Économie L’Europe a besoin de plus de femmes entrepreneuses

Détail de la couverture du rapport du Parlement européen

En Europe, 99% des entreprises sont des petites et moyennes entreprises (PME). Elles fournissent les deux tiers des emplois dans le secteur privé et génèrent plus de la moitié de la valeur ajoutée créée, au total, par les entreprises actives dans l’Union européenne. Elles sont, selon la Commission européenne, « la véritable épine dorsale de l’économie européenne, les premiers moteurs de la prospérité et de la croissance économique et jouent un rôle-clé dans l’innovation, la recherche et le développement ».

Ce secteur dynamique, garant d’une croissance économique durable, est cependant encore sous-investi par les femmes : une femme sur dix est entrepreneuse dans l’Union européenne contre un homme sur quatre. Pourquoi les femmes se lancent-elles moins dans la création de PME que les hommes ?

Clichés sexistes et manque d’information

Ce n’est pas du côté de l’éducation supérieure qu’il faut chercher les causes de cette sous-représentation des femmes, puisqu’elles représentent 60% de tous les diplômés d’université.

Selon le rapport du Parlement européen sur l’entrepreneuriat féminin dans les PME, adopté le 13 septembre, « les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes opportunités pour ce qui est de diriger et de développer les entreprises, du fait de clichés sexistes et d’obstacles structurels, les femmes étant souvent perçues, de manière injustifiable, comme dénuées de compétences propres aux entrepreneurs, telles que la confiance en soi, l’autorité et le goût du risque ».

Les femmes ont aussi souvent des difficultés à trouver les informations adéquates leur permettant de créer une entreprise sereinement. C’est pourquoi le Parlement européen considère que la Commission européenne et les Etats membres devraient assurer aux femmes un soutien financier et éducatif, notamment par des avantages fiscaux et par le biais de campagnes de communication pour promouvoir l’instrument européen de microfinancement Progress.

Les problèmes de garde d’enfant ou de personnes dépendantes étant une réalité pour les hommes et les femmes, le Parlement européen souhaiterait que les Etats membres mettent en place des politiques favorisant une conciliation satisfaisante de la vie professionnelle et de la vie familiale. Cette thématique constitue une préoccupation constante et revient régulièrement dans les résolutions de l’institution européenne.

Sans système de garde approprié, les femmes ont plus tendance que les hommes à quitter leur travail pour s’occuper de leurs enfants : elles perdent leur indépendance financière et interrompent leurs carrières, mettant ainsi en péril les prochaines étapes de leur vie professionnelle et leur retraite. Assurer des systèmes de garde efficaces permettrait à de nombreuses femmes de se lancer dans l’entrepreneuriat.

Des réseaux européens

Même lorsque les barrières sont supprimées, il n’est pas si facile de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Pour y remédier, l’Union européenne a créé en 2009 le réseau des ambassadrices de l’entrepreneuriat féminin. 270 entrepreneuses de 17 Etats membres et 5 Etats extérieurs à l’UE se sont engagées auprès de l’Union à promouvoir l’entrepreneuriat féminin en allant sur le terrain, notamment pour des interventions dans des écoles ou lors de conférences de haut niveau. L’utilité principale de ces ambassadrices est de donner confiance aux femmes qui désirent créer leur entreprise et de leur transmettre leur propre expérience.

La Commission européenne a également créé un portail internet entièrement dédié aux entrepreneuses qui répertorie les réseaux et organisations nationales.

Malgré les initiatives nationales et européennes, il reste encore de nombreux efforts à faire pour que les femmes investissent pleinement ce secteur. Croissance économique et création d’emploi pour l’Union européenne, flexibilité dans les conditions de travail et indépendance financière pour les entrepreneuses : comme dans tous les domaines liés à l’égalité femmes-hommes, la société a tout à y gagner.

Marie Ramot – collaboratrice UE EGALITE

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