Articles récents \ Île de France \ Société La journée sans voile 

L’initiative de cette journée est née au Canada, en réponse à la « journée du hijab », initiée aux États-Unis par Nazma Khan le 1er février 2013. La date du 10 juillet a été choisie en hommage à la naissance de Thérèse Forget-Casgrain, militante féministe Québecoise. Le collectif des Femmes sans voile d’Aubervilliers organise chaque année une manifestation à Paris « En solidarité avec toutes les femmes musulmanes de par le monde qui se battent pour ne plus porter le voile. » N’oublions jamais qu’elles sont nombreuses à y avoir laissé leur vie, à être emprisonnées ou battues dans les pays théocratiques. Même si dans les pays occidentaux le port du voile s’appuie le plus souvent sur un consentement soigneusement encouragé, parfois dès la petite enfance, le voile reste un symbole archaïque d’une domination masculine millénaire stigmatisant le corps des femmes « tentatrices ». De nombreuses associations étaient présentes ce jour là, place de la République.

 

Nadia O, Femmes Sans Voile d’Aubervilliers 

Le 10 juillet est la Journée Mondiale de Femme sans voile. Cette année nous allons la fêter en solidarité avec toutes les femmes musulmanes de par le monde qui se battent pour ne plus porter le voile. Il y a une petite évolution quand on apprend qu’en Iran il y a des femmes qui s’organisent pour ne plus porter le voile et pointe le voile comme un marqueur de l’inégalité et de l’intériorisation de la femme dans l’espace public et dans la société. Le voile n’est ni un simple tissu ni une relation à Dieu.

Aujourd’hui le rectorat de Paris l’a clairement signifié : l’islam n’oblige pas à porter le voile ou la burqa, c’est l’islam politique qui l’impose. Aujourd’hui nous considérons que le voile est l’instrument privilégié des islamistes pour la remise en cause des droits fondamentaux des femmes que sont la liberté et l’égalité. Il est le signe matériel de l’apartheid sexuel. En Arabie saoudite et en Iran, les femmes ne peuvent pas accéder aux stades de sport. En solidarité, les Algériennes portent le bracelet en ruban blanc. Nous demandons que tous les pays qui pratiquent l’apartheid sexuel dans le sport soient exclus des compétitions internationales et l’application de la résolution 1464 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui interdit qu’on mette des habits porteurs de sens religieux aux enfants.

Le voilement des petites filles est un marqueur de leur isolement. Ce n’est ni une culture, ni une identité. je n’ai jamais vu de petite fille voilée au Maghreb, alors qu’on ne vienne pas dire que c’est culturel ! c’est la nouvelle mode dans les pays occidentaux ! C’est de la maltraitance. Nous refusons le projet politique de l’islamisme de communautariser les femmes. Nous nous battons pour la laïcité, la liberté et l’égalité.

 

Lalia Ducos,  Initiative de Femmes pour les Citoyennetés et les Droits Universels

La diaspora maghrébine est souvent représentée de façon simpliste ou caricaturale. Elle est sommet de choisir entre l’intégrisme religieux et le racisme ordinaire qui les conduit à s’intégrer en abandonnant toute trace de leur passé familial et culturel; nous sommes acquises aux valeurs universelles. Notre association lutte contre tous les intégrismes, contre tous les racismes et contre tout relativisme culturel. (…)

Par millions, les femmes musulmanes ont résisté aux intégristes, les hommes démocrates se sont opposés à leurs projets rétrogrades et obscurantistes.  Si je proteste, c’est parce que pendant notre décennie noire en Algérie, nous avons été isolées. Rhonda Copelon, avocate new yorkaise, fut la seule à soutenir les démocrates algérien-ne-s. Ceux qui prône l’apartheid sexuel n’ont ni le monopole de l’islam, ni le monopole de la pudeur. Nous ne sommes pas contre les femmes voilées, nous sommes contre le voile et contre sa signification : l’intégrisme religieux. C’est une idéologie totalitaire qui utilise l’islam à des fins politiques et que nous voyons à l’oeuvre dans plusieurs pays. Certains disent vouloir montrer les discriminations des femmes voilées. Mais ce sont les fondamentalismes qui par leur prosélytisme les fragilisent et les exposent aux discriminations. Nous refusons toute victimisation qui sous prétexte de droit à la différence, justifie la violation des droits des femmes.

 

Brigade des mères

Nous voulons dénoncer ce qu’il se passe concernant les femmes voilées. Le problème qui se passe aujourd’hui dans les banlieues et ailleurs ce ne sont pas que les fillettes voilées. Nous avons de plus en plus d’intégristes, des hommes qui viennent et qui nous imposent leurs lois dans leurs quartiers. Malheureusement, ils sont soutenus par certains élus de la République et c’est ça notre combat. Nous sommes confronté-e-s à ces grands frères intégristes, nous sommes confronté-e-s à la lâcheté politique. Nous avons récemment été attaquées, nous la brigade des mères et nous trouvons aujourd’hui que nous sommes lâchées, que nous ne sommes pas assez soutenues, qu’on nous laisse en pâturage avec un mépris de la classe sociale que je voulais dénoncer aujourd’hui.

Nous devons nous battre tous ensemble car il ne s’agit plus que des femmes musulmanes ou des femmes dans les quartiers, le problème nous concerne toutes et tous ici présents. Alors soit on prend ensemble le même bateau, soit c’est le naufrage pour tout le monde. La lutte continue !

On se sent parfois un peu abandonnées nous les femmes dans les quartiers particulièrement la dernière fois où on a été attaquées par des féministes laïques qui nous ont lynchées sur les réseaux sociaux et nous n’avons pas été du tout soutenues.

