Économie Les femmes particulièrement touchées par la crise internationale

Couverture du rapport de la CSI

Sans surprise, ce sont les femmes qui prennent les plus rudes coups suite aux soubresauts financiers et économiques de 2007 à aujourd’hui.

Avec 27 millions de personnes sans travail, la crise économique mondiale a été dévastatrice en termes d’emploi, spécialement pour les femmes. « L’impact de la crise sur l’emploi des femmes tend à être sous-évalué et ne fait jamais la une des journaux. Pourtant d’une manière générale, les femmes sont les premières concernées par l’insécurité et la précarité croissantes de l’emploi. » Le rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI) de mars 2011 souligne que pour ces dernières, en effet, la décennie qui vient de s’écouler s’est révélée d’autant plus difficile qu’une multitude de paramètres ont accentué leur précarité et leur situation d’emploi.

La crise financière de 2007, qui a conduit à la crise économique l’année suivante, a considérablement accéléré le recours au travail informel. Une tendance qui a bien davantage touché les femmes sur les différents marchés du travail dans le monde, le tout étant assorti d’une attaque constante de leurs droits.

Les femmes sont victimes de la crise économique, mais aussi les familles dont elles ont la responsabilité première, en particulier dans les pays en développement : les effets de la crise ont pesé, et d’un poids particulièrement lourd, sur celles qui étaient structurellement impuissantes et marginalisées.

D’après le Bureau international du travail cité par la CSI, le taux de chômage mondial des femmes est passé de 6 à 7 % entre 2007 et 2009 tandis que celui des hommes progressait de 5,5 à 6,3 %. Si l’incidence de la crise sur le chômage a été sensiblement aussi préjudiciable pour les hommes que pour les femmes, le faible taux d’emploi des femmes, leur concentration dans des formes d’emploi peu rémunérées, informelles ou vulnérables, et l’insuffisance de la protection sociale les exposent davantage que les hommes.

Une surreprésentation des femmes dans les emplois à bas salaires

Dans les pays en développement, les femmes travaillent majoritairement dans le secteur agricole. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié des femmes participent à l’agriculture de subsistance, activité complétée par un travail rémunéré hors de la ferme ou dans le secteur informel. Le CSI cite un rapport des Nations unies étudiant les disparités entre sexes dans ce secteur, qui note que les femmes continuent de bénéficier dans une moindre mesure que les hommes de l’emploi rural et que les récentes crises financières et alimentaires ont freiné les progrès vers une plus grande équité et d’un meilleur accès au travail décent pour les femmes.

Coupe de fleurs, habillement, électronique, autant de secteurs qui ont durement souffert de la récession. Ce sont dans ces domaines que sont concentrées les femmes des pays en développement. Dans les secteurs manufacturiers orientés sur l’exportation, il ressort que les femmes sont souvent les premières à subir les licenciements. Au Cambodge, 38 000 femmes ont ainsi perdu leur emploi en 2009. La CSI rapporte que l’Organisation internationale du travail (OIT) s’inquiète de la situation préoccupante de familles monoparentales – le plus souvent assumées par des femmes – en Asie et aux Caraïbes.

En dépit d’une baisse constante des revenus – 40 % pour l’automobile en Thaïlande ou près de 50 % pour l’électronique aux Philippines… –, le coup de frein économique a poussé un grand nombre de femmes à chercher des sources alternatives de revenus, dans la restauration, le commerce ou les tâches domestiques, parfois même à l’étranger.

C’est néanmoins dans l’ensemble des pays industrialisés que la plus forte proportion du chômage mondial a été enregistrée entre 2007 et 2010. S’il ressort que les hommes ont majoritairement été touchés, le sort des femmes n’en reste pas moins inquiétant dans la mesure où leur participation au travail demeure nettement inférieure à celle des hommes.

La CSI cite le rapport mondial 2010 de l’OIT, qui confirme la surreprésentation des femmes dans les emplois à bas salaires.

Une étude réalisée en Inde a montré que les femmes cueilleuses de feuilles de thé ne perçoivent qu’une infime partie du coût d’une boîte de sachets, soit à peine un tiers du salaire minimum vital. Par ailleurs, en Inde toujours, la multiplication des contrats temporaires permet aux propriétaires des plantations de ne plus assurer des prestations telles que les soins médicaux, les congés maternité ou encore les rations alimentaires. Conséquence : dans ces familles, 60 % des enfants présentent un poids corporel insuffisant à cause de la malnutrition.

Dans les pays industrialisés, c’est plutôt le temps partiel qui génère les bas salaires. A temps égal, le salaire horaire d’une personne employée à temps partiel est inférieur à celui touché par un plein temps. Or, qui occupe dans une grande majorité ces emplois à temps partiels ? Les femmes, encore elles !

Dan Gorman – EGALITE

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