Monde Des ONG alertent sur la baisse des aides pour l’éducation des filles en Afghanistan

Photo d'ouverture du rapport © Elissa Bogos

Elles étaient 5 000 en 2001. Les jeunes Afghanes scolarisées sont aujourd’hui 2,4 millions. Malgré cette augmentation spectaculaire, des ONG internationales et afghanes s’inquiètent des conditions de scolarité des filles, des obstacles qu’elles rencontrent, et de la baisse significative des aides en cours et à venir de la part des pays donateurs.

Un enjeu crucial pour un pays dont la moitié de la population est âgée de moins de 15 ans et où seulement 6% des femmes âgées de 25 ans ou plus ont reçu une éducation formelle et seulement 12% de celles âgées de 15 ans ou plus savent lire et écrire.

Un rapport (*) publié hier par Oxfam, Care et 14 ONG afghanes dresse un état des lieux de la scolarisation des filles et insiste sur le désinvestissement du gouvernement afghan en matière d’éducation et sur le fait que plusieurs pays donateurs se concentrent désormais davantage sur la stabilisation du pays et la contre-insurrection au lieu de promouvoir l’éducation des filles et d’autres moyens de développement sur le long terme.

D’ici à 2014, les pays de l’Otan auront retiré leurs troupes et les ONG s’alarment de la perspective d’une baisse de l’aide en Afghanistan après le départ des forces internationales.
Comme le souligne Abdul Waheed Hamidy, de l’ONG afghane Co-ordination for Humanitarian Assistance, qui a participé à l’étude : « Il est crucial que les pays donateurs maintiennent leur soutien pour le développement, en particulier l’éducation. Investir dans l’éducation est essentiel pour le futur de l’Afghanistan. Une femme éduquée est bien plus à même de défendre ses intérêts, d’élever une famille en bonne santé et de contribuer à l’économie. »

Les moyens ne sont pas à la hauteur des ambitions

D’après le rapport, si la réussite est désirée par les filles – 71,8% de celles en âge d’être scolarisées interrogées au cours de l’enquête veulent poursuivre leurs études – comme par leurs parents – 50,8% d’entre eux souhaitent que leur(s) fille(s) terminent l’université – la qualité de l’enseignement qui leur est dispensé et les taux de scolarisation des filles dans le secondaire et le supérieur ne sont pas à la hauteur de leurs désirs. Alors que 1,9 million de jeunes Afghanes sont inscrites à l’école primaire, les effectifs après cette période sont en chute libre : à peine plus de 400 000 filles dans le secondaire et tout juste 120 000 élèves au lycée. A l’âge de 18 ans, elles ne sont plus que 18% à être encore scolarisées, contre 42 % des garçons.

Le manque d’enseignantes et leur formation insuffisante, des infrastructures défaillantes (47 % des écoles afghanes n’ont pas de bâtiment en dur) empêchent un enseignement de qualité pour les filles ; la pauvreté (41%), les mariages précoces et/ou forcés (39,4 %), et l’insécurité due aux conflits (34,4 %) sont cités comme les trois obstacles les plus importants à la scolarisation des jeunes afghanes.

Les 16 ONG à l’origine du rapport soumettent orientations et recommandations au gouvernement afghan, aux pays donateurs, à l’ONU et aux ONG pour améliorer l’accès des filles à une formation de qualité et que ne soient pas réduits à néant les résultats du programme Back to school (Retour à l’école), lancé en 2002 après la chute des talibans. Alors que l’éducation devenait une priorité absolue pour le gouvernement afghan et les donateurs, ce programme a pratiquement multiplié par sept les inscriptions à l’école des garçons et des filles, expliquant en partie les difficultés du gouvernement à satisfaire ses ambitions. Or, toujours selon les ONG, « les efforts visant à améliorer l’éducation en Afghanistan débutés en 2006 ont commencé à ralentir et près de cinq ans plus tard ces efforts sont presque à bout de souffle ».

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Catherine Capdeville – EGALITE

(*) L’étude a été menée par Oxfam, Care et 14 ONG afghanes : Afghan Civil Society Forum (ACSF), Afghan Development Association (ADA), Afghan Peace and Democracy Act (APDA), Afghan Women’s Network (AWN), Afghan Women Services and Education Organization (AWSE), All Afghan Women’s Union (AAWU), Cooperation Centre for Afghanistan (CCA), Coordination of Afghan Relief (CoAR), Coordination of Humanitarian Assistance (CHA), Education Training Center for Poor Women and Girls of Afghanistan (ECW), Legal and Cultural Services for Afghan Women and Children (LCSAWC), Sanayee Development Organization (SDO), Shuhada et Swedish Committee for Afghanistan (SCA).
Au total, 630 parents, 332 enseignants, 687 jeunes femmes et 105 membres des communautés ont été interrogés entre mai et juillet 2010 dans 17 provinces afghanes : Badakhshan, Badghis, Balkh, Bamiyan, Daikundi, Ghazni, Herat, Kabul, Kandahar, Khost, Kunar, Kunduz, Nangarhar, Pansjir, Parwan, Samangan et Takhar.

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