Économie Épanouissement au travail : pour les femmes rien de nouveau

Pour la Dares (1), « les femmes occupent des emplois où le travail semble moins épanouissant ». La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques a rendu publique en décembre l’enquête sur les changements organisationnels et l’informatisation (COI) menée fin 2006-début 2007 par l’Insee pour la Dares et le Centre d’études de l’emploi. Pour cette enquête, ont été interrogées les personnes ayant au moins un an d’ancienneté et travaillant dans des entreprises du secteur privé de 20 salariés ou plus en France métropolitaine.

D’après la Dares, « si cette enquête confirme des différences entre les hommes et les femmes déjà observées depuis 1982 dans des enquêtes antérieures, elle permet aussi d’observer des dimensions moins souvent décrites comme l’autonomie au travail, l’utilisation de l’informatique, la qualité du collectif de travail et la satisfaction au travail ».

Quelques points marquants

Les tâches des femmes sont moins formalisées mais les femmes ont moins de marge de manœuvre que les hommes. Si les femmes font aussi souvent que les hommes l’objet d’un entretien annuel d’évaluation (55 %), elles déclarent à 59 % (contre 70 % pour les hommes) devoir « suivre des procédures de qualité stricte » ou devoir « atteindre des objectifs précis » (58 % contre 64 %).
Pour faire correctement leur travail, les femmes disent à 64 % (contre 50 % d’hommes) « appliquer strictement les ordres ou les consignes ».
« Même parmi les salariés qui disent pouvoir « choisir la façon de faire leur travail », 58 % des femmes appliquent strictement les ordres ou les consignes » contre 44 % des hommes. C’est sans doute parce que les femmes occupent moins souvent des emplois dans des organisations innovantes, comme cela a aussi été remarqué pour les salariés immigrés. »

Les femmes occupent des emplois moins qualifiants. 68 % des femmes contre 75 % des hommes déclarent que « leur travail leur permet d’apprendre des choses nouvelles ». Elles signalent également à 47 % seulement avoir proposé des améliorations de leur poste de travail au cours des 12 derniers mois (contre 55 % d’hommes).
« Quand les femmes obtiennent une formation, celle-ci est moins souvent conçue comme devant « conduire à un diplôme, une certification ou une qualification reconnue » : c’est le cas pour seulement 10 % des femmes contre 23 % des hommes, concernant la dernière formation reçue. »

Cadre ou non, les hommes encadrent plus souvent et plus de personnes. « Même si l’entreprise compte plus de deux tiers de femmes parmi ses effectifs salariés, les responsables hiérarchiques sont des hommes dans 56 % des cas. » 99 % des personnes interrogées ont un chef, un homme dans 83 % des cas…

Les femmes se déclarent moins satisfaites de leur salaire et de la reconnaissance de leur travail. A la question « compte tenu du travail réalisé, vous êtes payé… », 40,5 % de femmes contre 31,2 d’hommes ont répondu « plutôt mal ou très mal ». Elles ne sont par ailleurs que 37,9 % à considérer que leur travail est « reconnu à sa juste valeur » (contre 46,7 % d’hommes).

« Les femmes se déclarent plus souvent débordées dans leur travail que les hommes, en particulier quand elles ont de jeunes enfants, qu’elles vivent seules ou en couple. Alors que la situation familiale des hommes n’influe guère sur ce sentiment. » Elles peuvent en revanche mieux choisir leurs horaires de travail et occupent souvent des emplois où les horaires sont plus prévisibles.

Les limites de l’enquête

Pour plusieurs raisons, les résultats de l’enquête doivent être interprétés avec précaution. En effet, les femmes et les hommes n’exerçant généralement pas les mêmes activités, les salariés interrogés se sont prononcés sur l’organisation et les conditions de travail propres à leur activité. Des réserves émises par la Dares même, « les analyses peuvent mesurer des différences spécifiques au genre au sein des mêmes professions mais aussi renvoyer encore pour partie à la répartition sexuée des professions ou refléter des différences de perception ou de comportements déclaratifs selon les sexes, notamment s’agissant des question d’opinion ».

On pourra aussi regretter le type d’entreprises sélectionnées pour l’enquête. Restreindre aux seules entreprises du privé de 20 salariés ou plus exclut certains secteurs où les femmes sont très représentées : on trouve en effet 85 % de femmes sur les 3,7 millions d’employés par des particuliers et 61 % sur les 5 millions de personnes embauchées dans la fonction publique. Si elles représentent 48,6 % de la main-d’œuvre salariée en France, elles représentent seulement 40 % de la main-d’œuvre salariée des entreprises de 20 salariés ou plus. De plus, l’ancienneté minimale d’un an requise a restreint la représentation des femmes qui ont une ancienneté moyenne moins grande et sont plus souvent en contrat précaire (CDD, intérim, stage ou contrat aidé)

Téléchargez le PDF de l’enquête

Catherine Capdeville – Égalité

(1) Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) est une direction de l’Administration publique centrale française, qui dépend conjointement du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi et du ministère du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique.

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