Société Légalisation de la prostitution : le pouvoir aux proxénètes

Détail de l'affiche d'une campagne de l'association Mouvement du nid

Détail de l'affiche d'une campagne de l'association Mouvement du nid

Détail de l’affiche de la campagne : « Ce qui est choquant ce n’est pas le sexe, c’est l’argent » de l’association Mouvement du nid.

Pragmatisme. Tel était le mot favori de nos voisins européens réglementaristes. Hygiène, sécurité, bien-être… Grâce aux lois votées aux Pays-Bas en 2000 et en Allemagne en 2002, la prostitution allait devenir un métier comme un autre, assorti de droits. Débarrassée des réseaux criminels, elle serait bientôt un emblème de la liberté et de la démocratie.

Nous sommes en 2012. Et l’échec est explosif. Selon une étude citée par Le Monde, entre 50 et 90 % des occupantes des vitrines et « salons » néerlandais seraient prostituées sous la contrainte. Quant aux proxénètes et aux réseaux, ils ne se sont jamais si bien portés.

La chroniqueuse du journal Volkskrant, Evelien Tonkens, parle aujourd’hui de la « liberté » tant vantée comme d’un pur « alibi à l’esclavage ». La nouvelle génération d’élus de gauche fustige de son côté une « erreur nationale » et la mairesse d’Amsterdam en est à se prononcer en faveur de la pénalisation des clients sur le modèle suédois.

L’interview qu’a accordée au magazine allemand Emma le commissaire principal de la ville de Stuttgart, M. Hohmann, dresse outre-Rhin un tableau aussi catastrophique1. Directeur du service d’enquête sur la prostitution depuis une quinzaine d’années, il observe que les proxénètes, seuls bénéficiaires de la loi, « sont comme des coqs en pâte ».

Du côté des prostituées, 3 à 5 % seulement sont indépendantes. M. Hohmann décrit la logique en marche : les autorités prennent clairement le parti des « chefs d’entreprise », dénomination aujourd’hui attribuée à ceux que nous appelons en France des proxénètes.

La justice rejette une plainte contre un bordel d’Augsburg

Ainsi, la cour régionale d’Augsburg, en Bavière, a rejeté la plainte pour proxénétisme déposée contre un bordel où les prostituées n’avaient aucun droit. Le gérant fixait les tarifs, le temps de « travail », le détail des pratiques sexuelles ; il avait décrété une obligation de nudité et une interdiction de téléphoner. Les clients avaient un « droit de plainte », leurs insatisfactions se traduisant par des amendes imposées aux femmes. Loin de prendre le parti des exploitées, le tribunal a volé au secours des patrons. CQFD.

En Catalogne, en Espagne, les décrets de 2002 qui ont légalisé la prostitution et donc dépénalisé le proxénétisme, ont eux aussi largement fait leurs preuves. Un gigantesque marché aux esclaves a envahi toute la région ; pas un tronçon de route n’est épargné.

La façade revernie voulant que les prostituées aient voix au chapitre s’est donc vite effondrée. Corvéables à merci pour plaire au « consommateur » – à qui l’Etat fait savoir qu’il est pleinement dans son droit –, elles n’ont d’autre recours que de serrer les dents.

Les proxénètes ont gagné : promus au rang d’hommes d’affaires, à la tête d’un secteur des plus prometteurs et dotés d’une liberté de manœuvre sans précédent, ils ne craignent plus guère d’être contrariés.

Reste à la France à en tirer les conséquences et à fuir comme la peste toute tentation du même acabit. L’exemple suédois, sans complaisance aucune ni pour les proxénètes ni pour les « clients », semble tracer une voie infiniment plus prometteuse.

Claudine Legardinier – EGALITE

print