Aujourd’hui je trouve qu’il y a une discrimination par le statut social alors soit vous nous soutenez et nous nous battons tous ensemble pour l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants, de nos garçons ou alors le combat est perdu d’avance. On doit continuer à se rassembler, continuer à être solidaires et vive la France !

 

Michèle Viannes, Regard de Femmes

Nous dénonçons le voilement des fillettes en France. C’est un risque majeur pour leur développement cognitif, social et leur santé psychique. Les fillettes n’ont pas à se cacher dans l’espace public sous le prétexte qu’elles seraient une tentation pour les prédateurs sexuels auprès de qui l’interdit des violences envers les filles/femmes n’a jamais été posé. Le voile aboutit à réduire la fillette à son seul sexe (….)

Qu’est donc le voile sinon un marqueur indélébile de la sexualisation des petites filles et des femmes. Comment ouvrir les champs du possible alors que le voile implique une restriction à sa liberté de déplacement, à sa curiosité. L’exclusion aux activités sportives achèvera de restreindre sa liberté de choix. Le voile est une entrave absolue au développement social. Quelle culture de l’intolérance prône-t-on ? Quelle relation à l’autre prépare-t-on ? Quelle place pourra prendre dans la société une citoyenne qui aura été amputé de toute confiance en soi et de toute compétence sociale ?

Carine Delahaie, Femmes Solidaires

Nous sommes solidaires mais nous sommes d’abord solidaires des femmes qui s’émancipent. Voilà pourquoi depuis les premiers rendez-vous de « femmes sans voile » on a toujours décidé d’être du côté de celles qui marchent vers le progrès social, qui marche vers l’émancipation. Peut-être qu’un jour on sera amenées à endurcir cette lutte.  Mais ce qui nous intéresse c’est d’abord d’être solidaires avec ceux qui résistent et qui s’émancipent.

La deuxième chose c’est qu’on est en train de mener une bataille, je souhaite que nous ne la perdions pas, une bataille de vitesse. Nous sommes dans les lycées très souvent, toutes les semaines. On a vu l’année dernière près de 11 000 jeunes. Je peux vous garantir que cette idée bien-pensante de cette gauche est en train de détruire la laïcité et de l’idée qu’on peut s’en faire dans l’école républicaine. Il y a vraiment une course de vitesse et on essaie d’être présente au sein des quartiers et auprès des jeunes pour essayer de montrer la beauté de la laïcité. On oublie que c’est une chose magnifique la laïcité.

Et la troisième chose que je voudrais dire c’est que j’espère que nous allons étendre notre front. C’est toujours les mêmes qu’on voit mai parce que de l’autre côté il y a d’autres fronts qui se mobilisent.

 

Huguette Chomski-Magnis, Collectif Contre le Terrorisme

Pourquoi le MPCT soutient la journée internationale des femmes sans voile ? Quel rapport entre le voile et le terrorisme ? Une femme voilée n’est pas une terroriste à priori. Mais le rapport c’est que ce voile est un étendard, un marqueur de l’islam politique et c’est l’islam politique qui inspire le terrorisme qui ravage aujourd’hui la planète y compris la France. Il y a un rapport si on se place du point de vue des victimes du terrorismes. Parmi les victimes, je voudrais parler des lycéennes de Chibok dont la cause nous tient particulièrement à cœur. Ces lycéennes qui ont été enlevées il y a plus de trois ans par les islamistes de Boko Haram.

Lorsqu’elles ont été enlevées, y compris les quelques jeunes filles qui sont musulmanes elles n’étaient pas voilées et vous avez surement vu ces vidéos diffusées par Boko Haram qui montraient ces filles parquées comme du bétail, marquées comme du bétail. Elles étaient marquées en arborant ces voiles lugubres qu’on les forçait à porter et ça voulait dire « ces filles sont à nous » et c’est pour cela que lorsque certaines lycéennes sont libérées (il en reste 113 qui sont otages depuis 1183 jours), leur libération passe par le fait de jeter les vêtements dont elles étaient affublées, et retrouver leurs habits gais et de couleurs qui viennent de leur tradition africaine. Alors soutenir la journée internationale des femmes sans voile c’est être solidaires des 113 filles qui restent otages et de tous les otages de Boko Haram, de celles dont on redoute qu’elles ne soient plus vivantes parce qu’elles ont été tuées ou envoyées se faire exploser.

Fred Brulet, militant

Je suis Fred Brulet et je viens de la Bretagne, j’appartiens au journal de la ville de Rennes, je suis un ancien conquérant en Algérie et je suis présent ici en solidarité avec les femmes qui ne portent pas le voile et qui ont eu le courage de se différencier de l’origine avec la religion et les traditions négatives.

J’appelle les hommes à rejoindre les femmes dans leur combat, les femmes gagneront, il faut compter sur elles. Ce sont elles les plus révolutionnaires ! Nous les hommes nous ne sommes pas à la hauteur, nous devrions être beaucoup plus nombreux ici.  C’est le patriarcat de tous les pays qui est en jeu, et dans tous les pays du monde le patriarcat est à bannir, il faut lutter contre et il faut lutter pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes.

Quant aux femmes qui se voilent, l’interdiction n’est pas forcément la solution mais il faut décourager les femmes à porter ce voile qui n’est pas un signe. On n’a pas envie de rentrer en contact avec une femme qui porte le voile ; par contre, avec une femme qui ne porte pas le voile on a envie de sourire, on a envie d’échanger, on est ensemble. Le voile sépare les gens.

Propos recueillis par Marie-Hélène Le Ny 50-50 magazine

Photos Anne-Marie Viossat

print