Non classé Nouvelles voix féminines dans les élections locales en Afrique du Sud

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LE CAP, 1er février (IPS) – Noncedo Pulana manque de beaucoup de choses, mais certainement pas de confiance pendant qu’elle se prépare pour les élections locales comme conseillère de la circonscription électorale de Khayelitsha. Elle pense que ses longues années d’activisme dans ce township tentaculaire l’ont préparée à mieux faire.

Khayelitsha est réputé être le plus grand township d’Afrique du Sud. Créé en 1985 pour accueillir un afflux de main-d’œuvre noire au CAP, sa population a augmenté de plus de 400 000 habitants en 20 ans. Environ 70 % des habitants vivent encore dans des cabanes en bois et en tôle ondulée; un habitant sur trois doit parcourir 200 m ou plus à pied pour se rendre au point d’eau le plus proche.

On peut souvent retrouver Pulana dans une maison communautaire du township, qu’elle appelle « the 5-stars » (le cinq étoiles), une allusion amusante à la manière dont la petite structure semble accueillir tous ceux qui en ont besoin. Elle passe des heures ici à rencontrer, éduquer et à politiser des jeunes qu’elle considère comme ses enfants spirituels.

Le système de santé comme priorité

Les trois-quarts de la population de Khayelitsha ont moins de 35 ans. Un quart de ces jeunes sont séropositifs. Yozi, originaire de la section du Site C du township est l’un d’entre eux.

Il explique que les personnes qui recherchent des soins de santé doivent attendre à l’extérieur des centres de santé à partir de 4h du matin s’ils veulent être sûrs de voir l’un des médecins surchargés. On dit souvent aux gens qu’il y a pénurie de divers médicaments.

Pourtant, les conseillers de la circonscription électorale ne sont pas visibles dans les commissions de santé de la communauté.

« Si les conseillers de la circonscription électorale pouvaient prendre les devants pour l’un de ces défis, être ouverts, participer, prendre les devants en disant publiquement : je vais faire le test [du VIH]… », déclare Yozi.

« Je veux que tous, nous connaissions notre état sérologique, mais pas seulement cela : je dis aussi cela en raison du manque d’emploi qui conduit à cette brutalité que nous avons connue. Vous ne voyez pas [les conseillers de la circonscription] conduire de telles campagnes, participer à de telles réunions, et soulever de telles questions publiquement, s’ouvrir pour que les membres de la communauté s’engagent et fassent le débat. »

Une candidature mûrement réfléchie

Depuis 2003, Pulana a servi comme membre du Forum de développement de Khayelitsha et comme une représentante de la communauté au conseil de la circonscription électorale. Les représentants de la communauté peuvent contribuer aux projets et au budget destinés à la circonscription électorale, mais c’est le conseiller de la circonscription qui a le pouvoir de prendre des décisions. « Ce qui me fait désirer de devenir conseillère est que j’ai vu moi-même que ce travail que je fais devrait être accompli par un conseiller », affirme-t-elle.

Elle se présente à l’élection en tant candidate du DA, le parti de l’Alliance démocratique. C’est un choix compliqué pour une activiste communautaire de ce township peuplé de Noirs où le Congrès national africain (ANC) a dominé toutes les élections depuis 1994. La DA a jusqu’ici tiré son soutien principalement des électeurs blancs et de couleur, bien qu’elle ait gagné certains sièges dans des régions à prédominance noire lors du vote le plus récent.

Pulana déclare qu’elle est parvenue à perdre ses illusions sur l’ANC il y a plusieurs années, au moment où elle ne pouvait pas se faire reconnaître comme un leader, comme une personne ayant quelque chose à dire au sein de sa branche locale. L’une des raisons de sa frustration, dit-elle, a été la résistance à son potentiel de leadership, basée sur son sexe.

« L’environnement dans lequel nous sommes, a besoin d’une personne comme moi. Parce que lorsque vous allez à des rencontres, qui se trouve au premier plan ? C’est l’homme. Si vous allez à l’église, qui est au premier plan ?… Bien que les femmes soient nombreuses, qui exprime les choses ? Ce sont les hommes. Qui est-ce qui organise ? Ce sont les hommes. » […]

Erna Curry – IPS

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