DOSSIERS \ Trump président: les droits des femmes en danger \ Monde Décret après décret un président élimine les droits des femmes

Donald Trump promettait le pire durant sa campagne entre racisme et sexisme sur un fond de dérégulations : promesses tenues ! Le 45ème président des Etats Unis est en train de mettre en route un processus diabolique pour appliquer son programme qui ne peut que nous effrayer. Juste après son intronisation, le monde entier a vu Donald Trump, certes perdu dans le protocole des stylos, signer décrets après décrets, l’anéantissement d’espoirs de progrès dans de nombreux domaines, les droits des femmes, la santé, l’environnement, le contrôle de la finance, les rapports entre les peuples etc.

 

Plus de vingt « executive orders » signés

Les executives orders remettent en cause 

– Notre survie sur la terre avec des décrets qui rouvrent la construction de pipelines désastreux qui menacent les populations, et encouragent les extractions de gaz et d’huile de schiste tout en réduisant au silence l’Agence de la protection de l’environnement (EPA).

– L’interdiction de la torture.

– La liberté de la science, avec contrôle des publications de scientifiques exerçant aux Etats-Unis notamment sur le climat.

– Les droits des peuples à se déplacer ou se réfugier quand cela est nécessaire, avec l’interdiction d’entrée sur le territoire américain de ressortissant-e-s de sept pays « musulmans », peu importe la légalité de ces décrets.

– La régulation des spéculations financières.

La fin de « L’Obamacare » 

Revenons sur le tout premier décret signé au moment de l’investiture qui concerne la remise en cause du « Affordable Care Act » (ACA), aussi connu sous le nom de « Obamacare. »

Certes il s’agit d’un système plutôt compliqué qui n’est en rien une couverture universelle. Sa mission est de gérer les accès aux assurances privées et d’obliger celles-ci à couvrir les frais de santé basiques tout en subventionnant les assurances des plus démunis. De plus son application dépend des lois de chaque Etat.

Rappelons que le « ACA » a permis d’assurer plus de 20 millions d’Américain-e-s qui, auparavant, n’avaient aucune couverture face aux dépenses de santé qui sont en moyenne deux fois plus élevées qu’en Europe. Le « ACA » a aussi limité les dénis d’assurance sur les bases de conditions de santé préexistantes qui étaient déterminées par les assurances elles-mêmes. Ces conditions préexistantes pouvaient aller de la grossesse, du diabète aux maladies mentales ou simplement le stress dès qu’une prescription d’anxiolytique a été délivrée.

Ce décret n’entraîne pas la fin du « ACA » immédiate mais ordonne aux diverses agences fédérales de réduire leurs investissements dans la réalisation de ce programme. Il s’agit d’un signe supplémentaire contre ce système que les républicains ont juré d’abroger à la première occasion. Il montre la volonté de défaire le « ACA » administrativement. D’une manière générale, les républicains considèrent que l’accès aux soins n’est pas un droit mais un choix et un privilège.

Le « ACA avait permis de changer quelques sources majeures d’inégalités entre femmes et hommes.

1. Le « contraception mandate » (le mandat sur la contraception) du « ACA » avait permis aux femmes d’avoir accès à la contraception sans « co-pay » (franchise) puisque la contraception était passée sous le régime de médecine préventive.

Auparavant la contraception était à la charge de la femme et était très chère, par exemple environ $1000 pour un stérilet. L’Université de Pennsylvanie a publié une étude qui montre que le « contraception mandate » a fait économiser environ $ 1,4 milliards aux femmes sur leur contraception et beaucoup d’angoisse. Pour les républicains, avoir accès libre à la contraception est en conflit direct avec la liberté de religion.

Tom Price, quand il était sénateur de Georgia, avait précisé que les femmes pouvaient bien se payer leur contraceptif. Tom Price est maintenant ministre de la Santé. Avec ce décret, les républicains n’auront qu’à retirer les contraceptifs de la liste des médecines préventives et cela replongera les femmes dans la situation précédente, c’est-à-dire une sélection par l’argent concernant l’accès à la contraception. Les multiples restrictions d’accès à l’avortement, et le possible arrêt du remboursement de la contraception constituent un piège redoutable pour les femmes.

2. L’abrogation du « ACA » permettra aux assurances de pratiquer de nouveau le « gender rating » ce qui implique en clair que les femmes vont payer des primes d’assurance de santé plus élevées que les hommes pour des services similaires. Le « ACA » avait supprimé cette pratique en éliminant les conditions préexistantes spécifiques aux femmes comme donner naissance, être victime de violences conjugales, avoir subi une césarienne etc.

Le National Women’s Law Center (le centre d’étude national des lois des femmes, NWLC) a montré qu’avant le « ACA », 92% des plans d’assurance santé facturaient les femmes plus que les hommes alors que 3% seulement couvraient la maternité. Le NWLC estime que le retour aux « primes d’assurance genrés » pourraient coûter aux femmes américaines un milliard de dollars.

Les assurances auront aussi la possibilité de ne plus couvrir la grossesse, ce qui avait été rendu obligatoire avec le « ACA. » De même, on verra le retour du passage par des référents de santé dans le choix des obstétricien-ne-s/gynécologues par les femmes.

3. Avec le « ACA » les programmes de détection des cancers gynécologiques étaient pris en charge, ainsi que les tests HIV et STD. Avec son abrogation, ces programmes de dépistage gratuits pourraient disparaître purement et simplement.

4. Enfin, perdre le « ACA » pour les femmes c’est perdre leur couverture de soins, qui même insuffisante, permettait à beaucoup de femmes avec des emplois précaires et aussi des femmes qui sont souvent dépendantes de leur conjoint d’avoir accès aux soins basiques.

5. Une section du « ACA » obligeait les assurances à ne pas traiter les Américain-e-s différemment sur la base du handicap, du sexe, de « la race » ou de la couleur de peau, de l’âge, de la nation d’origine, d’identité de genre ou stéréotypes sexuels. Nul doute, que cette section sera abrogée très rapidement par les nouveaux maîtres du ministère de la santé et des affaires sociales de l’administration Trump.

 

Une administration contre les femmes

La nouvelle administration Trump qui se met en place est certainement composée des individus les plus riches de toute l’histoire des Etats-Unis comme le soulignait le Washington Post. C’est aussi la plus anti-droits à la santé, anti-droits des femmes et anti-droit à l’avortement que l’on pouvait imaginer.

Le ministre de la santé Tom Price a opposé vigoureusement le plan de santé « ACA » du président Obama ; il est un fervent opposant aux droits à l’avortement. De plus, lors de sa confirmation en tant que ministre de la santé et des services sociaux, il a été aussi établi qu’il avait plus que des compromissions financières avec l’industrie pharmaceutique. Cette nomination fait fi des conflits d’intérêts contrairement à ce qu’une démocratie en bonne santé demande, et confirme que l’argent public ne sera pas alloué à la santé sexuelle et reproductive des femmes puisque Tom Price a aussi promis de ne plus financer le planning familial américain.

Les femmes seront certainement les plus touchées par sa nomination. La prochaine étape contre les droits des femmes se jouera à la Cour Suprême.

 

Brigitte Marti 50-50 magazine

Dessin Pierre Colin-Thibert 50-50 magazine

 

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