Santé Faute de financements, le Planning familial 04 est menacé de fermeture

Un centre du Planning familial © Centre de documentation du Planning familial

Le centre d’information sur la sexualité et la contraception du Planning familial des Alpes-de-Haute-Provence (MFPF 04) a lancé en mai dernier une pétition, signée, au 18 août, par 1316 personnes. Ce centre d’information sur la sexualité et la contraception est en effet menacé de fermeture dans les mois qui viennent, notamment en raison de l’arrêt des subventions par l’ARS Paca (Agence régionale de santé de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur).

C’est une petite structure, qui a pour seule salariée Sylvie Rouzes, conseillère conjugale et familiale : « Mon champ d’action est uniquement la prévention. Je rencontre de nombreux groupes d’une quinzaine de personnes sur différents programmes d’éducation à la sexualité et de prévention des risques liés à la sexualité : grossesses non désirées, maladies… Je me déplace en milieu scolaire, dans les écoles d’aides soignantes, les maisons d’enfants à caractère social, les centres sociaux, les centres de vacances… »

Les agences régionales de santé (ARS) ont été créées en 2009. En 2010, l’ARS Paca a écarté le MFPF 04 de ses projets sans l’avertir et a supprimé ses subventions. L’association perd alors 30 % de son financement en 2010 et 2011. « Précédemment, le financement de notre structure était pris en compte dans le Groupement régional de santé publique, qui a été remplacé par les ARS. Ces dernières ont revu leurs politiques de santé, et nous n’avons pas été inclus dans leurs projets dits durables », explique Sylvie Rouzes.
Parallèlement, la Fondation de France qui soutenait elle aussi la structure à hauteur de 30% pour quatre ans, s’est tournée vers un autre département.

Pour elle, la réforme des collectivités territoriales et la suppression de la taxe professionnelle font elles aussi peser de lourdes menaces sur le MFPF 04. « Les conseils généraux sont complètement étranglés, ils ont du mal à subventionner les associations. Les communes et les départements sont touchés par la suppression de la taxe professionnelle. La vie associative est vraiment menacée. Cette année, le conseil général a doté notre centre d’une subvention de 1000 euros, mais n’est pas sûr de pouvoir pérenniser ce financement. »

Deux rapports de l’Igas en faveur du Planning familial

Et sans financements, point de salut. Pourtant, restent d’actualité le nombre de grossesses d’adolescentes en augmentation et le peu ou le manque d’éducation, en milieu scolaire, à la sexualité et aux risques qui lui sont liés.

A ce sujet, un rapport alarmant de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) de 2010 avait motivé trois associations (*) dont le Planning à déposer, le 17 janvier 2011, un recours gracieux auprès du Premier ministre. Le rapport soulignait entre autres de graves disparités territoriales et de dysfonctionnements en matière d’accès à la contraception, à l’IVG et d’information et d’éducation en milieu scolaire.

Et il semble bien que le MFPF 04, situé en milieu rural remplisse correctement ses missions d’information et de prévention auprès d’un public isolé, dans son département et ponctuellement dans celui des Hautes-Alpes (05). « Au gré des différents programmes, je rencontre entre 1300 et 1400 de jeunes et moins jeunes par an, dont 900 élèves en milieu scolaire, dans trois collèges et trois lycées », explique Sylvie Rouzes.

En juin dernier, un autre rapport de l’Igas soulignait l’importance du travail effectué par les organismes de planification, d’information, de conseil et d’éducation familiale et leur manque de moyens. Dans un communiqué du 21 juillet, le Planning familial s’était réjoui des recommandations du rapport, mais restait vigilant en déclarant que « l’important est ce que l’Etat en fera ! » Le Planning familial rappelait qu’il s’était vu menacé en 2009 d’une réduction de 42% des financements publics et que c’est grâce à une grande mobilisation qu’il est parvenu à conserver son budget, « insuffisant », de 2,6 milliards d’euros.

Alors que va-t-il se passer pour les jeunes des Alpes-de-Haute-Provence ? « La pétition a eu un fort impact localement. J’ai rencontré mi-juillet des délégués territoriaux de l’ARS Paca, qui m’ont assurée qu’ils n’avaient pas envie de voir un planning familial disparaître. Que notre fonctionnement ne leur correspondait pas, mais que nous allions voir une manière de travailler ensemble, raconte Sylvie Rouzes. Ils m’ont dit qu’ils essaieraient de nous faire bénéficier de reliquats de subventions en fin d’année. Des reliquats… et pas de certitudes… Juste un espoir… »

A suivre sur Egalité…

Catherine Capdeville – EGALITE

(*) Le recours gracieux a été déposé pas l’Association nationale des centre d’IVG et de contraception (Ancic), la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac) et le Planning familial.

print