Économie Une campagne internationale pour amener les jeunes femmes à se syndiquer

Conférence de la campagne Décisions pour la vie, Amsterdam, mai 2011 © CSI

Plus de 100 jeunes femmes de 23 pays se sont réunies les 9, 10, 11 mai dernier à Amsterdam (Pays-Bas) pour planifier la prochaine étape d’une campagne internationale de soutien aux jeunes travailleuses, qui visera notamment à interpeller les décideurs internationaux sur les problèmes qui touchent les jeunes femmes au travail.

La campagne « Décisions pour la vie », lancée en septembre 2009 et coordonnée par la Confédération syndicale internationale (CSI) (1), est menée dans 14 pays (2) du Sud et de l’Est. Financée par le ministère des Affaires étrangères néerlandais, elle s’inscrit dans le cadre de la réalisation des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement, définis par l’ONU) et plus particulièrement de l’OMD 3 (3) qui promeut l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

Maria Tsirantonaki, coordinatrice de la campagne avec Marieke Koning, explique qu’elle répond à une vaste enquête que la CSI et ses affiliés ont réalisé dans différents secteurs des services sur les problèmes que rencontrent les jeunes femmes au travail. Et ces problèmes sont multiples : insécurité de l’emploi, inégalité salariale, accès non garanti à la protection de la maternité, harcèlement sexuel, manque de parité au sein des structures syndicales. Autant de questions que la CSI souhaite faire avancer.

« L’objectif de cette campagne est le renforcement du pouvoir des femmes, il s’agit de faire venir les jeunes femmes dans les syndicats, de les aider à surmonter les obstacles qu’elles rencontrent en tant que femmes travailleuses », précise Maria Tsirantonaki.

En Indonésie, 15 000 jeunes femmes ont adhéré récemment à un syndicat

La campagne consiste à rencontrer les jeunes femmes là où elles se trouvent, dans les lieux publics et de travail. Ainsi des groupes de jeunes femmes syndicalistes se rendent dans les centre commerciaux, les cybercafés, dans la rue, les maisons d’accueil pour femmes victimes de violences, etc. Elles leur parlent de leurs droits, qu’elles ne connaissent pas, du syndicalisme, qui leur fait peur, leur font raconter leur vie au travail.
Les jeunes syndicalistes organisent également des débats et des conférences sur le harcèlement sexuel au travail, le leadership, ou les inégalités salariales.

Lors de la conférence d’Amsterdam, la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow, s’est félicitée du fait que, grâce à cette campagne, des milliers de jeunes femmes ont adhéré à un syndicat. Elle a cité le cas de l’Indonésie où 15 000 jeunes femmes ont récemment rejoint les rangs des syndicats. Si toutes les femmes ne s’affilient pas à un syndicat, d’autres rentrent dans le réseau de la campagne ou deviennent sympathisantes des syndicats.

La conférence a relevé que depuis la crise, les femmes se sont vues confinées de façon encore plus marquée dans le travail précaire, comme en témoignent les millions de femmes qui travaillent dans le secteur informel et qui ne figurent nulle part dans les statistiques officielles. Et Sharan Burrow de déclarer : « Nous nous trouvons désormais face au pire record de tous les temps avec 205 millions de travailleuses de par le monde à la recherche d’un emploi ».

Caroline Flepp – EGALITE

(1) La Confédération syndicale Internationale (CSI) coordonne cette campagne en collaboration avec l’UNI Global Union, la Wage Indicator Foundation, l’université d’Amsterdam/ AIAS.

(2) Angola, Mozambique, Afrique du Sud, Zambie, Zimbabwe, Inde, Indonésie, Brésil, Azerbaïdjan, Bélarus, Kazakhstan, Ukraine. Le Botswana et le Malawi participent à cette campagne sur internet.

(3) OMD 3: Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Pour ce faire, éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard.

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