Sport JO de Londres : femmes, à vos marques !

Illustration © JacPé

Un collectif de trois associations – Comité Atlanta + (issue de la Ligue du droit international des femmes), de la Clef (Coordination française pour le lobby européen des femmes) et de Femix Sports – profitera du Marathon de Paris qui se déroulera le 10 avril pour mobiliser en vue de faire respecter la charte olympique en matière d’égalité des sexes lors des JO de Londres en 2012.

Le collectif soumet sept impératifs pour lutter contre les discriminations de sexe dans cet événement sportif international :

– Refuser la participation des pays qui excluent les femmes de leur délégation,
– Respecter la neutralité du sport en interdisant le port de signes politiques et religieux,
– Ne plus cautionner les jeux séparés pour les femmes institutionnalisant la ségrégation sexuelle dans le sport,
– Exiger une véritable parité femmes/hommes dans le cadre des disciplines et épreuves aux JO,
– Respecter et amplifier les minima décidés par le CIO pour la promotion des femmes,
– Dans et autour des JO : lutter contre les discriminations fondées sur les stéréotypes sexuels,
– Rendre hommage aux pionnières du sport par un geste symbolique fort : la remise par le président du comité international olympique (CIO) de la médaille d’or à la marathonienne comme au marathonien.

Que dit au juste la charte olympique ? Que « toute forme de discrimination, y compris de sexe, est incompatible avec l’appartenance au mouvement olympique ». Mieux : la charte met en avant l’indispensable mise en œuvre du principe de l’égalité entre hommes et femmes (chapitre 1, règle 2.7).

Encore trois délégations sans athlètes féminines

De cette éthique fondamentale, qu’en est-il ? Dans les stades, le long des anneaux de vitesse, on est encore loin d’un traitement équitable. Que l’on soit homme ou femme change pour beaucoup dès lors qu’il s’agit de reconnaissance sportive et de médailles sonnantes et trébuchantes. Aux JO de Pékin en 2008, le nombre d’athlètes masculins était supérieur de 1704 à celui des athlètes féminines.

Le collectif rappelle que l’association féministe américaine Comité Atlanta + fut la première à dénoncer il y a bientôt 20 ans l’absence de femmes dans 35 délégations des JO de Barcelone. Souvenons-nous : pendant 30 ans, l’Afrique du Sud fut exclue des jeux pour cause d’apartheid racial. La ségrégation dont sont victimes les femmes dans le sport de haut niveau n’aurait-elle pu souffrir d’un traitement similaire ?

Si aujourd’hui seules trois délégations n’ont pas de représentantes féminines aux Jeux, les trois associations estiment que le problème n’est pas totalement réglé. Elles citent l’exemple des 14 délégations comptant des femmes voilées à Pékin en 2008, dont une athlète bahreïnie courant en tenue « adaptée » l’épreuve du 400 mètres et celui du CIO, qui accepte deux ans plus tard , avec l’aval de la FIFA, la présence de footballeuses iraniennes vêtues des pieds à la tête lors de la première édition des Jeux de la jeunesse, à Singapour.

Ou encore ces femmes participant depuis 1993 à des jeux séparés en Iran, calqués sur les Jeux olympiques. Aucun homme dans le public, une absence remarquée des médias. Le collectif déplore surtout le fait que le CIO cautionne ces jeux dans la mesure où ces femmes participent à des compétitions internationales.

Moins de disciplines pour les femmes

Les trois associations saluent l’admission de la boxe féminine comme discipline olympique pour la première fois à Londres et rappellent qu’il aura fallu la pugnacité de la nageuse Alice Milliat pour que les femmes soient enfin admises à concourir en athlétisme en 1928. Pierre de Coubertin avait envisagé de ne leur laisser que des disciplines considérées comme accessoires…
Malgré des progrès, elles regrettent que certaines disciplines comme le canoë et la lutte comportent moins d’épreuves pour les femmes. Elles soulignent par ailleurs que l’on parle d’épreuves féminines et pas d’épreuves masculines, faisant « aller de soi que le sport est avant tout masculin ».

Même regret concernant la parité au sein du comité d’organisation des Jeux d’été de Londres. Alors que la session du CIO réunie à Atlanta en 1995 avait décidé que les comités nationaux olympiques devait réserver aux femmes un minimum de 10 % des postes ayant pouvoir de décision en 2000 et 20 % en 2005, une seule femme siège parmi les 19 membres. C’est peu, d’autant que la femme en question est la princesse Anne.

Dan Gorman – EGALITE

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