Articles récents \ DÉBATS \ Contributions "Imaginons un monde sans prostitution"

Dans le cadre du concours « Imaginons un monde sans prostitution » organisé par ZéroMacho en septembre 2016, les hommes engagés contre la prostitution ont récompensé trois textes.  Nous publions l’un d’entre eux, dont l’auteur-e reste anonyme, qui imagine un dialogue entre un adolescent et sa grand-mère.

 
Dis, grand-mère…
Oscar, 14 ans. Dis, grand-mère, ça veut dire quoi, « pro-sti-tu-tion » ?
Clémentine, 70 ans. Où as-tu vu ça ?
Oscar. Dans un vieux journal que j’ai trouvé au grenier.
Clémentine. Il doit être très vieux, car ça n’existe plus depuis longtemps. Figure-toi que des hommes payaient des femmes pour faire l’amour.
Oscar. Payer ? Pour faire l’amour ! Mais ça ne s’achète pas ! Pourquoi est-ce qu’ils faisaient ça ?
Clémentine. Parce qu’ils en avaient envie.
Oscar. Et elles ? Elles avaient envie de faire l’amour ?
Clémentine. Non, mais elles avaient besoin d’argent. Terriblement besoin. À cette époque-là, il n’y avait pas encore le revenu d’existence, et des gens étaient très pauvres, surtout des femmes.
Oscar. Ils étaient bizarres, ces hommes ! Faire l’amour alors que l’autre n’a pas envie. C’est fou, ça ! On ne peut le faire que si l’autre est d’accord : le professeur d’humanité nous l’a bien expliqué. Faire l’amour, c’est seulement quand les deux se désirent.
Clémentine. Tu as raison. D’ailleurs, ils disaient « amour », mais c’était plutôt du sexe.
Oscar. Je ne comprends pas : des hommes faisaient du sexe avec des femmes qui n’en avaient pas envie ? Mais alors, c’étaient des violeurs. La professeure d’histoire de la paix nous a expliqué que, pendant les 2 guerres d’autrefois, des hommes violaient des femmes. Alors, la prostitution, c’était une guerre contre les femmes ?
Clémentine. Oui, en quelque sorte.
Oscar. Les pauvres ! Ça devait leur faire mal, de faire l’amour sans désir. Le professeur nous a expliqué ce qui se passe quand on ressent du désir sexuel : le garçon bande et la fille mouille. Si elle ne mouille pas assez, la pénétration lui fera mal. Donc il faut attendre qu’elle soit bien humide, et surtout bien d’accord. Pourquoi des hommes faisaient ça, comme des violeurs ? Ils n’avaient pas appris en cours d’humanité qu’on doit respecter le désir de l’autre ?
Clémentine. Ces cours-là n’existaient pas à cette époque et, encore pire, on n’apprenait pas à faire l’amour. On ne connaissait pas bien son corps : des femmes ne savaient même pas qu’elles avaient un clitoris !
Oscar. Trop nul ! Nous, on l’apprend en même temps que la façon de faire un enfant et tout ça… Le clito, ça fait des années que je suis au courant ! Je repense à cette histoire de prostitution. C’est dingue : payer pour ça ! Ça devait être moche ! La femme, ça ne pouvait pas lui faire plaisir, si elle n’avait pas envie ; donc le type, comme un gros lourd, il prenait son pied et il se fichait d’elle ! Quel égoïste ! Il avait été mal élevé.
Clémentine. Tu as raison, c’est tellement bien de rechercher le plaisir à deux, et ça ne s’achète pas…
Oscar. On a de la chance de vivre au XXIIe siècle. Les hommes ont quand même fait des progrès : jamais ils ne feraient ça à une femme. C’est comme si je disais à Coralie, parce que j’ai envie et pas elle : “Je te donne de l’argent pour que tu m’embrasses.’’ Elle se moquerait de moi, et elle aurait bien raison !
 
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