Articles récents \ France \ Politique 1er tour des municipales : où sont les femmes maires?

Le 15 mars dernier, le premier tour des municipales avait lieu en France tandis que l’injonction de confinement prenait progressivement forme. Face à des directives confuses voire contradictoires, les votant·es se sont peu déplacé·es aux urnes. Un total de 30 125 communes ont vu leur maire renouvelé ; ce chiffre en cache d’autres, notamment concernant l’égalité femmes/hommes dans le milieu politique français. Retour sur des élections contestées et décevantes vis-à-vis de la question de la parité.

A la veille du premier tour, l’espoir que les femmes aient enfin la place qui leur revient dans la politique locale avait émergé. Bien que le gouvernement ait demandé le respect de la parité formelle, les biais sont eux restés bien présents dans la constitution des listes électorales. Dans les faits, la loi du 1er août 2016 sur l’alternance paritaire oblige les listes à compter un taux de femmes et d’hommes candidat·es en adéquation avec le nombre de femmes et d’hommes inscrit·es sur les listes électorales. La volonté de permettre une plus forte représentation des femmes se heurte à la possibilité pour les partis politiques de se servir de cette disposition pour annuler des résultats jugés non satisfaisants. Ainsi, les petites communes ont un moyen d’exclure purement et simplement l’élection d’une élue si le nombre d’hommes inscrits est supérieur au nombre de femmes inscrites.

Le premier tour du scrutin des municipales a, sans surprise, reflété ces inégalités d’accès aux instances de pouvoir. Avec un taux de participation final de 44.66%, on compte ainsi 19.2% de femmes maires, dont 12% dans les villes de plus de 300.000 habitants. Ce chiffre, loin de la parité espérée, cache un nombre inférieur de femmes candidates en tête de liste. Avant même le vote, elles partent désavantagées, ne correspondant pas aux critères de genre d’un élu typique. La figure de l’homme de pouvoir puissant, expérimenté, sûr de lui reste ancrée dans les esprits. La politique a depuis toujours été considérée comme un monde à part, interdite aux femmes sous le prétexte qu’elles seraient guidées par leurs émotions et plus aptes à jouer des rôles de soutien.

Les femmes sont des citoyennes à part entière. Pourtant, elles restent systématiquement discriminées lorsqu’il s’agit d’accéder aux instances de pouvoir. Plus encore au niveau local, le rôle des femmes dans les postes à responsabilité est systématiquement moindre que celui des hommes. Ainsi, elles sont 32% au Sénat et 38.8% à l’Assemblée Nationale. Elles sont pourtant les premières concernées en termes de discrimination, précarité et violences. Pourtant, même lorsqu’elles ont le pouvoir de changer les choses, l’intériorisation des stéréotypes de genre persiste. On critiques les femmes politiques sur la base de leur apparence et de leur émotivité, tandis que les hommes sont félicités pour leur parcours et leur réussite.

A quatre jours du second tour du scrutin, une question se pose ; où sont les femmes maires ? Si l’on peut se réjouir d’une hausse du taux de candidates en tête de liste (un peu plus de 24% selon le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes), le pourcentage d’hommes candidats, tous rôles confondus, reste anormalement élevé en comparaison. Les femmes ne sont pas des votantes accessoires et ne devraient pas se battre pour un droit aussi fondamental que la représentation et l’accès à la politique, surtout à l’échelle locale. Les problématiques de violences sexistes et d’écologie (entre autres) les concernent directement, et les maires sont en première ligne.

Perrine Arbitre, 50-50 magazine

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