Articles récents \ Île de France \ Société Voix de Femmes, une association engagée contre le mariage forcé

Voix de Femmes célébrera le 1er juillet, les deux ans de sa campagne nationale de lutte contre le mariage forcé. Créée en 1998, l’association a pour principal objectif de lutter contre les mariages forcés, le crime dit d’honneur et toute autre violence en lien avec le contrôle du choix amoureux et de la sexualité.

Un mariage forcé, qu’il soit civil, religieux ou coutumier consiste à obliger une personne, fille ou garçon, à en épouser un-e autre contre son gré, c’est-à-dire sans son consentement. Dès lors que ce dernier fait défaut, le mariage est conclu sous la contrainte, autrement dit, il est forcé. L’article 146 du code civil précise « qu’il n’y a pas de mariage lorsqu’il n’y a point de consentement ».

La notion de consentement est primordiale, son absence ou son obtention sous la contrainte, la violence, le chantage, la peur de décevoir la famille, constitue le caractère forcé d’un mariage. D’ailleurs, « quelle que soit la loi personnelle applicable, le mariage requiert le consentement des époux » (article 202-1 du code civil).

Selon l’UNICEF, plus de 700 millions de femmes dans le monde ont été mariées avant leur 18 ans, dont 250 millions avant leur 15 ans. En France, « le mariage ne peut être contracté avant dix-huit ans révolus » (article 144 du code civil).

campagne vdf

A titre d’exemple, parmi les victimes de mariage forcé en Seine-Saint-Denis, 30 % subissaient un contrôle parental de leur relation amoureuse ce qui signifie que les pressions exercées par la famille sur le choix du conjoint peuvent être un facteur d’exposition au risque de mariage forcé (1).

Le mariage forcé porte atteinte aux droits fondamentaux de la victime en particulier à son intégrité psychologique et physique. Il engendre également des violences sexuelles qui peuvent aller jusqu’au viol, au moment de la nuit de noces, et pendant toute la durée du «mariage», autrement dit des viols répétés.

Voix de Femmes en action

Parmi les jeunes femmes et garçons en danger de mariage forcé accompagnées par Voix de Femmes, dans la moitié des situations, l’élément déclencheur ou accélérateur du mariage forcé est la découverte d’une relation amoureuse métissée autrement dit non-endogame c’est-à-dire avec une personne d’une origine/caste/religion/pays/village/famille différente. Le mariage contraint touche également des garçons et des filles marié-e-s contre leur gré en raison de leur orientation sexuelle.

En 2014, 68% (deux tiers) des victimes de cette violence contacte l’association Voix de Femmes avant le mariage forcé. 77% (les trois quarts) sont âgées de moins de 25 ans et 57% ont moins de 21 ans, donc en âge d’être scolarisées ou déscolarisées et majoritairement féminin.

campagne VDF G

Voix de Femmes mène des actions de prévention et de sensibilisation en direction d’acteurs variés : professionnels, milieu scolaire, familial pour favoriser la détection des victimes potentielles ou des personnes en danger. Elle organise notamment des forum-débats pour le grand public afin d’élargir son espace d’intervention.

L’association offre un soutien aux victimes d’abus et les oriente dans la mesure du possible vers des alternatives (hébergement d’urgence, justice).  

Une journée internationale de lutte contre le mariage forcé

Voix de Femmes a lancé sa campagne de lutte contre le mariage forcé le 1er juillet 2015, période de départ en vacances des personnes victimes. La campagne a pour but premier de sensibiliser l’entourage des potentielles victimes (ami-e-s, personnel éducatif…) afin d’éviter les départs ou d’obtenir le signalement des personnes qui ne rentrent pas à la fin des grandes vacances.

L’association souhaite créer une journée internationale de lutte contre le mariage forcé, pratique encore trop présente aujourd’hui, afin de toucher par une manifestation publique une majorité de personnes concernées.

Manon Choaler, 50-50 magazine

1 Source : Observatoire des violences envers les femmes du conseil général de Seine-Saint-Denis – enquête 2007 comportements violents et sexistes envers les filles).

print