Articles récents \ Culture \ Théâtre « Cabaret Louise » remet Louise Michel au goût du jour

Avignon le off. Tout en contrastes, drôle et  sérieux à la fois, ce Cabaret Louise déjanté retrace la Commune en quelques tableaux. Louise Michel est au centre des événements. Un bel hommage à cette grande figure historique, pour le 150 éme anniversaire de la répression sanglante de ce soulèvement populaire.

Quand Simone et Edouard, couple des années 2021 en pleine rupture, se rencontrent sur scène, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires de Louise Michel. La grande histoire, celle de la Commune, à présent évacuée des programmes scolaires. Pourtant, ce n’est pas rien, 20 000 Parisiennes et Parisiens, y compris des enfants, massacré·es par Thiers allié aux Prussiens pour mater la révolution, lors de la Semaine sanglante de mai 1871. Au cœur du peuple, Louise Michel, institutrice et meneuse de femmes et d’hommes, superbement ressuscitée  par Charlotte Zotto, révoltée, enflammée, tragique parfois. Quelle émotion, lorsque, en tète des révolutionnaires en marche, elle attend que les soldats, face à eux, les abattent. Finalement, ils préfèrent retourner leurs armes contre leur hiérarchie !

Charlotte Zotto, c’est aussi Simone, la meneuse de ce Cabaret Louise présenté par la Compagnie du Grand Soir. Pétillante, virulente, empêtrée dans son histoire de désamour avec Edouard, agrégé d’histoire joué par Régis Vlachos… qui  ne s’est pas donné le beau rôle. Edouard est un gars assez pleutre, plutôt cossard, donneur de leçons, intéressantes, pourtant, les leçons d’histoire ! Le comédien incarne aussi Jules Ferry et Adolphe Thiers « quand ils trahissaient la France ». Et un beau Théophile Ferré, amoureux de Louise Michel, condamné à mort. 

Burlesque et tragique

Régis Vlachos, c’est avant tout l’auteur de cette pièce déjantée, éclectique, qui fait le grand écart entre 1871 et 2021, qui mélange du Johnny Halliday et du Victor Hugo, du Sheila et du Rimbaud, de l’Histoire et des scènes de ménage. A la faveur d’une énième querelle, la comédienne et le comédien quittent la salle en claquant la porte… et c’est le technicien qui vient combler le vide. Le charmant Léo Delorme en profite pour parler de la prise d’une usine de thés de la région marseillaise  par ses salarié·es, qui après 1336 jours de grève, ont fondé une société coopérative pour reprendre leur outil de travail et créer leur propre marque, 1336 évidemment ! Chapeau, la mise en scène de Marc Pistolesi qui parvient à réunir tant de digressions pour finalement former un tout !

La pièce, créée en 2018 pour célébrer les 50 ans de Mai 68, prend toute sa valeur en 2021, 150 éme  anniversaire de la répression de la Commune. Régis Vlachos et Charlotte Zotto, sorti·es du cours Florent en 2009, se tirent à merveille de ce cabaret un peu foutraque qui trimballe les spectatrices et spectateurs d’une époque à l’autre, d’une révolte à l’autre, mais tient le cap jusqu’au bout. « Le burlesque n’enlève rien au tragique », estime Régis Vlachos. Démonstration parfaitement réussie.

Sylvie Debras 50-50 Magazine

Théâtre de la Luna du 7 au 31 juillet (relâche le 22 juillet) à 20h45. La Compagnie du Grand Soir

Photo de Une Xavier Cantat

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