Articles récents \ France \ Société Sondage : Perceptions des Français·es sur l’égalité entre les femmes et les hommes à la veille du Forum Génération Égalité 

Comment les Français·es perçoivent-elles/ils l’égalité de genre ? C’est la question posée par Focus 2030, qui vient de publier son 7ème Baromètre de la solidarité internationale intitulé «Perceptions des Français·es sur l’égalité entre les femmes et les hommes à la veille du Forum Génération Égalité»

Réalisé dans le cadre du festival de l’engagement Génération Égalité Voices porté par ONU Femmes France et de l’événement virtuel « Notre Génération Égalité » initié par le Secrétariat général du Forum Génération Égalité, ce sondage permet de comprendre un peu mieux l’engagement de la société française sur les questions d’égalité de genre. L’année prochaine se tiendra, à Paris, la plus grande conférence internationale jamais organisée depuis 25 ans sur l’égalité femmes/hommes. Le Forum Génération Égalité a certes été repoussé d’un an à cause de la crise sanitaire, mais les problématiques liées à l’égalité de genre sont, elles, toujours d’actualité.

Dans ce sondage, réalisé en février 2020, Focus 2030 voit se dessiner de nombreuses tendances. « Par contraste avec de nombreux débats de société générant des points de vue particulièrement polarisés, on observe ici un fort consensus en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes chez les Français·es à des degrés divers, toute génération, niveau d’éducation, orientation politiques confondus », note Focus 2030 dans son compte-rendu. « En contradiction avec une situation encore objectivement très inégalitaire, tout se passe comme si soudainement, la société française avait subi un électrochoc favorisant une révolution copernicienne dans les préoccupations et les comportements à l’égard de cette question de genre », souligne aussi le rapport. Un électrochoc bienvenu, quand on sait que la crise sanitaire a exacerbé les inégalités de genre et favorisé le recul des droits des femmes.

L’argent : le nerf de la bataille pour l’égalité

Dans le détail, pour 61% des Français·es, soutenir l’égalité entre les femmes et les hommes devrait être une priorité de l’aide au développement de la France. 73% des Français·es estiment que le gouvernement devrait augmenter le budget consacré à la prévention des féminicides. Des chiffres encourageants sur la volonté des Français·es de voir des moyens financiers alloués à la question de l’égalité. Bien souvent, l’argent manque aux associations féministes pour promouvoir l’égalité de genre et pour lutter contre les violences faites aux femmes. Bien souvent, le travail des femmes n’est ni reconnu ni rémunéré (pour les tâches domestiques par exemple). Bien souvent, les femmes sont moins bien payées que les hommes. Pourtant, les femmes se sont retrouvées en première ligne pour lutter contre la pandémie.

Selon le sondage, 64% des Français·es n’ignorent pas que les femmes sont moins bien payées que les hommes pour le même travail. « Les écarts de salaires entre femmes et hommes sont une réalité reconnue par une très grande majorité des Français·es, une réponse qui fait écho à une dimension objectivable : le revenu salarial des femmes est en moyenne inférieur de 23% à celui des hommes (INSEE, 2019) », détaille Focus 2030. 50% des femmes reconnaissent avoir déjà été moins bien payées en raison de leur genre, et 68% des femmes disent devoir passer beaucoup de temps aux tâches domestiques en raison de leur genre.

Autre aspect essentiel de ce sondage : les personnes interrogées n’ignorent pas que d’autres pays souffrent aussi de ces inégalités, encore plus criantes dans certains pays moins développés. 59% des Français·es souhaitent que la France s’engage à augmenter sa contribution financière pour faire avancer les droits des femmes dans les pays en développement.

Quelles solutions pour atteindre l’égalité dans le monde ? 

Le sondage s’est aussi intéressé aux solutions envisagées par la société pour atteindre l’égalité entre les sexes. Des solutions qui font écho à l’actualité, alors que les violences domestiques ont explosé à travers le monde pendant le confinement.

À la question : « parmi les propositions suivantes, veuillez indiquer quelles sont, selon vous, les 3 propositions les plus importantes pour faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes dans le monde », les personnes ont répondu, dans l’ordre : lutter contre les violences faites aux femmes; faire en sorte que les femmes soient payées autant que les hommes; faciliter l’accès des femmes aux postes de décision (en politique, dans les entreprises…)

Pour 61% des Français·es, instaurer la parité dans les organes de décisios est une bonne manière de faire progresser la place des femmes en France. « Invariablement, la question des violences subies par les femmes, conjuguée au problème de rémunération des femmes, sont les deux premiers aspects spontanément cités lorsqu’il s’agit de corriger les inégalités entre les sexes à l’échelle du monde. Même si des divergences existent entre les réponses des femmes et celles des hommes, cette vision est néanmoins partagée par l’ensemble de la population française », analyse Focus 2030.

Le sondage montre également que l’égalité entre les sexes est avant tout une question politique, mais que des solutions individuelles peuvent exister. Quand la question des actions susceptibles d’être entreprises pour lutter contre les inégalités de genre est posée, 49% des personnes interrogées se déclarent prêtes à signer des pétitions, 45% à voter pour un·e candidat pro-égalité, et 38% à boycotter une entreprise aux pratiques sexistes.

Une diplomatie féministe, vraiment ? 

Le gouvernement français a répété, de nombreuses fois, son ambition de mener une diplomatie féministe. Evidemment, le remaniement du gouvernement avec la nomination, entre autres, de Gérald Darmanin comme ministre de l’Intérieur, pourtant accusé de viol, pose question. Mais le sondage ayant été réalisé bien avant ces récents événements politiques, 61% des Français·es approuvaient, en février, l’idée d’une « diplomatie féministe ».

Ce baromètre pointe aussi du doigt certaines contradictions dans la société. « Associé au mot « diplomatie » le mot « féministe » ne semble donc pas générer de rejet, tandis que dans une autre question, il apparaît que 47% des Français·es sont réfractaires à l’idée de se considérer personnellement comme « féministe », comme si ce qualificatif signifiait, en creux, adhérer à un mouvement auquel manifestement un grand nombre de Français·es ne souhaitent pas être associé·es », précise Focus 2030.

Dernier point essentiel de ce sondage : les discriminations et comportements sexistes. 44% des femmes interrogées disent subir régulièrement des insultes et des remarques sexistes. C’est beaucoup. C’est trop. Alors, si 49% des hommes déclarent être dorénavant plus vigilants vis-à-vis des droits des femmes, ce chiffre est encourageant mais encore (beaucoup) trop faible. Le combat féministe ne pourra se faire sans un engagement de toute la société.

Chloé Cohen, 50-50 magazine 

Le sondage

2003 adultes représentatifs de la population française ont été interrogés en ligne entre le 5 et le 13 février 2020, par l’institut YouGov, dans le cadre du partenariat de Focus 2030 avec le projet Development Engagement Lab (DEL) des Universités UCL (Londres) et Birmingham University.

 

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