Articles récents \ France \ Sport France Claudie Corvol : "Le sexisme est présent dans le sport, nous devons le dénoncer"

Un colloque « plus de femmes pour plus de sport : on fait comment ? » se déroulera le 24 janvier prochain. Il abordera les nombreuses questions du sexisme dans le sport, un sujet peu abordé encore aujourd’hui. Claudie Corvol, vice-présidente du Conseil National des Femmes Françaises, une des initiatives du colloque nous le présente.

Quels sont les objectifs du colloque? Quels seront les sujets abordés? 

Il faut rappeler que ce colloque « Plus de femmes pour plus de sport : on fait comment ? » a été voulu  par des associations féministes conscientes que dans le sport aussi les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes sont loin d’être respectés !!

Nous voulons changer les choses et donner des pistes pour que la pratique sportive et les activités physiques des femmes soient plus visibles, plus partagées et davantage soutenues. Au-delà des constats et de l’énumération des freins et des obstacles, nous avons axé notre colloque autour de la présentation d’actions concrètes ayant contribué à augmenter de manière significative la pratique des activités physiques et sportives par les femmes.

Tous les acteurs sont mis à contribution, les pouvoirs publics, les collectivités, les instances sportives, les médias, les entreprises, le secteur associatif, les professionnel.le.s de santé …

Réunis autour de 4 tables rondes, nos intervenant.e.s ont tou.te.s une expérience positive à partager et ont fait progresser l’égalité et la place des femmes, chacun.e dans leur domaine.

Du reste, à l’issue du colloque un guide des bonnes pratiques sera établi et largement diffusé. Enfin tout au long de l’année 2018 nous labelliserons « plus de femmes pour plus de sport » des initiatives de terrain qui donneront une visibilité nationale à notre action.

La marraine du colloque, Aurélie Bresson, représente la presse féministe du sport. Le sport féminin est très peu présent dans les médias classiques? Y aura-t-il des actions proposées pour remédier au manque de visibilité des femmes dans le sport? 

Aurélie Bresson, directrice et fondatrice du magazine « les sportives », nous a fait un grand honneur quand elle a accepté avec enthousiasme d’être la marraine du Colloque et de nous suivre dans la totalité du projet. Elle est consciente, encore plus que nous, de la difficulté de faire exister le sport féminin dans les médias, elle se bat pour cela ! Nous aurons une table ronde consacrée au monde du sport et des médias : des journalistes, des responsables de fédérations, des sportives … auront à répondre de cet état de fait et proposeront des solutions.

Comment allez-vous aborder la question de la parité à tous les niveaux de l’organisation de la pratique sportive en France? 

Le sport de haut niveau, les JO ne sont pas notre sujet principal dans ce colloque, même si nous sommes conscientes que les discriminations faites aux femmes y sont toujours présentes. Ce qui est important c’est de changer l’image qu’ils donnent du sport, un monde dominé par les hommes, ne dit-on pas que l’exemple vient d’en haut ?

Il est important que des athlètes femmes de haut niveau comme Caroline Garcia (tennis), Estelle Mossely (boxe), Laure Bouleau (handball) et les équipes féminines championnes de foot et de hand soient plus connues du grand public, car ce sont des locomotives et des modèles pour les filles et les femmes !

Il est anormal que Perrine Laffont, quatre fois championne du monde de ski de bosses soit si peu médiatisée et elle n’est pas la seule … Le fait que pas une seule femme ne figure dans les sportifs préférés des Français dans le classement 2017 établi par BFMTV , n’est- il pas significatif ?

Quelles sportives seront présentes à ce colloque? 

D’abord la ministre préférée des Français, d’après le Huffingtonpost : Laura Flessel (ex championne du monde d’escrime)qui viendra clore nos travaux. Ensuite plusieurs ex footballeuses professionnelles comme Nicole Abar et Mélissa Plaza, Laurence Fischer triple championne du monde de karaté, Stéphanie Gicquel marathonienne des pôles viendront témoigner de ce qu’elles font aujourd’hui pour faire rayonner le sport féminin.

Il y aura aussi une magnifique exposition de photos « génération sportives » présentée par l’Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS )

Allez vous aborder le sujets des violences faites aux femmes dans le sport, un sujet particulièrement occulté aujourd’hui ? Peut on parler d’une omerta?

Omerta ? Je ne serai pas aussi formelle, les langues se délient … Il est important que les violences de toutes sortes, verbales, physiques, morales, sexuelles que subissent les championnes ou graines de championnes de la part de leur environnement sportif ou familial soit dénoncées et sanctionnées. Il existe aussi dans la vie de tous les jours, dans les stades, dans les vestiaires, au sein même des familles ou de l’entourage, des comportements, des réflexions, ou un harcèlement plus ou moins pesant qui constituent encore de réels obstacles à la pratique d’une activité sportive par les femmes.

Le questionnaire que nous avons envoyé à nos réseaux (1100 réponses exploitables) et qui sera présenté en introduction du colloque, montre nettement  que les femme qui pratiquent une activité sportive de loisir sont souvent les cibles de réflexions : « le rugby , c’est pas un sport de femmes, tu t’es vue en jogging , tu n’y arriveras pas , trop grosse, trop moche, trop vieille… »

Le sexisme est présent dans le sport, nous devons le dénoncer, trouver des solutions pour aller vers plus d’égalité, pour faire exister le sport féminin dans les médias et le rendre plus visible, pour favoriser et augmenter sa pratique de l’école à la maison de retraite, c’est l’objectif que nous nous sommes fixé.

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 magazine

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50-50 magazine est membre du Collectif plus de femmes pour plus de sport

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