèce, la Turquie, le Maroc, la Lybie à leur donner accès à des prises en charge psychologiques dédiées et à un des examens médicaux et gynécologiques, de façon inconditionnelle. Elles sont femmes et nous nous devons de porter ce message aux plus hautes instances étatiques mondiales. Nous qui avons la chance de pouvoir dénoncer, soyons les actrices du changement. Et, je garde en tête une seule phrase pour ligne directrice de notre contribution à ce travail collectif : « le G7 sera féministe ou ne sera pas ! »

Hamra Rana

Il a également été question de l’importance de l’autonomisation économique des femmes à travers l’intervention de Miren Bengoa, déléguée générale de la Fondation Chanel. Favoriser l’accès des femmes à une formation ou à un métier, c’est diminuer en partie le risque de mariages précoces.

La France doit maintenant s’emparer de ces constats pour agir en faveur du renforcement de ces droits dans le cadre du G7.

Quelle mobilisation de la France, pour le prochain G7, sur les droits des femmes ?

Le 18 octobre dernier, Mireille Clapot, co-rédactrice de 100 recommandations pour une diplomatie féministe et marraine de événement, et Pierre Cabaré, vice-président de la Délégation droits des femmes à l’Assemblée Nationale, ont tous deux appelé le Parlement à s’engager pour un G7 féministe, ainsi que le gouvernement français à se montrer ambitieux, notamment en termes de financements dédiés à cette cause.

Le gouvernement français a été représenté lors de cet événement par Jean-Marc Berthon, conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, et Cyrille Pierre, directeur du Développement Durable du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Ils ont rappelé l’engagement de la France pour une diplomatie féministe, notamment avec l’adoption au printemps dernier de la stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Ils ont aussi annoncé certaines mesures qui seront prises lors du G7 français :

  • la mise en place d’un bouquet législatif présentant les lois ambitieuses sur la question de l’égalité des sexes et qui aura pour vocation d’inciter les États du G7 et d’autres à adopter à leur tour ces lois progressistes,
  • la tenue d’une réunion ministérielle sur les droits des femmes,
  • la création d’une facilité financière de 100 millions d’€ de l’Agence Française de Développement dédiés à l’égalité femmes/hommes.

Cet événement « Ancrer les droits des femmes au cœur du G7 » a permis de fixer les bases, prometteuses, de la mobilisation en faveur d’un G7 féministe. Un mouvement de la société civile sur les enjeux de droits des femmes et G7, initié par CARE France et Equilibres et Populations, a déjà été rejoint par 11 associations. L’engagement de travailler ensemble est donc bel et bien pris et se matérialisera notamment par l’organisation d’un Women 7 en France au printemps prochain pour transmettre aux pays membres du G7 des recommandations clés.

 

Brigitte Marti 50-50 magazine, Sophie Chassot Care, Nicolas Rainaud Equilibres et Populations

 

Les associations souhaitant se mobiliser autour de cet enjeu des droits des femmes en amont du prochain G7 sont invitées à rejoindre la coalition d’organisations, notamment en écrivant à ces deux adresses : chassot@carefrance.org et  nicolas.rainaud@equipop.org.

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