Foot au féminin Les féminines du Layon : les footballeuses de demain

C’est une petite bourgade d’à peine neuf cents habitants et pourtant Les Verchers sur Layon (Maine et Loire) possède une des meilleures équipes de football féminin de la région. À l’image du football féminin, les filles du Verchers ne cessent de progresser. La présidente, très investie dans son club,  nous a ouvert ses portes ce dimanche après-midi, jour de match.

Dans le pays du Layon, si vous demandez à un habitant où se rendre pour assister à un match de football féminin, il vous indiquera, à coup sûr, le club des Verchers sur Layon. Avec ses deux terrains (bientôt trois), et son tout nouveau club house, le stade accueille depuis 2002, les rencontres féminines et masculines. La montée en nationale de l’équipe féminine de Saint Georges a mené à la fusion avec les garçons des Verchers sur Layon. Cette initiative a permis de créer un club avec de meilleures infrastructures. À partir de cette année, le club explose. Son nombre de licenciés atteint même la barre des cent soixante (soixante féminines en 2008), de  nouvelles joueuses arrivent des quatre coins du département et l’équipe féminine évolue en nationale 2 pendant plusieurs années. Le club se déplace à l’autre bout de la France, côtoie le très haut niveau et accueille même dans ses rangs une internationale française. « Depuis huit ans, nous connaissons nos meilleurs résultats », rappelle Mme Juillard, la présidente. Mais comme tout va plus vite aujourd’hui dans le football, la concurrence se fait plus rude. De nouveaux clubs voient le jour dans le département (La Croix Blanche, Segré, Cholet, Saumur…) et les Verchers sur Layon n’attire plus autant de joueuses qu’auparavant. Depuis cette année, l’équipe évolue en régionale. Une descente à l’échelon inférieur que nous explique avec pragmatisme la présidente : « Nous sommes volontairement redescendues en régionale parce que nous n’avions plus les moyens sportifs. On s’est fait étouffer par le haut niveau. Notre équipe nationale nous a demandé énormément d’énergie en terme de logistique, nous regrettons d’avoir laissé de côté la formation de nos jeunes. » Si bien qu’aujourd’hui, c’est la nouvelle politique du club. Et Mme Juillard n’hésite pas à regarder vers le haut, « Notre objectif est de remonter en Nationale 2 dans deux ans. »

Tous les dimanches après-midi, l’équipe masculine a pris l’habitude de regarder les filles jouer à 13h. ; évoluant en deuxième division de district, elle a accepté que le club soit davantage reconnu pour ses équipes féminines. Contrairement aux garçons, les filles sur un terrain ont un plus profond respect de l’arbitre et de l’adversaire : « Elles ont une bonne agressivité », souligne leur présidente. « L’agressivité verbale, on ne la voit pas chez les filles. » Quand on lui demande comment a évolué le foot féminin, elle estime que le foot féminin s’est démocratisé, s’est amélioré et que des barrières se sont levées. « Il y a vingt ans quand une petite disait qu’elle jouait au foot, on se moquait d’elle ou on lui interdisait », nous explique-t-elle. Aujourd’hui, les toutes jeunes footballeuses, faute d’équipe pour leur âge, s’entraînent et évoluent avec les garçons. Elles arrivent ainsi avec une meilleure combativité et lecture du jeu dans les premières équipes féminines (16 ans). C’est ce qu’a pu remarquer David Fardeau, coach de l’équipe A, qui entame sa 5e saison. « Il y a une vraie progression dans le jeu et dans la mise en place de la défense. C’est notre vrai point fort. » Il insiste sur la grande motivation des joueuses qui pratiquent le football spontanément. « La victoire des garçons en 1998 à grandement contribué à attirer de nouvelles joueuses », indique David.

Si le football féminin a énormément progressé en dix ans, il souffre néanmoins d’un manque de popularité et de reconnaissance. « Très souvent, lorsque des hommes ou des femmes viennent voir des matchs féminins, ils sont très agréablement surpris du spectacle proposé » affirme la présidente. Cependant elle n’espère pas que le football féminin soit aussi médiatisé que chez les garçons. Elle se méfie des conséquences désastreuses de l’argent roi et de la sur-médiatisation. Marina, la capitaine est, à l’image de son équipe, une compétitrice de longue date. « Le principe, c’est d’avoir la gagne » nous avoue-t-elle. Pratiquant le football depuis vingt-six ans, elle a vu grandir son sport et s’en réjouit, « Le niveau global a évolué, il s’est amélioré ». Elle croit que dans l’avenir, le football féminin sera davantage retransmis à la télévision. Si ce sport manque de reconnaissance, c’est bien parce qu’il est très peu couvert médiatiquement. Il va de soi que les médias ont un rôle prépondérant car le football féminin est en plein essor. Mais, comme le conclu David Fardeau, cela passe par des résultats : « Notre sport progresse, les dernières performances des filles de l’Olympique lyonnais (ndlr : finalistes de la ligue des champions l’an passé) ou de l’équipe de France encourage la Fédération Française de Football à retransmettre de plus en plus de matchs. Mais la fédération ne peut pas diffuser des 8-0, cela ne serait pas crédible pour les amateurs de football. Les équipes doivent être homogènes. »

Ce dimanche, l’équipe A obtient un probant match nul 1-1 contre St Herblain, après être revenue au score. Deux terrains et un petit club house suffisent à l’épanouissement de ces joueuses. Au Verchers sur Layon, on fait dans la simplicité et on ne sait pas faire autrement. C’est peut-être ça le secret de la réussite.

Augustin Flepp ÉGALITÉ

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