Articles récents \ Île de France \ Économie Des femmes de chambre en colère : « nous savons quand nous commençons le travail, mais nous ne savons pas quand nous le terminerons »

En grève depuis le 18 octobre, les femmes de chambre, gouvernantes et équipiers du sous-traitant Héméra tiennent bon à l’Holiday Inn de Clichy. Les actions menées jusque là, avec leur syndicat CNT-SO et le soutien de la CGT-HPE, ont eu un bon écho médiatique. Elles ont permis de populariser ce conflit que l’employeur comme le donneur d’ordres espèrent voir s’enliser. En grève reconductible depuis 3 semaines, les salarié·e·s surexploité·e·s d’Hemera revendiquent.

Témoignage d’un équipier

« Je suis équipier (1) chez Holiday Inn de Clichy. Je travaille ici depuis février 2017 et c’est déjà la quatrième société de sous-traitance qui s’occupe de l’hôtel. Nous sommes en grève pour soutenir les femmes de chambre qui ont des conditions de travail qui se dégradent, qui sont indignes. Elles sont payées à la tâche et non plus à l’heure. Celles qui avaient des contrats à l’heure avec les anciennes sociétés de sous-traitance, se sont vus passées aux contrats payés à la tâche.

Avant les femmes de chambre avaient 2 jours de repos par semaine. Aujourd’hui elles sont à la merci de la gouvernante qui décide quand elles pourront se reposer.

Nous n’avons aucun droit. Nous n’avons pas de 13 éme mois par exemple.

Le groupe hôtelier a muté 2 femmes de chambre qui avaient 8 et 10 ans d’ancienneté au Mans, sous le prétexte qu’il y avait trop de femmes de chambre ici. Mais en parallèle, la direction en a fait venir 3 nouvelles dans cet hôtel. Cela n’a pas de sens. Pourquoi ne pas avoir muté les 3 nouvelles employées directement au Mans ? »

Témoignage d’une femme de chambre

« Je suis femme de chambre, sous traitée par la société Héméra, depuis 11 ans. Nous faisons grève parce que 2 collègues ont été abusivement mutées au Mans. Nous revendiquons également nos 2 jours de repos consécutifs, un panier repas, et plus généralement le respect de notre travail. Tous les acquis accordés par les anciennes sociétés de sous-traitance ont été perdus depuis qu’Héméra est devenue la nouvelle société.

Nous manifestons depuis 4 semaines. La direction ne nous écoute pas. Elle nous envoie la police tout les jours. Nous subissons des pressions, mais nous tenons le coup et nous sommes toujours là.

Vendredi 3 novembre à la mairie de Clichy, une députée LREM nous a reçu. Elle nous a dit qu’il fallait être flexibles, que nous n’étions pas le cœur de l’hôtel. Selon elle, le cœur de l’hôtel est la réception, alors que nous, qui sommes dans les étages, nous manifestons et revendiquons nos droits. Elle s’en fout !

Nous allons continuer à manifester jusqu’à ce que nous obtenions la réintégration de nos 2 collègues, nos 2 jours de repos consécutifs, nos paniers repas et nos heures supplémentaires payées. Nous, les femmes de chambre, nous savons quand nous commençons le travail, mais nous ne savons pas quand nous le terminerons. Nos journées sont longues, mais nos salaires restent les mêmes. Nous sommes rémunérées à la tache ! Nous voulons travailler à l’heure. S’il faut faire des heures supplémentaires, nous voulons qu’elles soient payées. »

 

Propos recueillis par Salome 50-50 magazine

1 L’équipier réalise tout ou partie des activités d’un établissement hôtelier ou de tourisme (accueil, services aux clients, entretien des chambres et des locaux, …), selon la charte qualité de l’établissement et les règles d’hygiène et de sécurité. Peut effectuer le service en salle pour les repas.

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