Articles récents \ France \ Économie \ Politique \ Société Femmes d’avenir en Méditerranée : « liberté, égalité, sororité »

Le 9 Mai, Sciences Po Paris recevait la 3ème promotion de Femmes d’avenir en méditerranée. Âgées de 25 à 35 ans, diplômées, travaillant dans tous les secteurs et venant de tous les milieux sociaux, les 22 lauréates ont été sélectionnées parmi 750 candidatures pour leur excellence et leur volonté d’insuffler une nouvelle ère dans leur pays. Pendant deux semaines, elles seront formées à analyser et critiquer les ressources et les méthodes mises en place, en France et dans l’UE, pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes, dans tous les domaines de la société.

Elles sont biologiste en Tunisie, artiste plasticienne,  employée de la Banque mondial en Egypte, directrice de rédaction en Turquie, musicienne de métal, architecte en Jordanie. Elles sont issues du pourtour méditerranéen, francophones, militantes féministes. Elles ont un parcours personnel et professionnel exceptionnel. Pendant deux semaines, elles vont travailler à « comprendre le monde pour le transformer » (1) et seront obligées pour l’avenir à s’engager personnellement à promouvoir l’égalité femmes/hommes dans leur pays et dans leur secteur d’activité.

 

Les Méditerranéennes au cœur d’enjeux politiques et économiques majeurs

Les pays méditerranéens ont fait d’énormes progrès en matière de parité : 60% des étudiant-e-s diplômé-e-s en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont des femmes. En revanche, une barrière invisible empêchent celles-ci d’accéder aux postes de leadership dans leur pays, les acquis sont fragiles. Animées par la culture de l’égalité et la certitude qu’une société ne peut se priver de la moitié de ses talents, les 22 lauréates vont apprendre à analyser puis décoder les phénomènes sociaux et comprendre les mécanismes à l’œuvre pour casser le plafond de verre et les stéréotypes sexistes qui barrent la route des femmes.

L’époque est au recul des droits en matière d’égalité : l’Arabie Saoudite est entrée à la Commission droits des femmes des Nations-Unies, l’Iran impose un apartheid sexuel dans les infrastructures de sport. Les femmes doivent entrer en force dans les commissions internationales et les gouvernements. Le pourtour méditerranéen est au cœur d’enjeux politiques et économiques majeurs. L’égalité entre les femmes et les hommes est un chemin crucial de développement et de paix.  Les femmes doivent participer aux processus de paix.

 

Le programme FAM, un projet innovant et unique

Labellisé par l’Union pour la Méditerranée, le programme Femmes d’avenir en Méditerranée  (FAM) est un projet porté et financé par le ministère des Affaires étrangères, le ministère des Droits des femmes, la Direction interministérielle à la Méditerranée et Sciences Po. Sciences Po figure parmi les dix “champions” universitaires choisis, dans le monde entier, par ONU Femmes pour leur engagement en faveur de l’égalité femmes/hommes et leur capacité d’influence sur le sujet.

Le programme est innovant et unique. Il consiste à travailler sur le leadership en Méditerranée en pariant sur des profils diversifiés de femmes (pays, formations, carrières, milieux sociaux etc.)

Ces femmes d’avenir participeront, entre autres, à des Master Class sur le leadership, puis partiront visiter les instances européennes à Strasbourg et rencontrer des eurodéputé-e-s, avant de rentrer à Paris pour suivre des ateliers thématiques sur les sciences politiques, l’économie et le droit autour de la question centrale : comment penser l’égalité en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Les lauréates vont étudier les politiques et les efforts mis en œuvre pour atteindre l’égalité en France. Elles vont également apprendre des échecs de la France dans ce domaine tout en apportant un œil neuf et critique sur la situation des Françaises.

 

Un projet chapeauté par PRESAGE

Le programme PRESAGE (Programme de Recherche et d’Enseignement des Savoir sur le Genre), créé en 2010, est le pendant scientifique de cette formation. Intégré à l’OFCE, (Observatoire français des conjonctures économiques) PRESAGE est doté d’un comité scientifique, composé de personnalités de disciplines diverses: Elisabeth Badinter (philosophe), Geneviève Fraisse (philosophe, directrice de recherche émérite, CNRS), Françoise Héritier (anthropologue et ethnologue, professeure honoraire, EHESS, Collège de France), Hélène Périvier (économiste,OFCE, Sciences Po, coordonnatrice du projet européen EGERA) et Maxime Forest (politiste), entre autres.

PRESAGE insère une réflexion sur le genre dans l’ensemble des activités de Sciences Po. L’intérêt de cette approche est de rendre possible une réflexion dynamique sur la construction des inégalités, la pensée de l’égalité et  l’analyse des politiques.

Lors de cette formation les participantes sont placées dans un « triangle de velours » :  pour comprendre et agir en faveur de l’égalité, ce programme s’articule autour d’une synergie entre les professeur-e-s universitaires, les actrices/acteurs du monde politique et les actrices/acteurs de la société civile.

Pendant deux semaines? les lauréates vont partager leurs expériences, s’inspirer des parcours personnels et professionnels réciproques. Elles vont apprendre à remettre en question les concepts sur l’égalité qu’on leur a inculqué, et sur la place de la femme en Méditerranée. Cette formation va leur donner des outils de réflexion et de communication à mettre en pratique dans leur pays, et à transmettre à d’autres femmes.

Il s’agit de donner aux femmes de la Méditerranée les moyens de faire entendre leur voix.

 

Salome 50-50 Magazine

(1) Slogan Sciences Po horizon 2022

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