DOSSIERS \ Trump président: les droits des femmes en danger Trump efface tout, les droits des femmes, l’éducation publique, l’environnement …

Après avoir envahi le monde de leur aide soi-disant protectrice tout en faisant avancer leurs projets néolibéraux dictés par les marchés, les Etats Unis, grâce à leur président nouvellement intronisé, font trembler le monde. Le mode de pensée et d’action de Trump est simple, il consiste en une élimination de tout ce qui le gêne c’est-à-dire ce qui à ses yeux et aux yeux des républicains ralentit la production de la valeur ajoutée qui va les servir et faire disparaître en particulier les droits des femmes.

Reconnaître la relation entre droits des femmes et politiques publiques néfastes pour le bien commun

Aux Etats Unis comme dans le reste du monde les femmes, et surtout les femmes de couleur, sont précarisées par les effets des crises environnementales. Le 24 janvier dernier dans son désir d’apporter sa contribution à la crise du changement climatique, Donald Trump autorise la poursuite de la construction des deux oléoducs, Dakota Access pipeline et Keystone XL, les femmes indiennes sont en première ligne contre ce projet. 

Le 28 mars dernier, devant une douzaine de représentants des industries des énergies fossiles, miniers, etc., il élimine par décret les restrictions mises en place par le président Obama  dans un effort de réduire les émissions des combustibles fossiles.

Récemment, l’annonce des orientations du budget de son administration a effectivement montré ses priorités.

Elimination de 30 % du budget de l’EPA (l’Agence pour la Protection de l’Environnement), élimination de la page « climat » du site de l’EPA et plus prosaïquement élimination des bureaux des scientifiques qui travaillent pour l’EPA, plus de 3000 suppressions de postes annoncées. Rappelons que le budget des armées a été augmenté de 53%.

Trump s’est aussi attaqué à l’éducation. Le budget prévoit une élimination massive des fonds nécessaires pour les écoles publiques américaines, ces fonds seront transférés vers les écoles privées subventionnées, bref ouvrant la privatisation des écoles publiques ce qui affectera en premier l’enseignement des filles et des filles de couleur et/ou pauvres.

Il faut donc reconnaître la relation entre droits des femmes et politiques publiques néfastes pour l’éducation et l’environnement.

 

Les restrictions du Global Gag Rule

Tout ceci parait incroyable, et pourtant tout avait commencé seulement deux jours après la marche historique des femmes du 21 janvier 2017. Donald Trump signait le décret appelé « Global Gag Rule » (la règle du bâillon mondial) qui interdit tout financement américain aux ONG qui soutiennent l’avortement. Cette mesure réapparaît avec chaque président républicain depuis Ronald Reagan.

Depuis 1973, l’amendement Helms a interdit l’utilisation de fonds fédéraux pour le financement de l’avortement en dehors des États-Unis. Le Global Gag Rule  passe une étape de plus car elle interdit à toute organisation américaine, y compris les individus voulant utiliser leurs propres fonds à l’étranger, de financer toute organisation dont les activités seraient liées à l’avortement. Par exemple, si une clinique située à l’étranger reçoit une somme même infime d’aide américaine aux programmes mondiaux de planification familiale, les médecins et infirmièr-e-s de cette clinique devront se conformer aux restrictions du Global Gag Rule.

Ce décret si facilement signé par les hommes blancs au pouvoir aux États-Unis a eu et aura des conséquences désastreuses pour les femmes les plus vulnérables dans le monde. L’université de Stanford avait montré l’effet paradoxal d’une telle mesure par une étude sur les conséquences pour les populations quand les ONG refusaient de signer le Global Gag Rule donc perdaient les financements américains, sous la présidence Bush. Une multiplication par deux du nombre d’avortements avait été observée dans les pays où ces ONG intervenaient. De fait, ce sont les fonds pour la planification familiale qui sont bloqués et donc l’accès à la contraception et à des services de santé de base pour les femmes précaires.

Le 24 janvier, le Parlement a voté une loi qui retire le droit à la couverture par les assurances de santé pour l’avortement, ce qui revient à supprimer la couverture de la sécurité sociale pour l’avortement. La loi impose des sanctions fiscales aux petites entreprises proposant des assurances de santé couvrant l’avortement, et interdit également les financements pour les avortements du personnelle militaire et des fonctionnaires.

 

L’abrogation de la loi Roe v. Wade ?

Mais le but ultime de cette politique est l’élimination du droit à l’avortement aux États-Unis, c’est-à-dire l’abrogation de la loi Roe v. Wade. Pour cela, l’administration Trump, soutenue par les républicains, a fait nommer à des postes clé les plus farouches ennemis aux droits des femmes à disposer de leur corps.

Le ministre de la Santé Tom Price fait partie de ces politicien-ne-s qui ont soutenu toutes les lois réduisant les droits sexuels et reproductifs.

Rappelons qu’entre 2011 et 2014, 205 lois anti-avortemement ont été adoptée aux États-Unis. Pendant la seule année 2016, 26 États ont fait passer 56 mesures anti-choix. Dans 11 États, d’après le Guttmacher Institute, l’accès légal à l’avortement est pratiquement impossible.

De même, l’accès à la contraception est remis en cause, car là aussi il s’agit d’éliminer les financements de l’Obama Care, en passe d’être abrogé, en attendant de supprimer la clause appelée « The Federal Contraceptive Coverage Guarantee » qui avait permis une couverture décente des moyens de contraception jusque-là vendus à des prix prohibitifs. Sans oublier la nomination très contestée à la Cour Suprême de Neil Gorsuch, un opposant féroce aux droits sexuels et reproductifs. Il devient ainsi le juge décisif pour éventuellement  abroger le Roe v Wade.

Donald Trump a signé le 13 avril dernier un décret éliminant un autre décret signé par le président Obama juste avant son départ de la Maison Blanche. Ce dernier voulait interdire aux États de refuser d’allouer l’argent public au Planned Parenthood (planning familial) et aussi couper les vivres au Title X, le programme national de planning familial associé au Medicaid (l’aide médicale pour les pauvres). En éliminant ce décret, il autorise de fait les États à bloquer les financements du Planned Parenthood.
De plus, l’amendement Hyde adopté par le Congrès américain en 1977 a bloqué les financements fédéraux du recours à l’avortement à l’exception des cas de viols, d’incestes ou en cas de danger pour la mère.

Pauvres ou appartenant à la classe moyenne, les femmes auront besoin d’un dépistage du cancer du sein, du col de l’utérus, elles auront besoin d’une contraception, d’une visite de médecine générale ; elles feront face à l’endométriose, etc. ; elles seront seules sans recevoir d’aide du gouvernement américain. 

La majorité des femmes qui ont à faire au planning familial sont des Afro-Américaines. Dans ce pays qui a vu les inégalités augmenter profondément, on a déjà observé une diminution de deux tiers des financements alloués au planning familial depuis 1980.

L’arrivée au pouvoir de personnes comme Donald Trump a des conséquences épouvantables pour les femmes et la société dans son ensemble. Ne nous y trompons pas, la suite à venir est encore plus effroyable.

 

Brigitte Marti 50-50 magazine

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