Articles récents \ Monde \ Afrique Femmes entrepreneuses au Burkina Faso : un parcours de combattantes

L’ONG Entrepreneurs du Monde née il y a plus de 25 ans de la volonté de soutenir les plus démuni.es est parvenue aujourd’hui à soutenir plus de 140 000 micro-entreprises dont 89% créées par des femmes. Dans les pays en voie de développement, l’emploi salarié est rare.  Alors, les femmes, qui vont moins à l’école, qui portent entièrement la charge des enfants, accèdent encore moins que les hommes à un emploi.

Au Burkina Faso, plus de 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le pays est classé 144e sur 157ème selon l’indice du capital humain.

Les femmes y sont moins alphabétisées que les hommes : 26.2% contre 44.4%. Cet
écart est plus prononcé en milieu urbain qu’en milieu rural. Même si les taux de scolarisation et d’alphabétisation des femmes sont en hausse sensible au Burkina Faso, il demeure que les filles et les jeunes femmes sont vite déscolarisées pour être mariées et procréer.

En 2013-2014, le taux national de scolarisation au primaire (TNS) est estimé à 64,7% pour les garçons et 64,2% pour les filles. Au collège, ce taux chute de façon drastique pour atteindre 23,8% pour les garçons et 21,9% pour les filles.

Les filles sont généralement mariées au cours de leur adolescence. Ces jeunes femmes auront bien avant 18 ans plusieurs enfants dont elles devront s’occuper. Le nombre moyen d’enfants par femme est de cinq en 2020.

En 2013-2014, le taux national de scolarisation au primaire (TNS) est estimé à 64,7% pour les garçons et 64,2% pour les filles. Au collège, ce taux chute de façon drastique pour atteindre 23,8% pour les garçons et 21,9% pour les filles.

Comme la plupart des filles au Burkina Faso, Salamanta Bagua n’est pas allée à l’école. Après une enfance heureuse au cours de laquelle elle a mangé à sa faim, chose très rare dans ce pays extrêmement pauvre, à 12 ans, Salamanta Bagua doit arpenter le bord des routes et les abords des marchés pour vendre des galettes, des beignets et de l’igname bouillie, sources de revenus pour sa famille.

A 17 ans, elle est donnée en mariage selon une promesse familiale engagée avant même sa naissance ! Peu de temps après le mariage, son mari devient paralysé. Salamanta Bagua a plusieurs enfants en peu de temps dont deux meurent à un mois d’intervalle. Mais elle doit se démener pour élever, nourrir, faire vivre toute sa famille. Elle lave du linge, vend du sable, du bois. La famille survit difficilement !

Au Burkina Faso, le contexte est peu favorable à l’entrepreneuriat des femmes

Les ONG et les associations proposent localement des mesures pour faire évoluer la situation et soutenir les femmes qui veulent entreprendre. Malgré leur envie de participer au développement local en tant qu’entrepreneuses, les pesanteurs socio-culturelles, le patriarcat restent des obstacles difficilement franchissables pour la majorité d’entre elles et les femmes représentent seulement 22% des entrepreneur.es burkinabè.

En 2015, Salamanta Bagua choisit de se lancer dans la restauration avec l’appui des responsables locales d’Entrepreneurs du Monde ! En trois ans, elle obtient auprès de l’association cinq prêts de 80 000 à 540 000 francs CFA (soit de 120 € à 820 €), grâce auxquels elle a pu construire un kiosque et une cuisine, acheter des tables, des chaises, de la vaisselle. Progressivement la clientèle a grossi, elle a diversifié ses plats, augmenté ses bénéfices. Avec courage, détermination et sa capacité à planifier, elle réussit à s’en sortir !

L’entrepreneuse construit deux maisonnettes. Elle peut désormais prendre en charge son mari, trois enfants et quatre petits-enfants. Sa fille Léa suit désormais une formation professionnelle en couture. Salamanta Bagua est aujourd’hui la Vice-Présidente de l’Association Wend Nongdo qui prône l’entraide mutuelle et le partage de connaissances. Elle a ainsi aidé une voisine en difficulté suite au décès de son mari. Elle lui a donné de quoi démarrer la vente de condiments. Aujourd’hui, cette femme arrive elle aussi à nourrir et scolariser ses enfants !

Le prochain projet de Salamanta Bagua : aider sa fille Marie à ouvrir son propre restaurant pour qu’elle puisse elle aussi réussir et s’épanouir !

L’entrepreneuriat des femmes dans les pays en développement est un enjeu prioritaire. Il est un levier puissant d’autonomisation et d’émancipation.

Virginie Petit 50-50 Magazine

 

 

 

 

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