Articles récents \ DÉBATS \ Témoignages Infinités Plurielles : pour mettre en lumière des femmes de science

En 2015, l’ONU décidait de faire du 11 février la Journée internationale des femmes et des filles de science. Pour sa seconde édition, la Commission nationale française pour l’Unesco a accordé son patronage à l’exposition Infinités Plurielles de Marie-Hélène Le Ny, 25 portraits de femmes de science. Elles sont informaticienne, biologiste, astro-physicienne, médecin-rhumatologue/astronaute…

 

Pour moi le rôle de l’artiste est d’aller à la rencontre du « grand public » (et pas seulement des « amatrices/amateurs d’art ») et de lui proposer un regard différent sur le monde, aussi je suis très heureuse d’avoir pu réaliser cette installation avenue de Suffren. J’ai multiplié les installations dans la rue depuis ma série « Portraits de familles » en 1991 (réalisée puis installée sur la dalle des Olympiades à Paris dans le 13 e, et sur des panneaux Decaux installés à ses accès) ou « Mémoire d’avenir » (une série réalisée dans le bassin minier), qui a d’abord circulé sur des flancs d’autobus dans l’agglomération de Lens en 1995.

Les images sont omniprésentes – voire même intrusives – dans le monde d’aujourd’hui, et elles contribuent très largement à forger et influencer nos regards, connaissances et conceptions du monde. En particulier, les images publicitaires construisent parfois et reproduisent très souvent les stéréotypes et préjugés qui parasitent notre faculté de juger.

Depuis quelques années je me suis intéressée plus particulièrement aux représentations des femmes – que ce soit dans les médias, les films, les jeux ou l’édition, en particulier scolaire et jeunesse. De nombreuses sociologues ont travaillé sur ces sujets ces dernières décennies et ont produit des analyses et des chiffres édifiants dans tous ces domaines.

 

Représentations stéréotypées

Ces représentations stéréotypées ne sont pas anodines, elles sont proposées/imposées comme des modèles auxquels il faudrait se conformer ou au moins ressembler. Ces images muettes essentialisent souvent les femmes en mettant l’accent sur leur dimension uniquement sexuée, les privant d’une partie de leur potentiel intellectuel et humain. Il n’est pas anodin de constater que partout, la parole des femmes vaut moins, et parfois même rien ! Ces représentations ont aussi pour effet de concentrer une part toujours plus importante de l’énergie, des ressources et de l’attention des femmes (où l’on retrouve la fameuse ménagère de moins de 50 ans) sur leur apparence, comme si c’était leur principale raison de vivre. Si le souci de notre apparence est légitime pour chacun-e d’entre nous, homme et femme, car la façon dont on se présente devant autrui interfère dans nos rapports interpersonnels privés et sociaux, qui sont codifiés, ce souci est parfois transformé en obsession et conduit souvent à restreindre la liberté des femmes et leur potentiel humain, que ce soit par le biais de la volonté masculine de contrôler ces apparences ou par la soumission féminine, consciente ou pas, à ses injonctions.

Afin de proposer une réflexion sur ces représentations et de faire entendre la voix des femmes, j’ai réalisé en 2010 « On ne naît pas femme, on le devient… ». Dans cette série j’ai invité près de 200 femmes de tous âges et de toutes conditions à nous faire face librement et à nous faire entendre ce qui était important pour elles. Pour mettre en évidence la dimension construite des images, permettre l’attention aux expressions des visages et ôter toute « béquille contextuelle », j’ai choisi le noir et blanc, le plan américain et un fond neutre, le même pour toutes. Elles composent un chœur magnifique dont je poursuis la diffusion en différents lieux.

 

Mettre en lumière des femmes de science

C’est à la suite de cette première série que j’ai été invitée, par la mission pour la lutte contre les discriminations du ministère de l’Éducation supérieure et de la Recherche, à en produire une seconde afin de mettre en lumière des femmes de science. Cela s’est révélé une entreprise passionnante, à la fois par ce que cela nous apprend sur notre monde, sur l’état de nos connaissances et de la recherche actuelle, mais également sur la situation des femmes dans le milieu scientifique où les préjugés et le sexisme s’expriment autant qu’ailleurs, ainsi que sur la culture de la mixité et de l’égalité qui reste largement à construire dans notre pays. Cette culture est à transmettre à chaque être humain dès sa naissance afin de lui permettre de développer des goûts et compétences qui lui permettront de se construire d’abord en tant qu’humain et de trouver une place dans la société en exerçant une profession de son choix, dans les meilleures conditions possibles.


Les sciences nous aident à la fois à comprendre le monde dans lequel nous vivons et à construire le monde de demain. Il est urgent que l’intelligence et les facultés d’innovation des femmes y contribuent à part égale afin de créer le monde qui vient pour qu’un jour enfin il ait la volonté d’accueillir dignement et sans distinction tous les êtres humains !

 

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Marie-Hélène Le Ny – Artiste

 

Message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science.

Pendant trop longtemps, des stéréotypes discriminatoires ont empêché les femmes et les filles d’avoir un accès à l’égalité, à l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.

Moi-même étant ingénieur de formation et ancien professeur, je sais que ces stéréotypes sont sans fondement : en niant aux femmes et aux filles la possibilité de réaliser leur potentiel, ils privent le monde du génie et de l’esprit d’innovation de la moitié de sa population.

En cette Journée internationale, j’appelle de mes vœux l’élimination des préjugés, la multiplication des investissements dans un enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques offert à toutes les femmes et à toutes les filles, et l’amélioration de leurs possibilités de carrière et d’évolution professionnelle sur le long terme, pour que nous puissions tous bénéficier, à l’avenir, de leur apport novateur.

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